La problématique de la gestion des Licences et Masters dans les Institutions d’enseignement supérieur (IES) publiques était au centre des discussions lors d’un important atelier de 3 jours à la Cité Universitaire de Kabala. Il était organisé par le ministère de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique.
L’avènement du système LMD (Licence-Master-Doctorant) dans le système éducatif malien, conformément aux directives de l’Uemoa, a fait émerger deux types de diplômes dans le marché de l’emploi dont la gestion devient de plus en plus un casse-tête pour les gouvernants.
Le basculement vers le système LMD avait pour but de répondre de façon plus efficace et cohérente aux attentes des systèmes éducatifs internationaux de l’enseignement supérieur en tenant compte des dynamiques et réalités traversant l’ensemble des pays. C’est ainsi que son application a commencé au Mali en 2006 avec la Faculté des sciences et techniques (FST) de l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (Usttb) et le processus fut bouclé avec l’implication de toutes les autres structures d’Enseignement supérieur en 2015.
L’arrivée du système LMD a mis fin ou sur le point de mettre fin aux cycles classiques dont le Diplôme d’études universitaires générales (Deug), la Maitrise, le cycle ingénieur, Duts (Diplôme universitaire de technicien supérieur) ou encore le Diplôme d’études approfondies (DEA) au profit des Licences et Masters.
Si les universités et grandes écoles ont pu intégrer le système LMD dans leurs cursus, le monde du travail et surtout l’administration publique malienne ne semble pas être à la page de cette réforme car c’est toujours les diplômes classiques qui sont toujours réclamés dans le milieu du travail. Par exemple, la fonction publique malienne n’est pas ouverte aux détenteurs des Licences. C’est cette situation qui a donné naissance à la création de collectifs de diplômés sans emploi pour protester contre cette exclusion dans les concours de la Fonction publique. Et c’est le ministère de l’Enseignement supérieur qui est régulièrement interpellé sur ce problème.
C’est dans le but d’étudier tous les contours de cette problématique de gestion des Licences et Masters que le département a organisé cet atelier avec les acteurs concernés.
Durant l’atelier, les participants ont discuté sur la problématique de l’organisation des Licences et des Masters dans les IES à travers trois brillantes communications orales en plénière. Des communications qui ont permis de donner une vision globale du sous-secteur de l’enseignement supérieur du Mali avec les contraintes quant à son développement. Ces contraintes sont liées, entre autres, aux les effectifs des étudiants, le nombre et la qualité des enseignants, les infrastructures d’accueil, les sources de financement et l’employabilité des diplômés.
La rencontre fut également l’occasion de débattre sur les défis auxquels les Licences et les Masters sont confrontés. Il s’agit de la concurrence entre les facultés et les instituts dans la création des Licences et des Masters, la difficulté d’accès au(x) service(s) employeur(s) pour les stages, la difficulté d’accès au concours de la fonction publique pour certaines catégories dont les Licenciés, la nécessité de capitaliser en mettant en commun certains instituts de formation, l’inexistence de laboratoires mutualisés de très haut niveau avec équipements modernes couvrant des domaines scientifiques divers pour les institutions du Mali et de la sous-région, le manque de suivi de la politique de formation, l’absence d’une politique claire de prise en charge des étudiants en Master, la diversité du montant des frais d’inscription et de formation dans les IES, la nécessité d’amoindrir l’apparence privée que prennent les formations en Master à travers une meilleure organisation du master dans les universités publiques, notamment par l’ancrage au sein de l’école doctorale des formations de Master ayant une finalité d’entrée en formation doctorale, la nécessité d’impliquer l’Etat dans le financement des Masters ramené au standard de la zone Uemoa, l’absence de mécanisme prévu pour assurer l’insertion professionnelle des détenteurs de Masters ou la poursuite des études.
« La prise en compte de tous ces défis participe de la refondation véritable du sous-secteur de l’Enseignement supérieur », a souligné Mme Diarra Haby Sanou, Secrétaire générale du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Selon elle, une réflexion sur les critères d’accès et le fonctionnement des Masters (dispositif en place, cadre règlementaire et le financement des Masters (frais d’inscription, frais pédagogiques, payement des enseignants), la contribution de l’Etat dans la prise en charge des Masters ont été sérieusement débattus aussi lors des travaux en commission.
« Des débats fructueux, mais non passionnés ont eu lieu en vue de formuler des recommandations pertinentes, dont la mise en œuvre sera diligentée par le département », a rassuré Mme Diarra Haby Sanou, avant de promettre que les différentes recommandations issues de cet atelier seront traduites en actions concrètes et priorisées dans la nouvelle politique de l’Enseignement supérieur que son département soumettra au gouvernement dans un proche avenir.
M.Dolo
Source : Tjikan