Les choses semblent s’accélérer dans le dossier de la mutinerie du 30 septembre 2013 et cela depuis que le juge d’instruction, Yaya Karembé, a bouclé la semaine dernière l’enquête sur l’affaire des 21 bérets rouges disparus à travers la requalification des charges contre le chef de l’ex-junte putschiste le général Amadou Haya Sanogo inculpé pour « complicité d’assassinat ». Les auditions des militaires ont débuté par celle du capitaine Adama Kéïta, officier subalterne proche de l’ex-CNRDRE et du soldat de première classe Kalilou Diakité. Ces auditions concerneront une quarantaine de militaires maliens tous proches ou sympathisants des auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012.
Ils sont suspectés d’enlèvements, de séquestrations, de coups et blessures volontaires et d’assassinats. Ajoutons que parmi ces militaires attendus chez le juge d’instruction certains sont de simples victimes ou proches de victimes. C’est pour faire la lumière sur les exécutions extrajudiciaires et les disparitions qui ont eu lieu au cours de cette mutinerie dirigée contre le général Amadou Haya Sanogo que le juge en charge du dossier a adressé le vendredi 14 mars une correspondance au ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga pour une mise à sa disposition de près d’une cinquantaine de militaires.
Notons que depuis l’ouverture des auditions aucun militaire n’a encore été inculpé. Pour cause, en matière d’instruction, c’est surtout à cette phase des auditions et témoignages (généralement à charge) que le juge réunit le maximum de preuves, prend connaissance des prétentions et arguments des parents ou proches des victimes avant toute traduction des mis en cause et procéder à des inculpations à l’issue desquelles des mandats de dépôt sont délivrés.
Rappelons qu’au cours de la mutinerie du 30 septembre 2013, plusieurs soldats ont été tués, d’autres ont mystérieusement disparu avant que les corps de certains d’entre eux ne soient découverts en divers endroits de Kati et sur la route de Ségou.
Entre trente et quarante mutins, des hommes de rang, des caporaux, des sergents et adjudants, avaient même été chassés entre décembre 2013 et février 2014 de l’armée malienne suivant trois arrêtés du ministre de la Défense et des anciens combattants pour « indiscipline » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Abdoulaye DIARRA