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« Enlevée, séquestrée, violée » : au Mali, le fléau des violences faites aux femmes

Ce billet est arrivé 2e à la deuxième édition du Prix Boukary Konaté((✱). Bintou Coulibaly tire la sonnette d’alarme sur la situation des femmes victimes de viols ou d’agressions sexuelles.  

 

« Je suis originaire du centre du Mali (Mopti, Ségou, ndlr). Mon mari a été enlevé par un groupe armé. Et cinq jours après, j’ai également été enlevée par le même groupe armé avec mon enfant de 8 mois. » Ces propos sont de M.D., qui ajoute qu’étant séquestrée avec une dizaine de femmes, les yeux bandés dans une grotte, pendant cinq jours, elle a été victime de « viols collectifs répétitif s».

Depuis que l’épicentre de la violence s’est étendu du nord vers le centre du pays, ce qui est arrivé à M.D est en passe de devenir le lot quotidien de plusieurs femmes et jeunes filles. « Dans la nuit du sixième jour, j’ai pu m’échapper avec mon enfant. J’ai été ramenée dans ma belle-famille par un villageois. Et, par crainte de représailles, elle m’a envoyé à Mopti », poursuit-elle.

Bouée de sauvetage

Malheureusement, durant sa séquestration, M.D. a contracté une grossesse suite au viol collectif. A Mopti, enceinte, avec un enfant de huit mois sous le bras et sans ressources, elle va vivre un calvaire indescriptible. « Mon arrivée à Mopti fut une joie de courte durée. Sans moyens financiers, je me suis vite rendue compte que j’allais y vivre les pires moments de ma vie », se souvient-elle aujourd’hui, avec beaucoup d’amertume.

Mais, trois jours après son accouchement, une petite lueur d’espoir va intervenir dans sa vie. Elle a été accueillie par l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF) de Mopti, qui l’a transférée vers le Centre d’accueil et d’hébergement de l’APDF à Bamako. Dans ce centre, avec ses deux enfants, elle a bénéficié d’une prise en charge psychosociale et médicale. Si elle affirme qu’aujourd’hui qu’elle commence à se remettre petit à petit du traumatisme de cette séquestration suivie de viol collectif, elle continue à faire des cauchemars.

Loi sur les violences basées sur le genre

Pour tirer les nombreuses femmes comme M.D. de l’abîme dans lequel elles ont été plongées, des Associations (AMDH, WILDAF, APDF, AJR, Cris de cœur…) œuvrent au quotidien pour leur prise en charge psychosociale et médicale ainsi que la défense de leurs droits.

Mme Diawara Bintou Coulibaly, présidente de l’APDF, a indiqué que de 2017 à 2018, sa structure a  enregistré 298 cas de tous genres de violences faites aux femmes et aux filles : agressions sexuelles, violences psychologiques et émotionnelles.

A l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), le Président Me Moctar Mariko estime à 80  le nombre de femmes victimes dont les cas ont été documentés par sa structure. Il ajoute que des plaintes ont été déposées devant les juridictions compétentes. Mais, il dira que ce sont 100 femmes victimes de violences sexuelles qui ont été accompagnées par l’AMDH. Pour lui, les femmes et les filles victimes de violences sexuelles qui gardent le silence, dressent un tapis rouge pour l’impunité.

Il a invité les autorités maliennes à adopter un avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre et à le faire voter. « Pour y mettre fin, il faut qu’on comprenne que ce genre de violence existe même si des détracteurs font penser le contraire », a-t-il conclu.

Source : benbere 

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