La décolonisation et la migration sont depuis des années au centre de tous les débats. Mamou Daffé, directeur du centre culturel Korè de Ségou a dit lors de son intervention à la visioconférence Enarte 2020 de Mexico, qu’il est temps d’analyser autrement notre situation en allant vers le changement et la décolonisation mentale.
23“Avoir un regard passéiste rivé sur les questions de colonisation, de traite des nègres, (qui sont des réalités), ne rime à rien. La décolonisation est un processus d’émancipation de territoires coloniaux vis-à-vis des métropoles. C’est après la seconde guerre mondiale que le processus de décolonisation a commencé en Afrique et elle a conduit à l’indépendance des pays colonisés”, raconte Dr. Mamou Daffé.
Aujourd’hui, a-t-il expliqué, l’Onu offre un contexte favorable, de ce fait, rester sur ce disque signifie continuer à faire du tort à nos Etats. Pour lui, l’histoire de l’Afrique n’a pas commencé par la colonisation. Elle est multi séculaire, avec de grands empires, de grandes victoires, des initiatives comme le Kouroukan-Fouka, qui a été la première charte de l’empire mandingue. “Nous venons d’une civilisation assez complexe et avec des ressources énormes et notre héritage devrait aujourd’hui nous aider à participer à la constitution universelle en apportant nos ressources artistiques et culturelles”.
En tant qu’acteur culturel et leader, Dr. Mamou Daffé pense qu’il est de son devoir et responsabilité de prendre conscience et de travailler pour l’éveil des peuples, être désormais dans une dynamique nouvelle, un nouveau contrat social avec les autres continents, au rendez-vous des peuples. “Notre héritage, notre culture doivent être transmis à la nouvelle génération africaine. Cela va permettre de transmettre d’autres opportunités énormes”, a-t-il poursuivi.
Il faut aller vers un nouveau contrat social, développer le multilatéralisme et voir comment transformer nos matières premières chez nous. “Aujourd’hui la responsabilité est africaine car continuer à parler de colonisation ou de décolonisation ne nous amène pas loin. Il nous faut trouver un dénominateur commun”, conclut Mamou Daffé.
Aminata Agaly Yattara