Près de 60 ans après la signature historique du traité franco-allemand, la France s’apprête à sceller un pacte d’amitié et de coopération avec l’Italie, autre pays fondateur de l’Europe. Emmanuel Macron doit également rencontrer le pape François, lors de son déplacement en cours à Rome. Ce sera la deuxième audience du président français au Saint-Siège, après 2018.Avec notre envoyée spéciale à Rome, Valérie Gas
Après la Croatie, c’est à Rome qu’Emmanuel Macron est arrivé jeudi. Quelques semaines seulement après le G20, voilà donc le président français de retour dans la capitale italienne. La dernière fois, il y avait notamment rencontré Joe Biden. Cette fois-ci, le chef de l’Etat doit signer ce vendredi le traité du Quirinal, un accord franco-italien visant à renforcer la coopération entre les deux pays en termes de politique étrangère, de sécurité, de recherche ou encore d’économie.La visite du président à Rome doit montrer qu’entre la France et l’Italie, désormais tout va bien, et même plus : « Nous avons retrouvé une relation franco-italienne exceptionnelle », s’enthousiasme un conseiller du chef de l’État, qui insiste beaucoup sur la qualité de la relation personnelle entre Emmanuel Macron et Mario Draghi. Entre lui et le président du Conseil des ministres italien, « une relation de confiance et de respect mutuel » s’est installée.
La page de la brouille, quand Matteo Salvini, alors ministre de l’Intérieur, soutenait les Gilets jaunes, est donc tournée. Et la signature du traité du Quirinal arrive à point nommé pour relancer la coopération bilatérale. Au moment où la France va prendre la présidence de l’UE, et au moment aussi où l’Allemagne est en pleine transition politique avec le départ d’Angela Merkel de la chancellerie, à l’Élysée, on le reconnait, Emmanuel Macron veut s’appuyer « beaucoup » sur l’Italie « dans les mois à venir ».
La question migratoire au centre de la discussion avec le pape
Mais après l’Europe, aux côtés des actuels dirigeants italiens, il sera forcément question des migrants pendant sa rencontre avec François. Le dramatique naufrage au large des côtes françaises, qui a coûté la vie à 27 migrants tentant de rejoindre l’Angleterre, sera forcément au cœur des échanges entre Emmanuel Macron et le pape au Vatican.
Le souverain pontife a souvent exprimé sa préoccupation sur le sort des migrants, et cette « capacité d’indignation » du pape, Emmanuel Macron la juge « précieuse ». C’est ce qu’il a confié à des journalistes du Figaro et de La Croix dans l’avion, ce jeudi. Dans une campagne présidentielle où les questions migratoires sont au cœur des débats, Emmanuel Macron est à la recherche de solutions pour ne pas s’exposer aux attaques de ses adversaires de droite, en essayant de tenir sa ligne de fermeté et, en même temps, d’humanité.Le président français veut croire, semble-t-il, qu’il peut trouver un soutien de la part du souverain pontife. Emmanuel Macron a déclaré dans le même entretien que selon lui, « le pape est conscient que nos peuples sont percutés par la crise migratoire ».
François, toujours selon le chef de l’État français, a ainsi conscience que « si on n’y fait pas face, on donne du carburant aux nationalismes les plus durs ». Ceux-là même qu’Emmanuel Macron veut combattre en Europe et en France, lors de la campagne.
La France et l’Italie entretiennent d’étroites relations commerciales, malgré un déséquilibre de la balance en faveur de la péninsule. Paris, deuxième partenaire commercial de Rome, lui vend voitures, médicaments, produits de luxe et même de l’électricité… En retour, l’Italie, troisième partenaire commercial de l’Hexagone, y exporte voitures, machines ou encore chaussures.Les deux voisines ont aussi noué des alliances industrielles. Dernière fusion en date : celle de Peugeot Citroen et de Fiat. Stellantis vient s’ajouter à la liste qui comptait déjà ATR dans l’aviation, Thales Alenia Space ou encore EssilorLuxottica dans l’optique.Mais, les fiançailles ne se terminent pas toujours bien. Récemment, le projet de rachat des chantiers de l’Atlantique par Fincantieri a capoté du fait de résistances françaises…De quoi alimenter dans la péninsule un sentiment de déséquilibre au détriment des investisseurs italiens. En réalité, entre 2007 et 2020, les rachats d’entreprises françaises par des italiennes ont largement dépassé en valeur ceux de groupes italiens par des français.Paris et Rome partagent aussi des combats en terme de politique économique. La France et l’Italie ont été à la manœuvre au début de la pandémie pour assouplir les critères de déficit budgétaire et pour mutualiser la dette au niveau européen.
Source: RFI