Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, a présenté, le vendredi 30 juillet, son Plan d’action du gouvernement pour le temps imparti de la transition devant le Conseil national de transition (CNT). Ce document qui fera l’objet de débat aujourd’hui lundi propose quatre thérapies pour la résolution des défis auxquels le pays fait face.
Conformément à la constitution du 25 février 1992 et la charte de la transition, Choguel Kokalla MAIGA a respecté la traditionnelle présentation de plan d’action devant l’organe législatif.
Après avoir reconnu le combat du M5-RFP et l’action des militaires qui ont parachevé la lutte héroïque du peuple pour un nouveau départ après des années de gabegie, de corruption, de népotisme, pour le Premier ministre, le PAG traduit la vision du Chef de l’Etat pour redresser notre pays, asseoir les bases de la Refondation, prendre en charge les aspirations profondes du peuple au changement en vue de réaliser le développement économique, social et culturel.
Pour la concrétisation de cette vision, le Plan présenté par le chef du gouvernement est bâti autour de quatre (04) axes principaux retenus par le peuple malien lors des journées des assises nationales et consignés dans la Charte de la transition.
Ces quatre axes sont entre autres : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales et la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité.
Choguel Kokalla MAIGA a précisé que ce document politique s’articule autour de neuf (09) objectifs assortis d’un chronogramme détaillé dont la mise en œuvre est estimée à plus de 2050 milliards de FCFA.
« Il tient également compte des délais temporels de la Transition et est fondé sur trois piliers : le pilier sécuritaire, le pilier politique et le pilier social», a-t-il ajouté.
Ressemblant à un grand corps malade, le Mali éprouve quatre (4) besoins vitaux comme thérapies pour sa survie. Ainsi, il s’agit, selon lui, de trouver une réponse aux problèmes de la sécurité, de la justice, de la refondation et de l’apaisement qui ont été mis en mal par des années de mauvaise gouvernance.
Les thérapies du PAG
En effet, face aux enjeux de ces secteurs en vue d’amorcer un véritable renouveau, le Premier ministre propose des thérapies dans son Plan d’action.
Au plan sécuritaire, depuis une décennie, la situation est préoccupante sur une très grande partie du territoire national malgré la présence des forces étrangères dans notre pays. Selon le dernier rapport, le pays continue d’enregistrer des centaines d’attaques avec ses conséquences de morts parmi les civils et les militaires.
Face à cette problématique, le Premier ministre, dans son PAG, a réaffirmé que l’ambition de son gouvernement « c’est la quête impérieuse et l’aspiration profonde de notre peuple à la sécurité, à la paix, à la quiétude, au Vivre Ensemble, à la cohésion sociale ».
Le gouvernement propose de poursuivre et d’intensifier la lutte contre le terrorisme et l’insécurité. Pour ce faire, le PM s’engage à mettre tous les moyens matériels et humains nécessaires à la disposition des forces de Défense et de Sécurité, aux fins de leur permettre de s’acquitter de leurs missions régaliennes.
De même pour permettre à l’Accord pour la paix de jouer pleinement son rôle dans la stabilisation et la lutte contre l’insécurité, Choguel Kokalla MAIGA a indiqué que le Gouvernement poursuivra sa mise en œuvre intelligente et procédera à une relecture consensuelle. Dans cette optique, dit-il que l’accent sera mis sur l’appropriation collective de l’Accord et le renforcement de son caractère inclusif.
De même, le Premier ministre a déploré que l’exercice du pouvoir par les régimes successifs a cumulé des lacunes dans la gestion de l’Etat. Pour résoudre ces faits, il opte pour une une véritable refondation.
Dans le cadre de cette thérapie, informe-t-il que le Gouvernement a prévu plusieurs réformes politiques et institutionnelles comme attendues par le peuple. Parmi ces réformes, il est annoncé la révision de la Charte des partis politiques, la relecture du Code électoral, la révision de la constitution du 25 février 1992.
A cet effet, le Gouvernement va s’atteler à l’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR). Sans être une assise de plus, ce cadre de dialogue s’appuiera sur les résolutions et recommandations des différents foras tenus ces dernières années (Dialogue national Inclusif, Conférence d’Entente Nationale, Etats généraux, assises des différents secteurs).
Le Gouvernement, à travers ces assises, se donne l’ambition de poser les jalons d’un véritable nouveau départ pour le Mali, après des années de dysfonctionnement dans la gestion de l’Etat.
Pour le Premier ministre, aucune couche, aucun acteur ne sera mis à l’écart. Et toutes les voix seront prises en compte, a promis Choguel Kokalla MAIGA.
Outre ces problèmes, il est attendu l’organisation des élections générales transparentes, crédibles et inclusives devant conduire notre pays vers le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat contre l’ancien président Ibrahim Boubacar KEITA.
Pour l’organisation de ces élections, le Gouvernement entend mettre en place un Organe unique de gestion. Une demande persistante exprimée depuis des décennies par la classe politique et la Société Civile. Mais pour son opérationnalisation pendant cette transition, la classe politique est divisée.
Enfin, la quatrième thérapie consistera à instaurer la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, quatrième Axe du Plan d’Action du Gouvernement. Cette solution doit être urgemment mise en œuvre en vue de faire face à la grogne sociale avec les revendications en répétition des syndicats.
En effet, au cours de l’année 2020, le gouvernement a enregistré près de 100 préavis de grève. L’objectif de cette thérapie est de parvenir à l’apaisement dans le pays sur tous les plans notamment social et politique.
Pour plus de justice et d’équité, le Gouvernement initiera, dans les meilleurs délais, une Conférence sociale, en concertation avec les partenaires sociaux et les acteurs concernés.
« Cette Conférence sociale ne sera pas une recette de circonstance visant à soigner les symptômes du malaise généralisé que commit le front social dans notre pays depuis plusieurs décennies. Elle sera un exercice qui s’attaquera aux causes profondes de ces malaises par la recherche d’un nouveau contrat social entre l’Etat et tous les acteurs concernés », a défini le Premier ministre.
Il fonde l’espoir que la Conférence aboutirait à des compromis dynamiques nécessaires pour des solutions ambitieuses et durables et consoliderait les acquis sociaux des travailleurs et répondra à leur demande légitime de mieux-être tout en préservant les équilibres budgétaires de l’Etat.
Des audits des services publics
Au-delà des problèmes évoqués, le PAG prend aussi en compte la lutte implacable contre la corruption et l’impunité qui sont à la base de la déliquescence de l’État. A cet effet, le chef du gouvernement annonce des audits très prochainement sur la cession des bâtiments publics.
Selon plusieurs rapports, par an, le Mali perd des centaines milliards de FCFA à cause de la corruption. Le hic : l’Etat initie peu d’action en vue de traduire les auteurs et leurs complices devant la justice. Le Premier ministre a rassuré cette situation allait changer.
De même, le chef du Gouvernement envisage de mettre en place une commission d’enquête sur l’occupation et les démolitions de la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou. Avant d’ajouter que des poursuites judiciaires concernant les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako seront également engagées.
En venant à la tête du gouvernement suite au coup de force contre Bah N’DAW et Moctar OUANE, Choguel MAIGA a promis une rupture dans la gouvernance de l’Etat. Cela, explique-t-il, sera traduit par une réduction drastique du train de vie de l’Etat, afin de dégager des espaces budgétaires pour améliorer les conditions de vie des populations et assurer une répartition équitable des richesses nationales.
Déjà, le ton de cette réduction du train de vie de l’Etat a été donné par le président de la transition qui renonce à une partie de son fonds de souveraineté.
« Deux tiers (2/3) des fonds de souveraineté, comme précédemment annoncé par le Président de la Transition seront réaffectés vers les services sociaux de base », a rappelé Choguel Kokalla MAIGA, tout en soulignant que son gouvernement dégagera près de 100 milliards de FCFA qui seront réalloués aux secteurs prioritaires.
Après la présentation de son Plan d’action du Gouvernement, le Premier ministre est attendu aujourd’hui lundi au CNT. Au menu, les membres du CNT engageront les débats sur le document dont la mise en œuvre est évaluée à plus 2050 milliards de FCFA.
Par Sikou BAH
Source : Info-Matin