L’embargo imposé au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA depuis le 9 janvier 2022 a touché de plein fouet plusieurs pans de l’économie du pays. Particulièrement concerné, le secteur des BTP souffre d’un ralentissement de ses activités. Des activités timides et beaucoup d’abandons de projets consécutifs à une flambée des prix sans précédent, notamment ceux de l’acier et du ciment. Et la difficulté aussi d’accéder à des matériaux de finition comme les carreaux et les vitres, par exemple, complique la situation des acteurs, qui s’adaptent en attendant des jours meilleurs.
Concernant l’acier, c’est une augmentation de plus de 20% qu’il faut noter. Pour le ciment, compte tenu de la diminution de la quantité produite, il « est devenu rare et son coût fait l’objet de beaucoup de spéculations », explique Jonathan Konaté, architecte au Cabinet ATARU.
Le prix du ciment est inaccessible, étant passé de 95 000 à 125 000, voire 130 000, francs CFA. Quand au béton, le m3 est passé de 160 000 à presque 200 000 francs CFA. Toutes choses qui « peuvent décourager beaucoup de projets immobiliers », ajoute M. Konaté. Les prix des bâtiments ont pris l’ascenseur. Par exemple, ceux qui coûtaient 40 millions de francs CFA reviennent désormais à 60 voire 70 millions.
Les conséquences sont qu’avec ces « hausses les gens ne parlent même plus de projets », se plaint l’architecte. Si ses confrères pouvaient se projeter en faisant des plans, l’occasion ne se présente plus, sans « engouement à se lancer dans la construction ».
Alternatives
Pour pallier ces difficultés, il faut « songer à adopter des matériaux de construction plus accessibles et plus durables », suggère-t-il. Mais pour ce faire, il faut des campagnes de sensibilisation des consommateurs afin de faire appel à de nouvelles solutions. L’architecte ne doit donc pas se limiter à une approche exclusivement tournée vers le béton et bien expliquer que cela est possible.
La construction de forages est une activité importante et saisonnière et un pan essentiel des BTP. Elle se passe généralement durant la saison sèche, où elle est plus facile à exécuter. Une période qui a malheureusement coïncidé avec l’entrée en vigueur de l’embargo, multipliant les coûts. Pour Khalil Traoré, Directeur général de MK Tuning, « un forage d’un million peut maintenant en coûter deux ».
« Les PVC 140 diamètre de 2,90m, qui coûtaient 21 000 francs CFA, valent maintenant 30 000 francs. Les panneaux solaires de 45 000 francs sont montés à 65 000 pour les anciens modèles, les nouveaux coûtant de 75 000 à 80 000 francs CFA. Quand aux fils et câbles, ils ont tous augmenté de 10 000 à 20 000 francs. Certains matériels ont même augmenté de 100 000 francs d’un coup. Au lieu de 5 à 6 forages par semaine, il n’y en a plus que 1 à 2 par mois. Pour continuer à avoir des clients, l’entreprise a dû réduire ses marges et bénéficié d’une commande dans la sous-région ». La plupart des travailleurs étant saisonniers et grâce à l’anticipation suite à la pandémie de Covid-19, elle a pu résister environ 2 mois. Mais cette situation, dont les acteurs attendent vivement la fin, a déjà créé « le chaos ».
Fatoumata Maguiraga
Source : Journal du Mali