Les mauvaises performances aux élections régionales en France des partis du président Emmanuel Macron et de l’extrême droite menée par Marine Le Pen, interrogent. Quel sera le scénario au deuxième tour de la présidentielle de 2022 ?
avec Anne Soetemondt et Valérie Gas du service politique
Officiellement, Emmanuel Macron s’est tenu éloigné des régionales. Mais dans la pratique, le chef de l’État a été à la manœuvre pour prendre les principales décisions de la campagne. Et cela n’a pas vraiment fonctionné.
Le président français avait dit avant le premier tour qu’il ne tirerait pas d’enseignements nationaux des régionales. Au vu des résultats, très mauvais pour la majorité, il paraît difficile de tourner la page comme si de rien n’était. D’autant que certains élus En Marche remettent déjà en cause les choix qui ont été faits.
Des choix contestés
Dans les Hauts-de-France où le chef de l’État a envoyé Eric Dupond-Moretti, la liste est éliminée dès le premier tour. Une député en est sûre « si Laurent Pietraszewski -la tête de la liste- était parti seul, il faisait les 10 % », nécessaires pour être au second tour.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’intervention de Thierry Solère, le conseiller politique d’Emmanuel Macron surnommé « Dédé l’embrouille » a été largement critiqué : « il a fait le négociateur avec Renaud Muselier avec les résultats qu’on connait », commente un ministre qui ajoute, « on aurait été gagnant-gagnant d’avoir deux listes au premier tour ».
L’absence de clarté pour le second tour ne fait pas l’unanimité non plus : « On nous a dit : on va voir région par région », regrette une parlementaire qui aurait souhaité une consigne de barrage systématique au RN et qui s’inquiète pour la suite « soit on se remet en question, soit on court un vrai risque pour la présidentielle ».
La contre-performance aussi du Rassemblement national
Donné en tête dans quasiment toutes les régions par les sondages et en mesure de l’emporter dans plusieurs d’entre elles, c’est finalement seulement en PACA que le parti a un espoir. Et encore, le retrait de la liste de gauche pour faire barrage à l’extrême-droite complique la situation pour le parti de Marine Le Pen. Faut-il y voir un avertissement pour Marine Le Pen à dix mois de la présidentielle ? Dans son camp, plusieurs s’inquiètent.
Le premier à avoir dégainé, c’est Robert Ménard, le maire de Béziers. Il fait le tour des plateaux depuis dimanche soir avec un message : si Marine Le Pen « veut avoir une chance de gagner dans un an, il faut tirer les leçons de ce qui vient de se passer ».
Un tour de France qui fait «pschitt»
Si l’entourage de la présidente du RN s’efforce d’expliquer la contre-performance du parti par l’abstention, un « effondrement démocratique » général, ils sont plusieurs en off à y voir des motifs d’inquiétude pour 2022. « Manque d’implantation locale » du parti, « bassin électoral limité au vote populaire », « mais c’est beaucoup plus profond », analyse une tête de liste qui parle de cadres intermédiaires et de petits élus « douchés » par les résultats. « On a la sensation que les sondages qui nous donnaient très haut au premier tour sont les mêmes que ceux qui donnent Marine très haut au premier tour en 2022 ».
Ce premier tour des régionales : un échec, un avertissement pour Marine Le Pen ? La candidate à la présidentielle a en tout cas fait «pschitt» avec son tour de France des régions destiné à mobiliser l’électorat RN. Marine Le Pen n’a, a priori, pas été sollicitée dans l’entre-deux-tours par les candidats pour venir les soutenir.
Source: RFI