Les élections législatives prévues en novembre-décembre viennent d’être à nouveau reportées. En effet, la Cour constitutionnelle, à la demande de l’Assemblée nationale, vient d’émettre un avis favorable au report des élections législatives. Cet avis, publié dans le journal officiel du 12 octobre, évoque « des raisons de force majeure » sans donner plus de détails. Cet avis ouvre la voie au report du scrutin, qui doit maintenant être sanctionné par le vote d’une loi à l’Assemblée nationale. Mais le report des législatives ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique.
C’est désormais presque une certitude, les élections législatives ne se tiendront pas en novembre prochain. La Cour constitutionnelle, saisie par l’Assemblée nationale, a donné un avis favorable à la demande de prorogation de six mois, du mandat des députés qui arrive à échéance en fin d’année. Il faudrait donc attendre juin 2019 pour la tenue de ce scrutin même si un nouveau report pourrait encore être envisagé si les conditions ne sont pas encore réunies à cette date.
La décision de report a été bien accueillie dans les rangs de l’opposition. Selon certains responsables de partis d’opposition, les conditions d’une élection de proximité crédible et transparente ne sont pas réunies. Ils estiment qu’il faut au préalable une concertation de toute la classe politique malienne sur le fichier électoral. Aussi, ajoutent-ils, la sécurité et la prise en compte des nouvelles circonscriptions électorales avant les élections sont également indispensables. Ainsi, La principale coalition de l’opposition, le FSD, devrait se prononcer ce jeudi 18 octobre au cours de la conférence de presse que ses leaders doivent animées.
Le gouvernement lui-même ne semble pas, de son côté, en mesure d’organiser un scrutin crédible. En effet, l’organisation des élections législatives arrive dans un contexte sécuritaire et social tendu. Plusieurs réformes sont en effet en cours notamment un redécoupage territorial (fortement contesté) avec la mise place de nouvelles régions, ainsi que l’adoption des lois permettant le vote et donc la représentation de la diaspora. Et pour ne pas arranger les choses, la grève des magistrats qui déjà fait repousser le scrutin du 28 octobre au 25 novembre, se poursuit toujours alors que l’administration judiciaire est un acteur central du processus électoral.
Contestation de certains partis
Malgré le contexte peu propice à l’organisation d’élection, certaines voix contestent le report.
Ainsi, dans une déclaration de presse, en date du 16 octobre, le parti Yelema de l’ancien premier ministre Moussa Mara., a exprimé «son opposition par principe au report de cette consultation ». Le parti justifie son refus par la première décision de la Cour constitutionnelle qui affirmait qu’il n’existe aucune possibilité constitutionnelle de reporter ces législatives et de proroger par voie de conséquence le mandat des députés. Bien qu’il reconnait la pertinence des arguments pour un report des législatives, la formation, qui a prévenu sur les risques d’une énième crise politique, a indiqué que « cette situation constitue un échec pour le gouvernement et conduit à un vide qui ne saurait être couvert par un quelconque acte juridique ou judiciaire ». Le parti de Mara n’est pas le seul à s’opposer au report des législatives. Aussi, la convergence pour le développement du Mali (CODEM) à travers un communiqué s’oppose catégoriquement à ce qu’il appelle une violation de la loi fondamentale de la République du Mali. La CODEM prône le respect des délais prévus constitutionnel pour l’organisation des élections législatives. Plusieurs autres formations, notamment de la majorité présidentielle, comme, l’Adéma/PASJ ou le Mouvement pour le Mali, sont réticents face à ce report.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube