A 76 ans, l’étrange destin entre l’ancien président par intérim de la Transition de 2012, Pr Dioncounda Traoré et le Mali n’a peut-être pas fini de livrer tous ses secrets.
Sorti de sa retraite dorée par la section de Nara qui a monté, à son insu (dit-on), sa candidature aux primaires de son parti (sur proposition d’un comité de base) avant de la présenter au Comité exécutif, il a été, finalement, retenu, le lundi 9 avril 2018, comme étant le seul candidat à remplir les critères de sélection du porte étendard des abeilles à la présidentielle de juillet 2018.
Et selon nos sources, il a gagné, haut la main, la bataille des cautions qui exige au moins le parrainage d’une section dans toutes régions. Et cela de la manière la plus plausible. En effet, toutes les sections de Koulikoro ont parrainé la candidature de l’ancien président de la République. A Mopti, 7 sections sur 8 lui ont donné leur caution ; et à Sikasso, il a atteint la barre de 5 ou 6 parrainages sur 7 sections de l’Adema. Mais, toujours est-il que le verdict de la Commission de dépouillement de l’Adema PASJ annonce des jours moins certains pour les partisans de sa candidature. Et pour cause, cette première étape de sélection du candidat du parti exige d’autres défis à relever qui ne sauraient, cette fois-ci, se faire que par le candidat retenu en personne : Professeur Dioncounda Traoré.
L’histoire entre le Mali et Dioncounda Traoré va-t-elle se prolonger au-delà de son bref séjour à Koulouba lors de la transition de 2012 ? Seul l’ancien président par intérim, lui-même, est capable de donner une partie de la réponse à ce stade de la procédure de désignation du candidat de son parti à la présidentielle de juillet 2018. Et il ne pourra plus se cacher derrière un silence quelconque. L’heure est de décider s’il veut être candidat ou non de l’Adema PASJ. Car, les partisans de sa candidature ont fini leur travail. Il est désormais le seul maître du destin des abeilles pour la présidentielle à venir. La Commission de dépouillement des primaires l’a déclaré vainqueur de cette première étape du processus, Dioncounda étant le seul postulant à remplir les critères de désignation du porte-étendard de l’Adema à la présidentielle de juillet prochain.
Victoire propre et sans équivoque
Suivant les textes qui régissent la procédure de désignation du candidat de l’Adema à l’élection présidentielle, peut être candidat aux primaires du parti : un (simple) militant du parti, un cadre du parti, un membre du Comité exécutif.
Ensuite, une candidature peut être initiée et présentée au Comité exécutif par le candidat lui-même ou par une section du parti. Ce qui veut dire que, même si la candidature de l’ancien président par intérim n’a pas été initiée par lui-même, elle n’en demeure pas valable. Selon nos sources, la candidature Dioncounda Traoré aux primaires du parti a été, d’abord, initiée par un Comité de l’Adema à Nara, qui l’a ensuite proposée à la section Adema de Nara qui l’a approuvée. C’est dire que la candidature de Dioncounda n’a pas été imposée par le sommet du parti. C’est une candidature de la base de l’Adema. Mais, sa demande de candidature formulée par la section de sa ville natale et adressée au Comité exécutif de l’Adema n’était pas suffisante pour être candidat du parti à la présidentielle de 2018. Comme tous les autres candidats aux primaires du parti, la candidature de l’ancien président par intérim devait satisfaire à des critères bien définis, comme obtenir le parrainage des 2/3 des sections du cercle, et le parrainage d’au moins une section dans chaque région du Mali pour rester dans la course. Car, les textes de l’Adema PASJ prévoit une élection entre les candidats aux primaires ayant rempli ces critères après le dépouillement. Pour la présidentielle de juillet 2018, le travail a été très facilité pour la commission mise en place par le Comité exécutif de l’Adema à cet effet. Pour la simple raison qu’après le dépouillement des dossiers de candidature aux primaires, seule celle de Dioncounda remplit les critères. Cette candidature a cartonné sur toute la ligne en ce qui concerne le parrainage comme indiqué dans les premières lignes de cet article. Plus étonnant est cependant le score de Dioncounda à Sikasso où l’enfant de Nara a eu 5 à 6 parrainages sur 7 sections. Mais, cela devient moins surprenant si nous révélons sur la base de nos sources que la candidature du maire de Sikasso, Kalfa Sanogo, n’a jamais été enregistrée au Comité exécutif de l’Adema.
Le dernier tournant
Les conclusions de la Commission de dépouillement des candidatures autorisent Dioncounda Traoré seul à poursuivre les autres étapes de la procédure de choix du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2018. En effet, l’article 85 du règlement intérieur de l’Adema PASJ exige la soumission du candidat retenu à l’issue du dépouillement à la séance plénière d’écoute devant les membres du Comité exécutif et à l’organisation d’un scrutin secret lors d’une réunion extraordinaire convoquée à cet effet. Si Dioncounda est admis à cet avant-dernier examen, le Comité exécutif convoque une Conférence nationale du parti aux fins d’entériner définitivement sa candidature.
C’est dire que le choix du seul candidat présidentiable des abeilles à l’issue des primaires n’est toujours pas définitif. Et le processus de choix du porte-étendard de l’Adema PASJ à la présidentielle de juillet 2018 se poursuit sereinement dans le strict respect des textes du parti. C’est aussi dire que l’avenir des abeilles pour la présidentielle de 2018 est, désormais, entre les seules mains de l’ancien président par intérim qui attend toujours un signe de renoncement du président sortant à un second mandat pour être plus à l’aise. Et si son rêve se réalise, la victoire lui ouvre grandement les portes en juillet 2018. Car, en plus d’être le candidat de la 3ème force politique du pays (l’Adema PASJ), un parti qui a aussi l’expérience de l’exercice du pouvoir (1992-2002), il bénéficiera, sans doute, du soutien des partis de la Convention de la Majorité présidentielle.
Conclusion : A la date d’aujourd’hui, Dioncounda Traoré est le candidat de l’Adema PASJ à l’élection présidentielle de 2018.
Youssouf Z KEITA
Source: Infos Soir