Dans la perspective de l’élection présidentielle du 29 juillet, le président sortant n’est visiblement pas serein. Et des sources crédibles assurent que le locataire du palais de Koulouba s’est déjà entretenu avec l’ancien président intérimaire, Pr Dioncounda Traoré pour le dissuader de se lancer dans la course pour le compte de l’ADEMA, dont il vient de bénéficier de l’onction. IBK compte aussi sur un renoncement de son ministre de l’Education, Housseini Amion Guindo de la CODEM.
Selon des sources généralement bien informées, IBK a peur de se faire humilier lors de la prochaine élection présidentielle en ne réalisant pas un bon score. Son bilan étant mitigé, le président sortant sait que si les électeurs doivent lui en tenir rigueur sur cet aspect, il peut sombrer. Cette appréhension est aussi consolidée par la bouderie que lui témoigne la puissance colonisatrice, la France d’un certain Emmanuel Macron, qui estime qu’il est « fatigué par la gestion de la crise». Jean Yves Ledrian et d’autres têtes fortes du gouvernement français ne voient plus en lui la solution du Mali. Sauf qu’elles ne voient pas facilement non plus son alternative…
En outre, le chef de l’Etat est convaincu que sa majorité présidentielle est plutôt flasque et a été secouée par plusieurs querelles intestines. En particulier, son parti, le RPM est quelque peu affaibli par des défections et des diverses crises de leadership. Il en conclu que son salut doit se reposer sur deux forces politiques majeures au sein de cette majorité soutenues par les autres partis mais surtout par un vaste mouvement associatif.
Selon des confidences de palais, IBK compte énormément sur l’ADEMA-PASJ pour pouvoir rempiler. C’est pourquoi, il ne cesse de confier que ce n’est pas le RPM qui l’avait faire élire en 2013. Histoire de sous-entendre que la participation de l’ADEMA-PASJ a été déterminante pour son ascension au palais présidentiel des hauteurs de Bamako. Il a donc, soulignent des sources sures, après la décision de ce parti de désigner un candidat à la présidentielle, mis les bouchées doubles pour infiltrer ses cadres et élus afin de torpiller le projet. Peine perdue ! Des responsables de son parti, le RPM ont été chargés de convaincre plusieurs membres influents du comité exécutif du parti de l’abeille. Cela n’a pas réussi, si ce n’est que les ministres ADEMA ont été sensibles à la démarche et ont décidé de jouer la carte IBK à la présidentielle 2018.
Le président du parti rouge et blanc, Pr Tiémoko Sangaré en difficulté à faire partager cette option de la carte IBK dira récemment ceci : « Si nous n’avons pas à trouver le candidat consensuel et rassembleur nous allons soutenir IBK ». Même discours chez les ministres Abdel Karim Konaté, le 1 er vice-président du parti. Idem chez le ministre Secrétaire politique Adama Tiémoko Diarra, chez le maire du district de Bamako, Adama Sangaré et d’autres cadres et élus.
Puisque au départ, Pr Dioncounda Traoré avait martelé à des confidents qu’il n’a plus aucune ambition présidentielle, IBK avait vu un boulevard pour ratisser dans l’électorat adémiste. Mal lui en a pris! Pr Dioncounda Traoré est capable de revirement ! Il n’avait pas envisagé un quelconque soutien financier ? Il semble qu’il vient d’en avoir avec de forte promesse. Le vieux mathématicien de 76 ans se rétracte et murmure à des fidèles : « Si le parti me met en mission, je ne me déroberai pas ». C’est alors la panique générale dans le camp des pro-IBK. Le député Yaya Sangaré invente et publie à répétition sur sa page Facebook ces propos qu’aurait tenu l’ancien président intérimaire : « Ma décision de ne pas être candidat est irrévocable ». Propos qu’aurait tenu Dioncounda dans ses derniers échanges avec un certain… IBK ou des proches au locataire du palais.
Or, il semble que le vieux briscard de Nara a fini par trancher ; se lancer dans la course. Même si certains observateurs estiment qu’il y aurait un deal entre lui et son cadet IBK pour qu’il se désiste au dernier moment… Simples supputations ou certitudes ? Les commentaires foisonnent.
Par ailleurs, des indiscrétions confient que le président de la CODEM, Housseini Amion Guindo dit Poulo est l’autre pion décisif sur lequel le président sortant compte pour maximiser ses chances de passer haut les mains dès le premier tour le 29 juillet prochain. Sauf que ce qui embête, c’est que l’actuel ministre de l’Education avait promis à de nombreux partisans qu’il sera candidat en 2018 et fera mieux la cinquième position qu’il avait occupée en 2013. Poulo ne veut pas paraître comme le chercheur de portefeuille qui tait ses ambitions légitimes de présidentiable pour soutenir un président sortant. Surtout, confie-t-il que celui-ci ne s’est pas encore déclaré candidat.
Selon nos sources, des démarches sont actuellement en cours pour convaincre le leader du parti de la quenouille à renoncer à sa candidature pour soutenir vigoureusement IBK en quête d’un second mandat et se faire rétribuer dans les gouvernements prochains par un portefeuille plus prestigieux (un département de souveraineté par exemple pourquoi pas la primature). Ce qui met Poulo sous d’intenses pressions, pris en étau entre les désidérata de la base de son parti et de hauts responsables du pouvoir IBK, dont le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. En attendant que ces pressions baissent, IBK et son premier entourage politique surfent sur un vaste mouvement associatif parrainé par le député Mamadou Diarrassouba et les responsables de la présidence comme l’ex-député Boubacar Touré et Ibrahim Traoré. En attendant aussi le temps presse et l’on se pose des questions sur la capacité à tenir ce scrutin décisif.
la rédaction