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Élection présidentielle 2018 : L’autre « guerre » est sur les réseaux sociaux

Le 29 juillet prochain, les Maliens se rendront aux urnes élire un nouveau président de la République. L’actuel président IBK, candidat à sa propre succession est dans la course. Au moment où l’opposition prône une alternance au sommet de l’Etat. Et même si toutes les conditions pour une élection normale ne sont pas réunies, le Mali est en train de réussir le pari d’organiser un scrutin apaisé, dans un contexte où les joutes électorales sont souvent sources de conflits sur le continent.

Mais une chose particulière va également marquer ce scrutin. Il s’agit du rôle important que les réseaux sociaux vont jouer. Facebook, Whats APP et Twitter…sont particulièrement utilisés durant cette période électorale. L’application de messagerie instantanée Viber également. Comment expliquer l’omniprésence de ces réseaux sociaux et leur impact dans la période électorale ? Quels usages en ont été faits les protagonistes du scrutin, qu’ils soient candidats, acteurs institutionnels ou société civile ?

Le règne de l’intoxication

La période électorale est particulièrement féconde en publications sur les réseaux sociaux. Dans le flot de posts et de tweets, circule malheureusement une abondance de rumeurs et d’informations erronées distillées ici et là. Stratégie de campagne pour certains, amateurisme pour d’autres, l’internaute malien voit en ce moment de toutes les couleurs.

Fabriquées entre les murs du siège de campagne d’un candidat, des messages, montages vidéos ou images falsifiés destinés à mettre en difficultés l’adversaire sont ensuite publiés çà et là. Première destination, les groupes les plus influents et populaires sur Facebook. Les mêmes messages sont repris sur Twitter puis sur WhatsApp. Il faut toucher le plus de personnes possibles. Les personnes qui se livrent à ce genre d’actions, assez vigilantes utilisent de faux comptes ou se cachent derrière le fameux « Lu pour vous » (qui est souvent une parade) pour livrer leur message.

Pour certains, cela était prévisible. Mais ce qui impressionne le plus, c’est la vitesse à laquelle ces petites intox concoctées ici et là dans les états-majors des candidats ou par un groupe de soutien à un candidat, inonde le web.

Parce que contrairement à ce qu’on peut penser, ce qui se passe sur Facebook et Twitter (et par extension sur WhatsApp) n’en reste pas à ces réseaux-là. À la lumière de l’observation de notre pratique des réseaux sociaux, au Mali, le circuit de diffusion de l’information peut être représenté schématiquement comme suit : généralement, l’information apparaît sur les réseaux sociaux (Facebook le plus souvent), transite via WhatsApp, puis se diffuse dans les discussions dans les foyers, dans les Grins. Par conséquent, elle a des impacts sur des personnes qui, a priori, n’ont pas accès à ces informations à l’origine.

Campagne ultra 2.0

Durant cette période électorale, l’on peut distinguer plusieurs types d’acteurs sur les réseaux sociaux, selon les interactions qu’ils entretenaient avec les utilisateurs. On peut d’une part distinguer la société civile et d’autre part les acteurs institutionnels. Au milieu de ces deux se trouvaient les candidats à la présidentielle, ces vrais acteurs de la campagne électorale.

Partis au nombre de 24 pour la présidentielle, les candidats à l’élection présidentielle n’ont pas lésiné sur les moyens pour assurer une présence en ligne. Plusieurs parmi eux ont un staff dédié aux réseaux sociaux. C’est ainsi que certains candidats, pourtant absents de ces plates-formes quelques mois auparavant, sont devenus très actifs. Housseini Amion Guindo, s’est ainsi retrouvé avec un compte certifié sur Facebook. De son côté Aliou Diallo a déployé une armada de jeunes acquis à sa cause à la fois sur Facebook et Twitter. Ils ont envahi la toile avec des contenus favorables au candidat.

« Il semble qu’il y a un certain électorat à conquérir sur ces réseauxÊtre absent sur ces plateformes c’est un peu comme laisser une zone non conquise. [Les candidats] y mettent donc les moyens à travers des pages sponsorisées, à travers des jeunes qui sont payés pour relayer de l’information sur les réseaux sociaux pour les différents candidats », avais-je expliqué à BBC, qui m’avait interrogé à l’époque.

De toutes les manières, tous les candidats qui ont une présence sur les réseaux ont utilisé leur profil pour communiquer autour de leurs activités de campagne et vulgariser leur projet de société.

L’administration entre amateurisme et retard

Si les réseaux sociaux ont particulièrement marqué cette élection présidentielle du côté des candidats et de la société civile, les acteurs institutionnels sont les seuls à ne pas en avoir fait une utilisation optimale.

Très peu étaient sur les réseaux sociaux. La Cour constitutionnelle n’a aucune présence sur Facebook, encore moins sur Twitter. Il en est de même pour la Haute autorité de la communication. Ces deux institutions sont pourtant des piliers du processus électoral. Même la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec l’appui technique de l’Union Européenne, a du mal à assurer sa présence remarquable sur Facebook et Twitter.

Conséquence : les informations officielles en provenance de ses institutions se font rares et non disponibles et accessibles en temps réel aux citoyens connectés mais aussi aux médias, aux observateurs étrangers, etc. De ce fait, dame rumeurs ou les intoxications relatives vont circuler au cours du scrutin, et cela est très dommage pour nos institutions au 21ème siècle.

 

 

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