C’est devant un florilège de délégués, 1204 au total, venus des sections de l’intérieur et de la diaspora, que Gouagnon Coulibaly a été plébiscité, par acclamation, le 16 janvier dernier, président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Ce fut un sursaut, un ouf de soulagement et une victoire pour les militants désormais libérés du joug de l’oppression. Un honneur pour la mémoire de Soumi.
En effet, tombé dans l’immobilisme, suite au décès de son président historique et charismatique, en l’occurrence, Soumaïla Cissé, le parti multipliait les incartades politiques. Cette élection est une marque de confiance en ce père fondateur de l’URD et rassembleur hors pair.
Son élection est conforme aux textes et obéit à l’article 58 des statuts qui stipule que le quorum des 2/3 doit être atteint en la matière. On comprend alors aisément que lesdites assises se soient tenues dans la régularité, légalement et légitimement.
Né le 15 août 1962 à Kolokani, le nouvel arrivant n’est pas un inconnu du microcosme politique malien, auréolé d’un titre de député dans la circonscription administrative de Kati. Durant son séjour à l’hémicycle, il a beaucoup travaillé au sein de plusieurs commissions. Il est actuellement directeur général de SITAC-SA, une entreprise de BTP, catégorie A. Son cursus scolaire est honorable puisqu’il est ingénieur de construction civile, administrateur en gestion d’entreprise et dispose d’un Master of business. Donc le Grand Gouagnon Coulibaly arrive !
Le président sortant et son clan ont tout perdu : le procès intenté contre l’URD, la tête du parti, les militants… C’est le Collectif pour la sauvegarde de l’URD qui sort grandi de cette bataille antagonique. Aussitôt après son accession à la tête du parti, il a tenu à apaiser les cœurs et les esprits par sa politique de main tendue. Il a ainsi mis en place une commission de conciliation pour l’unité du parti. On peut dire que cette élection signe le retour de l’URD sur la scène politique malienne. Soumi peut désormais dormir tranquille dans sa tombe.
Que peut faire Gouagnon de sa victoire ?
Après son élection, Gouagnon s’est aussitôt rendu chez la femme de feu-Soumi à son domicile. Drapeau du parti en mains, il a révélé à cette veuve son nouveau statut. Celle-ci n’a pas manqué de lui faire des bénédictions pour l’intérêt et le bonheur de l’URD. Elle sait que Gouagnon incarne les valeurs cardinales du parti pour avoir côtoyé étroitement son défunt mari de longue date et été son directeur de campagne. Dès lors, elle aura compris que le clan Salikou joue au dilatoire et au mauvais perdant et qu’il serait inopérant de tirer sur le corbillard. À 78 ans, le natif de Nangola (cercle de Koulikoro) a sa carrière derrière lui.
Né pour être leader, la nouvelle locomotive de l’URD s’attellera à être proactif en redynamisant le parti, en donnant à la jeunesse la place qui est la sienne dans l’URD. Il entend aussi faire des femmes la cheville ouvrière en leur attribuant une nouvelle orientation. Il veut mettre fin à la stigmatisation, à l’apartheid au sein du parti afin que l’URD rassemble, unit, tolère et accepte le premier venu. Au contraire d’un président sortant amorphe, sans imagination, en rupture avec les réalités, qui divise et qui alimente la haine entre les cadres et militants. L’URD n’a jamais été aussi basse que sous le règne du vieillard Salikou Sanogo. Son bilan est un cumulé d’échecs.
Revenons au cas Gouagnon Coulibaly l’enfant prodige, le nouvel espoir du peuple URD. Son seul objectif est de fédérer les forces, d’apaiser et de mettre le parti au travail. Pour cela, il veut mobiliser la famille URD pour que le parti puisse avoir son rayonnement d’antan. Chacun doit faire le sacrifice de soi, aller au charbon à la reconquête de l’électorat car la mort de Soumaila Cissé doit être plus un facteur de réunification que de division. En attendant un autre congrès prévu d’ici deux ans, Gouagnon, nouvelle version, veut enfin GAGNER l’élection présidentielle pour honorer la mémoire du digne fils et du combattant inlassable qu’était Soumaila Cissé.
ISSIAKA SIDIBÉ
Source : Le Matinal