Pendant les périodes de vacances au Mali, les enseignants du secteur privé font face à des difficultés financières considérables, exacerbant une situation déjà précaire tout au long de l’année. Pour beaucoup d’entre eux, l’absence de salaire pendant les vacances devient un fardeau insoutenable, particulièrement pour ceux qui sont chefs de famille.
Enseigner au Mali est déjà un défi en soi, mais pour les enseignants du secteur privé, la réalité est souvent encore plus difficile. Ils ne bénéficient pas des mêmes avantages que leurs homologues du secteur public et doivent souvent compter sur les maigres revenus générés pendant les périodes scolaires pour subvenir aux besoins de leur famille. Les quelques cours privés disponibles pour arrondir les fins de mois sont devenus rares, plongeant de nombreux enseignants dans une période de vulnérabilité économique.
Mme Fatoumata Diarra est enseignante du privé « Chaque année, les vacances scolaires sont une épreuve pour nous. Je suis enseignante dans une école privée et je ne reçois pas de salaire pendant les vacances. C’est une période où je dois jongler avec les économies que j’ai mises de côté durant l’année scolaire. C’est très stressant, surtout quand mes enfants ont besoin de médicaments ou que des dépenses imprévues surviennent. J’espère vraiment que les choses vont changer et que nous serons mieux soutenus à l’avenir. » Même son de cloche chez Moussa Touré. Enseignant dans un lycée privé de la rive gauche, pour lui « enseigner au Mali est une vocation pour moi, mais cela ne signifie pas que c’est facile. Pendant les vacances, la situation devient particulièrement tendue. Les cours particuliers sont rares et les quelques opportunités que j’avais se sont réduites au fil des années. C’est difficile de voir ma famille s’inquiéter à cause des finances. Nous avons besoin de plus de soutien de la part des autorités pour que nous puissions continuer à faire notre travail avec dignité. ».
Pour Mme Diallo, professeur d’anglais dans un lycée privé » Les vacances sont un moment où je me retrouve souvent à chercher des petits boulots temporaires pour joindre les deux bouts. Cela ne devrait pas être ainsi. L’éducation est la clé du développement de notre pays, mais nous, enseignants du privé, nous sentons souvent oubliés et sous-estimés. Il est temps que nos voix soient entendues et que des solutions concrètes soient trouvées pour améliorer notre situation pendant les vacances. »
L’absence de revenu pendant les vacances signifie non seulement des difficultés à payer les factures courantes, mais aussi l’incapacité à faire face aux imprévus tels que les frais médicaux lorsque la santé des membres de la famille est en jeu. Cette précarité financière a un impact profond sur le moral et le bien-être des enseignants, qui se trouvent souvent confrontés à des choix difficiles au quotidien.
Malgré ces défis, certains promoteurs d’écoles privées méritent d’être salués pour leur engagement à continuer de payer leurs enseignants pendant les vacances. Cependant, ces initiatives sont encore trop rares et ne suffisent pas à résoudre le problème de manière systémique.
Il est grand temps que l’État se penche sérieusement sur cette question et envisage des solutions durables pour soutenir les enseignants du secteur privé. Reconnaître leur contribution essentielle à l’éducation et à la société dans son ensemble est crucial. Cela passe par la création de mécanismes de soutien financier pendant les vacances et par la mise en place de politiques qui garantissent des conditions de travail dignes tout au long de l’année.
La situation des enseignants du secteur privé pendant les vacances est un appel à l’action, rappelant que l’éducation, pilier du développement national, nécessite une attention urgente et une réponse adaptée de la part des autorités compétentes.
A.D
