La rétrocession du dernier camp de la MINUSMA aux autorités maliennes marque un tournant décisif dans l’histoire récente du Mali. Après plus de dix années de présence des Casques bleus, le pays prend définitivement en main sa souveraineté sécuritaire et politique, un signal fort de son ambition de gérer seul son destin face aux défis persistants.
Bamada.net-La MINUSMA, déployée en 2013 pour stabiliser un pays en proie à des insurrections jihadistes et indépendantistes, a été l’une des missions les plus complexes et périlleuses des Nations unies. Son bilan, pourtant, est controversé. Si elle a contribué à certaines avancées, notamment en matière de protection des civils et de documentation des violations des droits humains, elle a également été accusée d’inefficacité face aux attentes légitimes des populations maliennes. Les rapports critiques sur les abus commis par divers acteurs, y compris les forces nationales, ont alimenté des tensions croissantes avec les autorités de la transition. Ces désaccords, combinés aux nouvelles orientations géopolitiques du Mali, ont rendu son maintien intenable.
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Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a résumé le sentiment collectif en insistant sur la nécessité pour le Mali de “changer de paradigme”. Ce changement implique non seulement de renforcer les capacités nationales, mais aussi de mobiliser des partenariats qui respectent pleinement la souveraineté du pays. Le retrait de la MINUSMA a été mené dans un climat de coopération mesurée, un fait notable dans un contexte souvent marqué par des ruptures brutales.
Cependant, le départ de la MINUSMA laisse un vide significatif, à commencer par la sécurité dans un environnement où les menaces asymétriques demeurent préoccupantes. La question centrale reste donc : le Mali est-il prêt à assumer seul la charge immense de sa sécurité et de son développement ? La réponse réside dans la capacité des autorités de la transition à mobiliser des ressources locales et internationales pour relever les défis pressants.
Il est essentiel que cette transition ne soit pas perçue comme un repli, mais comme une opportunité de refonder les bases de la gouvernance et de la sécurité. L’héritage matériel de la MINUSMA, notamment les infrastructures modernes du camp de Bamako, doit être utilisé à bon escient pour répondre aux besoins urgents des populations.
Le départ des Casques bleus ne signifie pas la fin de la coopération entre le Mali et les Nations unies. Comme l’a souligné Atul Khare, secrétaire général adjoint de l’ONU, de nombreux programmes onusiens continueront d’opérer dans le pays. Cela montre qu’un partenariat, même redéfini, reste possible et nécessaire.
Cette étape charnière offre une leçon importante : aucune mission internationale, si bien intentionnée soit-elle, ne peut substituer durablement les efforts nationaux. Le Mali, en choisissant de reprendre pleinement les rênes, fait un pari courageux. Ce pari, cependant, ne portera ses fruits que si les autorités placent les aspirations des Maliens au cœur de leurs priorités.
L’avenir du Mali dépend désormais de sa capacité à transformer cet acte de souveraineté en un socle de stabilité et de développement durable. Le défi est immense, mais l’espoir est permis.
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MLS
Source: Bamada.net