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Editorial : L’Etat fragilisé

Il y a quelque cinq jours, un ami nigérien m’appelle à partir d’un numéro masqué. Il exerce des fonctions importantes dans les hautes sphères de l’Etat nigérien. Il a commencé par s’excuser avant de me dire l’objet de son appel. Il était peiné et à sa voix on sentait une grosse gêne qu’il ne parvenait pas à dissimuler. « Hé boy (c’est comme cela qu’il m’appelle) qu’est-ce qui vous arrive là-bas au Mali » osa-t-il sous forme d’entrée en matière. Sentant que je ne comprenais pas, il y alla franco : « Je rentre d’Alger et je n’ai jamais vu dans ma vie les représentants d’un Etat s’acharner à l’affaiblir autant que vos représentants aux pourparlers ». Avant même que je ne puisse placer un mot, la ligne se coupa et impossible de rentrer en contact avec mon ami, sans doute le réseau.

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C’est vrai que quand on fait le point de ces pourparlers et du déroulé, on se rend compte qu’il y a forcément quelque chose qui cloche. On a vu les Maliens se faire transporter par fournées entières à Alger (plus de 200 en septembre) au point où l’image renvoie à celle de l’Arche de Noé. Cela pourrait passer pour presque bénin au regard de l’abandon de notre souveraineté aux mains des Algériens. Ceux-ci mêmes l’ont déclaré, ils n’ont jamais vu semblable situation où un Etat s’abandonne dans ses bras. La preuve, c’est l’Algérie qui doit faire la synthèse des deux rounds pour la proposer aux parties autour de la table dont le Mali qui s’est placé sur le même pied d’égalité que les rebelles et leurs supplétifs.

 

Notre ami nigérien n’a pas tort. Il ne nous a pas dit que les autorités de Niamey ont presque brutalisé le FMI mais nous savons que cette institution voulait savoir comment l’avion présidentiel a été acheté et comment l’armée a été dotée en équipements (étrange et curieuse ressemblance). Contrairement à nous qui  nous sommes couchés devant le FMI, Niamey a joué la compréhension avant de lui asséner la vérité suivante : ce sont des dépenses de souveraineté et nous n’avons pas de compte à rendre à ce niveau. En attendant de voir comment vont évoluer les relations entre le Niger et le FMI, nous, nous en sommes à contempler les dégâts. Nous n’avons opposé aucune résistance au FMI pour protéger notre souveraineté et notre armée. L’avenir nous dira l’étendue des dégâts sur une armée en reconstruction et en guerre. L’Etat est aujourd’hui affaibli.

 

 

Akhimy Maïga

 

SOURCE: Nouvelle République  du   24 oct 2014.
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