Les faits sont têtus, dit-on. Interrogé par notre confrère Jeune Afrique dans son N° 2784, le président IBK soutenait mordicus que le contrat portant sur la livraison d’équipements militaires à l’armée malienne a été conclu dans les règles. Aujourd’hui, le constat est patent. Après l’audit du FMI, une surfacturation d’au moins 30 milliards de FCFA a été constatée dans des contrats entre des sociétés privées et l’Etat malien. Un contraste saisissant entre le discours de l’ «homme à poigne » de Koulouba et les faits. Et l’Etat malien a, déjà, entamé un grand ménage pour revenir dans les bonnes grâces du FMI.
Pour renouer avec le FMI, l’Etat malien annonce l’annulation de plusieurs contrats dans cette affaire et est en train de faire un grand ménage. Le directeur des finances du ministère de la Défense a été, ainsi, limogé. Et, selon des sources concordantes, la ministre des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko et beaucoup de cadres sont sur le point d’être relevé. L’Etat malien acculé n’a, apparemment, d’autres solutions que de nettoyer les écuries d’Augias. Des mesures sine qua non pour la reprise de la coopération entre le Mali et le FMI. Mais tel aurait-il été le cas si le FMI n’était pas passé dans nos murs ? Pas sûr. Car tout porte à croire que cette surfacturation s’apparente à un pillage en règle des ressources de l’Etat. Au Mali, en effet, voler les ressources publiques relève plutôt d’un acte de bravoure, la fraude et la corruption étant érigées en système de gouvernance.Piller les ressources publiques et narguer le peuple est chose courante chez nous. Combien sont-ils de ministres, de présidents d’institutions, de directeurs de sociétés d’Etat ou de simples agents dont les noms sont cités dans des rapports du Vegal ?Pourtant l’argent public a été mal géré et même dilapidé sans la moindre poursuite contre ces auteurs. Cette nouvelle surfacturation renvoie à celle de la qualité de la dépense publique dans un environnement fortement marqué par la corruption dans tous les rouages de l’Etat. Devant cet état de fait, difficile de rester de marbre lorsque l’on entend le président de la République décrétée l’année 2014 comme l’année de la lutte contre la corruption. En ces temps de marasme économique où des centaines de milliers de familles ont du mal à joindre les deux bouts au Mali, où les pauvres voire les « nouveaux pauvres », ceux-là mêmes qui on fait faillite suite à la crise, tirent le diable par la queue pour survivre. Cette situation anéantit les espoirs de tout un peuple. Paul Lafargue disait que notre époque est, dit-on, le siècle du travail, il est en effet, le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. Triste, très triste époque, donc, pour le Mali.
Madiassa Kaba Diakité