Les réalités de la corruption, des trafics d’influence et autres déprédations dans les milieux politiques, administratifs et fonctionnaires, sont un secret public au Mali : un sujet rarement débattu officiellement mais qui alimente copieusement radio trottoir et conversations privées. Il est temps de dénoncer un tel phénomène systémique qui s’est banalisé en se diffusant des hautes sphères de l’État aux agents de la vie ordinaire aux quatre coins du pays.
Combien sont-ils, ceux de nos frères ou celles de nos sœurs, qui vivent au seuil de la pauvreté ? La misère est bien à notre porte, quand des familles peinent à manger une fois par jour. C’est peut-être le moment, plus que jamais, d’attirer l’attention de nos gouvernants sur le possible risque d’oublier nombre de frères et sœurs, pendant que l’on s’entend à reconnaître que le pays a fait un bond prodigieux en matière d’économie. Les fruits de la croissance sont là, visibles, et il faudrait travailler à ce qu’ils parviennent à tous.
Oui ! Il y a suffisamment de ressources dans nos pays pour que nul, jamais, ne soit exposé à la famine. C’est le lieu aussi de procéder à l’arrêt de certaines pratiques qui n’honorent guère ces dignitaires de l’État. Est-il acceptable que certains hauts cadres de l’administration, déjà à l’abri du besoin, au lieu de céder les marchés aux entreprises déjà existantes, compétentes, légalement constituées et employeuses de tant de concitoyens, n’éprouvent point de honte à créer, eux-mêmes, leurs propres structures, qu’ils confient à leurs proches ? Ainsi, les marchés seront passés de gré à gré avec l’entreprise créée pour la circonstance.
Combien de personnes sont parfois exonérées de taxes dans nos États africains, alors qu’elles ont les moyens de payer ? Et l’on continue parfois de harceler les honnêtes citoyens, qui luttent pour se mettre à jour en matière fiscale.
Il faut avoir le courage de dénoncer toutes ces pratiques nauséabondes et prendre toute mesure pour y mettre fin, ou du moins espérer y mettre fin. Cela pourrait bien générer tant de ressources pour combler maintes poches de pauvreté.
C’est donc le moment, plus que jamais, d’instruire nos concitoyens sur le sens du bien commun.
Abbé Joachim S. Samaké
Source : La Mission