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Éditorial ; Et si pour une fois les USA faisaient l’économie d’une guerre de profits ?

Son Excellence Rachna Korhonen, ambassadeur des États-Unis d’Amérique accrédité auprès des autorités de notre pays, est au four et au moulin. Son activisme débordant, politique aux flancs de la démocratie, est trop visible pour passer inaperçu.

La trame de ses démarches n’est rien d’autre que la tenue au Mali des élections réclamées à cor et à cri par une pléthore de formations politiques dont les responsables sont eux-mêmes conscients que cette quête n’est pas la préoccupation des Maliens, qui sont plutôt soucieux de sécurité et de bien-être, tâche à laquelle sont attelées les autorités de la Transition. À voir les choses sous cet angle, la  diplomate américaine en chef au Mali n’est-elle pas en train de se substituer aux partis politiques maliens inefficaces pour harceler les autorités transitoires à droite, à gauche, en haut et en bas afin de leur extorquer l’organisation d’élections que le bon sens ne peut imposer ? S’adressant le 15 janvier dernier aux autorités coutumières et traditionnelles, aux représentants de la société civile et aux leaders religieux, le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a clairement dit que dans notre monde, que ce soit sur le plan bilatéral ou multilatéral, il n’existe pas de philanthropie désintéressée, chacun cherche ses intérêts et y veille. Cette vérité d’airain signifie tout simplement que la concurrence que se mènent les nations ne peut se passer de vertu chez les diplomates qui écument l’échiquier mondial. Cette vision est loin de celle d’un Henry Kissinger pour qui l’ambiguïté est la trame de la trame de la diplomatie. À la lumière de cette vision étriquée, on comprend- et c’est une leçon pour le présent- pourquoi, malgré la fin de la deuxième Guerre mondiale, les États-Unis tenaient à garder en France un gouvernement militaire sous la coupe de l’armée (Allied Military Governement of Occupied Territories, AMGOT) qui n’était rien de moins qu’un organisme créé conjointement par les U.S.A. et le Royaume-Uni dans le but d’administrer la France après la Libération. Ceci est la définition prosaïque. Cyniquement, il s’agissait de garder dans l’escarcelle yankee les bassins industriels et les réserves d’acier de la France. L’histoire a ses leçons.

Aujourd’hui, après s’être débarrassé de la tutelle morbide des partis politiques, le Mali a pu reconquérir Kidal, Ber, Ménaka et bien d’autres localités dont les sous-sols regorgent de potentiels à même de le hisser au rang des nations les plus prospères de la planète. Emmanuel Macron, le Président français, qui n’a plus que ses yeux pour pleurer la perte de ce Mali (et plus tard des deux autres pays de l’A.E.S.), a solennellement déclaré l’incapacité des politiciens à jouer sur le cours de l’histoire au Mali. C’était le 27 février 2023. Curieusement, l’ambassade américaine, volontairement ou sans s’en rendre, a choisi de fêter l’anniversaire du verdict macronien, en décalant, pour la première fois depuis 60 ans, la fête d’indépendance américaine du 04 juillet (248ème du nombre) au mois de février 2024 (le jeudi, 15 février). Et une semaine après, des experts américains sont venus au Mali pour “une importante séance de travail avec le Cadre d’échange des partis politiques et Regroupement de partis politiques”, pôle politique si inopérant qu’il squattait les abords du cimetière. Ce n’est pas tout. Son Excellence Rachna Korhonen met aussi en contact des militaires maliens et américains pour “échanges”. Il s’y ajoute que c’est l’Amérique, par le détour d’une ONG dite internationale, met en selle Kamissa Camara, ancienne secrétaire générale de la présidence du Mali et non moins ancienne ministre des Affaires étrangères sous IBK, sous prétexte de rechercher la prospérité pour ceux du Sahel.

Chat échaudé craint certes l’eau froide, mais nous sommes un peuple qui a décidé de reprendre l’initiative historique pour son compte. Cependant, force est de constater, qu’au-delà du sang abondamment versé partout, l’armée américaine a souvent repris à la France son rôle d’envahisseur, le cas du Vietnam est suffisamment dans les mémoires et sans doute pour l’éternité. Peut-on espérer ou devons-nous souhaiter que, concernant le Mali de l’après-18 août 2020, l’Amérique daignera faire l’économie d’une guerre de profits égoïstes ?

 

Amadou N’Fa Diallo

Le National

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