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Éditorial : Au tournant, la marche à reculons !

Ce samedi, 21 septembre, nous renvoie le communiqué n° 60 dit officiel du gouvernement délivré par le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation. Cette communication sonnait tout spéciale en raison du fait qu’il informait l’opinion publique nationale- et sans doute au-delà- du report des élections générales qui avaient été programmées, notamment l’élection présidentielle dont le premier tour avait été calé sur la date du dimanche, 04 février 2024 et le second tour prévu deux semaines après, le 18 février.

Le porte-parole du gouvernement avait assuré que le « léger report » décidé l’a été ainsi « Après un examen minutieux du chronogramme des réformes politiques et électorale et en considérant la détermination sans faille de Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’État, d’effectuer un retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, après avoir mené des réformes politiques institutionnelles prioritaires ». Conséquemment, « le Gouvernement de la Transition informe l’opinion qu’il décide d’organiser, exclusivement, l’élection présidentielle, pour sortir de la Transition. Les autres élections feront certainement l’objet d’un autre chronogramme qui sera établi par les nouvelles Autorités, sous les directives du nouveau Président de la République ». Démarche et assurance d’un temps qui va toujours avec la mise à jour de la vérité. Aulu-Gelle, magistrat et grammairien romain, auteur du monumental et très pédagogique ouvrage ‘’Les Nuits Attiques’’, disait justement que « La vérité est fille du temps ».  Inutile de s’attarder sur la conférence de presse organisée par l’AIGE ‘Autorité Indépendante de Gestion des Elections) deux semaines après la publication du communiqué n° 60 au cours de laquelle le Président de cette auguste institution, Me Moustapha Cissé, acteur suffisamment averti des questions électorales au Mali et ailleurs, avait intelligemment fixé les panneaux d’éclairage quant à l’avenir. Premièrement, il rappellera que « le calendrier électoral initial de la Transition a précédé la création de l’AIGE » qu’il « est important de préciser… qu’au « regard de la Loi électorale, l’AIGE n’a pas une compétence générale à intervenir formellement dans la fixation de la date des élections ». Deuxièmement, Me Cissé, en bon patriote certainement soucieux d’éviter les frondes dans notre pays visé au cœur par des hostilités multiples, déroule le tapis pédagogique : « L’AIGE retient en définitive que le léger report de l’élection du Président de la République doit être compris dans l’esprit d’une démarche commune avec le Gouvernement, les partis politiques et la société civile d’imprimer aux scrutins de fin de la Transition le label d’élections transparentes, crédibles, inclusives et apaisées pour bien de notre pays ».  Pour lire entre les lignes, il ne s’agissait pas, à proprement parler, de report de l’élection présidentielle, mais de « l’organiser exclusivement pour sortir de la Transition ». Comparaison n’est certainement pas toujours raison, mais l’on ne peut faire l’impasse sur ce qui réussit chez nos partenaires. Pour ne citer que le Burkina Faso, là-bas, on n’est pas passé par mille chemins et subterfuges. Le peuple souverain et les autorités ont décidé que la Transition durera cinq ans, soit 60 mois. Le nombre 60, nous semble-t-il, recouvre une dimension ésotérique sous nos tropiques. En 1923, le Gouverneur français reçut impoliment le Chérif Hamaoulla, c’était 60 ans avant la venue au monde d’un certain Assimi Goïta, nouvelle figure libératrice de l’Afrique et de tous les déshérités du monde. « Nous ne sommes pas une création coloniale », a dit le Doyen Seydou Badian. Nous ne sommes pas vraiment un peuple nouveau surgi comme une génération spontanée. Qui peut expliquer valablement comment les Dogons en sont arrivés à repérer le cycle de l’Etoile de Sirius pour fixer la séculaire institution de 60 ans que peu de gens ont la change de vivre deux fois (sauf moi), et cela avant l’avènement des télescopes géants des temps modernes ? Et puisque nous parlons encore la langue de Molière, de Sarkozy, Hollande et Macron, que l’on nous permette de citer  S’interrogeant le philosophe Jean-Jacques Rousseau dans sa définition de la patrie : « La patrie est l’endroit où aucun citoyen n’atteint une richesse telle qu’il puisse acheter un autre citoyen, ni ne tombe dans une pauvreté telle qu’il soit contraint de vendre son âme ou sa dignité…  La patrie, c’est le pain, le toit, le sentiment d’appartenance, la chaleur et la dignité… Ce n’est pas seulement la terre, mais la terre et le droit ensemble… Si la terre est avec eux, qu’il en soit de même pour le droit… La patrie est l’endroit où l’on est en bien ». Autant dire que nul ne doit être exclu de servir la patrie loyalement. Or, la pègre ragaillardie, rassurée, étant donné le retour en force des anciennes pratiques contre lesquelles le peuple s’est soulevé en 2020, revient au galop, en force et fait une alliance impie avec les relais de l’oligarchie qui avait pris le Peuple malien en otage durant des décennies et les opportunistes de tous acabits contre notre peuple. Il n’y a plus de doute sur cette affreuse marche à reculons.

 

Amadou N’Fa Diallo

Le National
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