Comme chaque année, le 8 mars, Journée Internationale de la Femme, est célébré à travers le monde, sous l’éclairage du double thème national et Onusien. Le choix du thème national se justifie par la nécessité de recentrer celui-ci sur une urgence ou une préoccupation des femmes du pays. Or, le thème retenu cette année au Mali souffre de pertinence, en cherchant à focaliser l’attention sur un sujet, aujourd’hui, difficilement perceptible par la femme. Une distorsion qui pourrait être imputable aux fortes dissensions régnant actuellement au sein de la CAFO, creuset de plusieurs associations de femmes du Mali.
« La Femme, médiatrice pour la reconstruction de la cohésion sociale dans l’espace du G5 Sahel », tel est le thème de la célébration du 08 mars de cette année 2018.Tradition remontant à 1857 lors d’une manifestation d’ouvrières américaines du textile, proposée pour la première fois en 1910 à la conférence internationale des femmes socialistes par Clara Zetkinet finalement établie en 1917 à l’occasion de la grève des ouvrières de Saint Petersburg, la célébration, le 8 mars, de la Journée Internationale de la Femme donne désormais l’occasion à toutes les femmes de s’unir pour une cause commune, la défense de leurs droits.
Dès ses premières heures, cette journée est donc ancrée dans les luttes ouvrières et les innombrables manifestions de femmes réclamant, entre autres, le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre hommes et femmes. Elle est aussi l’occasion de fêter les victoires et les acquis, de faire entendre leurs revendications afin d’améliorer les conditions des femmes. Vu sous cet angle, le thème de cette année ne manque pas d’intérêt, sa pertinence reste toutefois à prouver par rapport aux urgences qui s’imposent aux femmes du Mali.
Rappelons d’abord l’urgence d’attirer davantage l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les violences faites aux femmes qui ont atteint leur comble avec la mort de nombreuses femmes du fait de leur conjoint. Que leur âme repose en paix ! Ces illustres défuntes ne méritaient elles pas une attention particulière des femmes à l’occasion de cette journée internationale qui est également la leur ?
Ensuite, même si cette journée était placée sous l’évaluation de l’impact de la loi sur le genre pour les postes nominatifs et électifs, sans doute que les femmes et les hommes auraient pu saisir cette occasion pour tirer ensemble les leçons de l’expérience de la mise en œuvre d’une loi sans précèdent dans l’histoire de notre pays.
Enfin, n’aurait-il pas mieux valu adopter le thème fixé, cette année, par ONU-Femme, à savoir « l’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes » qui présente l’avantage de faire prendre en compte la mobilisation contre le harcèlement sexuel et la violence contre les femmes et transformer cette dynamique en action en vue de favoriser l’autonomisation des femmes, notamment des femmes rurales qui représentent plus d’un quart de la population mondiale.
Au regard de l’urgence et de la nécessité de traiter des questions qui concernent plus directement les femmes à l’occasion de cette journée qui leur est spécifiquement dédiée, nous avons pris la liberté de soulever le problème de la pertinence du thème « La femme médiatrice pour la reconstruction de la cohésion sociale dans l’espace du G5 Sahel ». L’espace G5 Sahel est une création politico-militaire engagée dans la sauvegarde des frontières respectives contre les terroristes et les bandits armés. En tant que tel, cet espace ne manque certainement pas d’intérêt mais il est davantage un espace de défense et de riposte qu’un lieu ou un symbole de médiation.
Ne pourrait-on pas, à l’avenir, procéder à une large consultation des nombreuses associations de femmes avant de fixer le thème de l’année ? Cela éviterait assurément de se retrouver autour de choix discutables et peu enclins à fédérer les ressources pour la promotion d’une cause qui, elle, ne souffre d’aucune ambigüité.
CAMARA Fatoumata Mah Thiam Koné
Source : L’Indépendant