Peu importe de rappeler qu’il n’est prophète chez lui,  qu’il a pas mal de cadavres dans son placard et qu’il est tout sauf le portrait craché du parfait démocrate. Du reste, à l’exception de rares vitrines de prospérité croissante et partagée,  les dirigeants africains sont sont logés à la même enseigne : parcs de 4×4 rutilants pour les artères de la capitale, rarement pour les sentiers sinueux du pays réel ; nomenklatura soignée et éduquée hors du pays ; fortunes sécurisées sur les rives off shore ; l’addiction pour les fastes c’est-à-dire la vanité du pouvoir. Car de celui-ci la réalité la plus africaine est celle d’armées de parade, indigentes en termes d’équipement malgré les budgets astronomiques décaissés ou déclarés tels, et grelottant face aux feux ennemis. Avec une exception notable : Idriss Deby Itno, ancien rebelle venu au pouvoir par le bout du fusil et encore capable de prendre ce fusil pour aller à la rencontre, comme ce fut le cas il y a quelques années, de ses pires ennemis.  Son armée assure et rassure. C’est elle qui a été à la manoeuvre au Sahel en 2011. C’est elle qui était aux avant-postes des troupes ayant libéré le Mali. Impressionnant butin de guerre, c’est cette vaillante armée tchadienne qui, dans les montagnes abruptes de l’Adrar, a tué Abuzeid, le chef emblématique de la nébuleuse terroriste qui mit le Mali à genoux pendant un an. Les Français ne claironnent pas l’exploit tchadien. Mais ils le reconnaissent en privé aujourd’hui. Et tout l’Adrar des Ifoghas le sait qui tire le chapeau aux soldats tchadiens de la Minusma. Alors espoir quand Deby exige la reddition de Shekau, le chef du  redoutable Boko Haram ? Il ne peut en être autrement. Déjà les coups portés par les Tchadiens au mouvement terroriste sont sérieux et ils indiquent que le monstre pseudo jihadiste est jusque-là invaincu mais pas invincible. La question dès lors n’est plus si Shekau va tomber mais quand et où. Terminator a parlé et il n’a pas parlé pour rien.

   Adam Thiam

source : Le Républicain