Le Mali est victime des sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis bientôt un mois. Ces sanctions sont maintenues la semaine dernière par les chefs d’État de la CEDEAO, faute d’un calendrier « raisonnable » de fin de la transition. Au même moment, les tensions sont vives entre les autorités maliennes et françaises conduisant, après l’escalade verbale, à l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali. Une crise qui risque de conduire à la rupture politique et sécuritaire entre deux alliés historiques. A ces problèmes s’ajoutent les sanctions individuelles de l’Union européenne contre des responsables de la transition, à savoir le premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga ; le président du Conseil national de Transition, le colonel Malick Diaw ; le ministre de la Réconciliation, de la Cohésion sociale et de la Paix, le colonel major Ismaël Wagué ; le ministre de la Refondation, chargé des relations avec les institutions, Ibrahim Ikhassa Maïga ; et Adama Ben Diarra, membre du Conseil National de Transition.
Face à cette diabolisation et cette pression internationale, il fallait une union sacrée autour de la nation malienne malade, au niveau national. Mais ce n’est pas le cas. A qui la faute ?
Des deux niveaux : les autorités de la transition et la classe politique.
En effet, les autorités semblent rompre le dialogue avec la classe politique qui s’oppose à elles, notamment le cadre d’échange des partis et groupements politiques pour une transition réussie. Les arrestations de certains leaders politiques et d’associations ont fragilisé davantage leurs relations. Pourtant, le gouvernement doit aller toujours vers ces responsables politiques, d’associations, et tenter de les convaincre de sa volonté de prolonger la transition, prendre en compte certaines de leurs contributions pour une sortie de crise. Bref le gouvernement doit arrêter de considérer ces hommes politiques comme des adversaires, mais des frères autour d’un bien commun, le Mali.
Quant à la classe politique, notamment le cadre d’échange des partis et groupements politiques pour une transition réussie et d’autres partis non membres comme le Parena, ils doivent sortir des questions de personne. C’est de la vie de la nation dont il s’agit. La durée de 18 mois est, certes, ce qui a été prévue par la charte de la transition mais les élections ne peuvent plus se tenir en février. Autant le gouvernement doit les concerter avant la relecture de la charte de la transition, autant ils doivent sortir du fétichisme autour de la durée de la transition. Aujourd’hui, ils doivent faire front commun autour des autorités face à l’ennemi extérieur : les sanctions économiques et financières, le terrorisme, la diabolisation du Mali.
Mais il n’est pas encore trop tard pour corriger. Chacun des deux peut se récupérer. Le gouvernement doit, après la révision de la charte de la transition, aller vers ces politiques, leur expliquer le pourquoi et demander leur implication. Pour plus d’inclusivité, il faut l’entrée de ces hommes politiques non seulement dans le gouvernement mais aussi dans le CNT qui sera augmenté à 147 membres.
Pour sa part, la classe politique doit aussi accepter ce sacrifice ultime d’accompagner le gouvernement pour la réussite de la transition. Ce compromis, il nous le faut pour la sauvegarde de la République même. Il faut le faire pendant qu’il est encore temps.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS