Après la promulgation de la loi électorale par le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, nombreux étaient les observateurs de la scène politique malienne à s’attendre à la démission du Premier ministre et de son gouvernement. Pour rappel l’adoption de la loi électorale par le Conseil National de Transition a provoqué l’ire du gouvernement qui s’y est non seulement désolidarisé, mais aussi et surtout avait demandé au Président de la transition de ne pas la promulguer parce que ne répondant pas ses aspirations profondes de changement auquel il espère.
Le Colonel Assimi en toute responsabilité a fait fi de la pressante demande du gouvernement de renvoyer la loi pour une seconde lecture et la promulguer. La conséquence d’un tel désaveu, dans les grandes démocraties, est sans nul doute la démission du gouvernement. Mais au lieu de cela le gouvernement avec à sa tête le controversé premier ministre Choguel Kokala Maiga s’en tête à vouloir se maintenir contre vents et marrées. Le Président de la transition sait-il réellement que le premier ennemi de son régime est le temps ? Pourquoi veut-il garder ce gouvernement qui ne peut en aucun cas mener les réformes auxquelles le peuple malien s’attend ? Il y a-t-il une complicité entre les deux têtes de l’exécutif au point que le Président a peur de se débarrasser de son PM pour ne pas s’exposer ou mettre sous le boisseau ses ambitions ?
Mon Colonel assumez-vous !
Il ne serait nullement exagéré d’affirmer que cet énième délai qui consacre la fin de la transition ne serait pas respecté compte tenu de la lenteur constatée dans l’exécution du chronogramme proposé à la CEDEAO. Le responsable tout trouvé de cette lenteur est le Président de la transition qui refuse de s’assumer. Le premier acte qu’il aurait dû poser, quelques heures seulement après la promulgation de la loi électorale était de dissoudre le gouvernement comme le veut la tradition républicaine et démocratique. Le deuxième acte allait être la nomination d’un premier ministre neutre avec comme principale mission de composer un gouvernement d’union nationale regroupant toutes les sensibilités sociopolitiques du pays. Le troisième acte serait d’élaborer une feuille de route consensuelle prenant en compte les priorités les plus urgentes, à savoir les réformes politiques et institutionnelles, l’amélioration des conditions sécuritaires. Le dernier acte serait l’organisation des premiers scrutins qui auront valeur de test pour le nouveau gouvernement. Les erreurs et autres manquements à la loi constatés pendant ces premiers scrutins seront corrigés afin que les élections présidentielles et législatives puissent se dérouler dans les conditions acceptables et acceptées par tous les acteurs.
Mon colonel assumez vous pour pouvoir écrire l’une des pages les plus glorieuses de notre histoire contemporaine, à savoir mener des réformes idoines à la John Jerry Rawlings du Ghana pour mettre la démocratie malienne sur les rails. Et sachez aussi que la crédibilité, l’honneur et la dignité d’un homme en général et d’une autorité en particulier, dépend du respect de sa parole et de ses engagements pris vis à vis de son peuple et du monde entier. Après les 18 mois non respectés et après moult hésitations, avec votre assentiment le gouvernement a proposé 24 mois à partir du 26 mars 2022, donc il ne serait pas bon de ne pas respecter cet autre délai, au risque de se voir désavouer par le peuple malien, qui finira par prendre son destin en mains.
Youssouf Sissoko