Nous ne nous lasserons jamais de rappeler au Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta de s’inspirer du bel exemple d’ATT, en dirigeant seulement la transition et en organisant des élections transparentes, inclusives et acceptées de tous les acteurs pour sortir par la grande porte de l’histoire. En effet, le Colonel Assimi Goïta a voulu jauger sa popularité sinon même sa capacité de mobilisation en faisant organiser par les femmes, un meeting au stade Omnisports Modibo Keita de Bamako le 8 mars 2023. Ce meeting, faudrait-il le rappeler, fait à dessein, avait pour but de donner un coup d’accélérateur au fameux projet de candidature du Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle.
C’est dans un stade Omnisports Modibo Keita à moitié vide que le Président de la transition a fait son entrée sous escorte militaire et en tenue de commandement, visiblement déçu de la mobilisation. Mais puis que le jeu en vaut la chandelle, il s’est adressé aux femmes à l’occasion de la journée internationale de la femme, en les magnifiant et en les exhortant à participer pleinement à l’œuvre de construction de l’édifice national. Pour rappel le thème national choisi cette année est : «Femmes, actrices incontournables, debout pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali». Il sied bien au contexte actuel de crise multidimensionnelle à laquelle le pays est confronté. Donc si le Président Assimi Goïta était bien dans son rôle, en tant que père de la Nation, de participer à ce meeting, sa présence n’a pas manqué non plus de susciter de commentaires et d’interprétations. Pour ses détracteurs ce meeting n’est ni plus ni moins que le début de sa précampagne pour faire accepter sa candidature par l’opinion. Par contre pour ses partisans le Président de la transition a tout simplement voulu, à travers une grande mobilisation des femmes, à l’occasion du 8 mars, faire passer un message celui de la cohésion, de l’unité et de la paix dans un pays durement éprouvé.
Après avoir échoué à remplir le stade Modibo Keita, le Colonel Assimi Goïta va-t-il tirer toutes les leçons et revoir, s’il en a, son ambition à la baisse ? Surtout renoncer à toute ambition d’être candidat à la prochaine élection présidentielle, pour ne pas lui dire de s’inspirer de l’exemple d’ATT. Cet exemple a été un cas d’école et une source d’inspiration en Afrique. En effet, Amadou Toumani Touré, alias ATT, a dirigé une transition de 14 mois sans être lui-même candidat et en interdisant à tous les membres du gouvernement et du CTSP d’être également candidat à l’élection présidentielle de fin de transition. Il a organisé l’une des élections les plus crédibles, les plus transparentes et les démocratiques en Afrique. Ainsi l’une des innovations majeures, qui reste jusque-là inédite a été, pour la première fois dans l’histoire de la jeune démocratie malienne, ce face à face entre les deux candidats arrivés au second tour. Alpha Oumar Konaré et Tiéoulé Mamadou Konaté se sont affrontés sur le plateau de l’ORTM autour de leurs programmes et sous le regard neutre d’ATT, Président de la Transition chef de l’Etat. Il est attendu du Colonel Assimi Goïta la même posture de neutralité pour éviter d’être juge et partie et pour que les élections soient les plus inclusives et transparentes au grand bonheur du peuple malien, qui est fatigué de ces cycles infernaux de coup d’Etats à répétition. A la fin d’une mission bien accomplie de la gestion de la transition, le Colonel Assimi Goita pourrait s’occuper des œuvres caritatives, comme ATT en son temps avec sa lutte contre le ver de guinée. Cette occupation lui permettra de connaitre le Mali profond et ses réalités. Cinq ou dix ans, après, s’il le désire il peut solliciter le suffrage du peuple. Tout autre discours est trompeur, opportuniste et tout autre projet est à la fois fallacieux et très risqué pour la suite de la transition. Le colonel Assimi Goita ne doit pas céder aux chants de sirène des hommes et de femmes sans conviction, ces partisans de tous les régimes au pouvoir, mais prêts à prendre la poudre d’escampette à la première crise.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance