Nombreux étaient des Maliens comme nous autres qui avaient pensé qu’on allait passer des années sans entendre parler de la grève des enseignants après l’année dernière, après l’application de l’article 39 de leur statut particulier. Mais ce rêve vient d’être brisé. D’autres perturbations sont déjà annoncées. Le bras de fer qu’on n’espérait plus jamais entendre parler entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, est engagé de nouveau. Quant à l’avenir de l’école malienne, il reste incertain et le ciel s’assombrit pour les pauvres écoliers. Ce qui se passe est regrettable, mais à l’allure où vont les choses, les écoliers passeront encore des mois dehors, car entre les enseignants et le gouvernement, chacun fait la lecture qui l’arrange concernant l’harmonisation de la grille indiciaire.
En effet, depuis l’harmonisation de la grille salariale des fonctionnaires, les enseignants crient à l’abrogation de l’article 39 par les gouvernants. Dans leur explication, du moment où le gouvernement de la transition a accepté, suite à la pression de l’UNTM, d’harmoniser la grille salariale, il a mis fin à l’article 39 de leur statut particulier. Pour s’opposer à cette décision du gouvernement, les enseignants ont déjà entamé des mesures dont la prise en otage des notes. Comme si cela ne suffisait pas, des semaines de grèves sont annoncées.
Or, le premier ministre, lui, rassure que l’article 39 n’a pas été abrogé. Il demeure, selon lui, malgré l’harmonisation de la grille indiciaire. « J’ai dit que l’article 39 va être maintenu, la grille salariale va être harmonisée. C’est pourquoi, immédiatement, après notre installation, le président de la transition a autorisé à introduire ce texte et l’adopter. Le même jour, les premiers que j’ai invités, c’est le monde enseignant pour leur expliquer que le gouvernement en place est le résultat de leur lutte, que l’article 39 est le résultat de la lutte des forces du changement et que pour rien au monde, cet article ne pouvait être annulé », a déclaré le chef du gouvernement lors de la présentation de son PAG.
La victime de ce bras de fer entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation, ce sont les élèves. C’est leur avenir qui est en danger. Après plusieurs années scolaires perturbées, il est important aujourd’hui que chacun fasse des efforts, ne serait-ce pour sauver cette école malade.
Le gouvernement, si l’application de cet article ne créerait pas d’injustice sociale qui risquerait de conduire à la grève de l’UNTM comme ce fut le cas l’année dernière, ne doit pas tarder à mettre les enseignants dans leur droit.
Quant aux enseignants, s’il est vrai que l’article 39 n’est pas abrogé comme le dit le premier ministre et que ce sont quelques enseignants qui n’ont pas constaté les retombés de cet article, ils doivent croire aux gouvernants et accepter de faire des compromis, ne serait-ce que pour sauver l’année, et par-delà l’avenir des millions d’enfants.
Les parents d’élèves ne doivent pas, eux aussi, cette fois-ci croiser les bras et constater la mort de l’école malienne. Ils doivent se battre pour qu’il y ait rapidement une entente entre le gouvernement et les syndicats des enseignants.
L’école malienne, déjà fragile, ne peut plus supporter des grèves.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS