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Edito : l’AIGE ou l’organe supplétif de l’administration territoriale dans l’organisation des élections

L’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, dont la création a été une forte recommandation des Assisses Nationales de la Refondation, ANR, et un vœu pieux de la classe politique, ne répond plus aux critères qui ont été à la base de sa mise en place et n’a rien d’une structure indépendante. En effet, jamais une structure chargée d’organiser les élections au Mali n’a été aussi assujettie, aussi incapable de se défaire de la tutelle de l’administration pour être autonome.

L’AIGE est aujourd’hui une coquille vide. Du mode de désignation des membres du bureau national jusqu’à la mise en place des structures des démembrements l’administration centrale via le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, a été au cœur de tout, alors qu’il a été demandé à cette dernière d’accompagner, voire assisté l’AIGE dans la mise en œuvre de son plan d’action. Aujourd’hui c’est une structure dite indépendante qui rame à plat ventre devant l’administration, car elle est incapable de mettre ses propres démembrements en place, au point de demander à l’Etat de s’impliquer. Me Moustapha Cissé, Président de l’AIGE et les quatorze autres membres de son équipe sont réduits à une portion congrue, car ils sont pieds et mains liés devant le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation. Sans aucune autonomie, ni financière encore moins matérielle, les membres du bureau national se contentent de leurs faramineuses primes et ne revendiquent guère une quelconque indépendance. Qu’ils comprennent que chacun doit écrire une page de l’histoire de sa patrie.En effet, pour avoir la mainmise sur la structure chargée d’organiser les élections au Mali, le gouvernement a mis en place un comité technique d’appui, officiellement pour aider l’AIGE dans ses missions pour une bonne organisation du référendum et des autres élections, mais officieusement c’est un marquage à la culotte de l’AIGE.

La structure dirigée par Me Moustapha Cissé est incapable de réclamer son droit à l’indépendance et à l’autonomie. Elle est réduite à un état d’assister. Ainsi ce comité technique d’appui a fini par convaincre les plus naïfs que le dessein machiavélique des autorités de la transition, qui ne veulent rien lâcher du tout, est de vouloir tout contrôler, tout surveiller comme le lait sur le feu. Face à la toute-puissance du gouvernement qui semble prendre en mains l’organisation des élections au grand dam de l’AIGE et la classe politique, que reste-t-il à ces deux entités pourtant incontournables ?Muette devant l’éternel, la classe politique malienne semble capitulée devant les militaires au pouvoir. En tout cas elle est incapable de lever le petit doigt pour dénoncer les dérives autoritaires du gouvernement.

Malmenée par une certaine opinion qui lui fait d’ailleurs porter toutes les charges de « l’effondrement de l’Etat pendant les 30 dernières années », elle ne fait que raser le mur, inaudible et incapable de porter une autre voix. Elle s’est tout simplement résignée comme un condamné à mort qui attend son exécution. Quant à l’AIGE, Me Moustapha Cissé et ses pairs peuvent se contenter de jouer le faire valoir. La société civile qui aurait dû venir en rescousse subit presque le même jugement de la part de l’opinion nationale, que la classe politique, elle a été, du reste, sa complice de toujours. A quand alors le réveil de la classe politique et de la société civile pour jouer le rôle qui est le leur dans l’animation de la vie politique ? En attendant la réponse à cette question, les princes adulés du jour peuvent continuer leur marche à reculons pour la démocratie.En définitive, la question que tous les grands observateurs de la scène politique malienne se posent est celle de savoir si les conditions à la fois sécuritaire et logistico-matérielle, sont réunies pour la tenue des bonnes élections dont les résultats n’engendreront pas une crise post-électorale.

Youssouf Sissoko

Source: L’alternance

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