Le nouveau Mali peut attendre. Les militaires putschistes qui ont renversé le régime IBK par un coup de force se sont révélés être de véritables affairistes. Ils ont accaparés tous les leviers du pouvoir qu’ils ont pris suite à la lutte hautement patriotique contre le régime IBK. Et malgré la dissolution formelle de leur regroupement, CNSP, par décret présidentiel, les officiers putschistes conservent la réalité du pouvoir de la transition. De la gouvernance par tâtonnements des sept(7) ans du régime IBK, on se retrouve dans la gouvernance par incertitudes et la marche à tue-tête du régime des colonels qui ont été une véritable déception. Ils ont déçu par leurs agissements et leur main basse sur tous les leviers du pouvoir. Ils veulent faire le Mali sans les Maliens. Du coup, impuissamment, les Maliens assistent à la caporalisation de la transition. Outre la vice-présidence de la République occupée par le colonel Assimi Goïta, le cerveau du coup d’Etat du 18 août, la junte a fait main basse sur les principaux ministères régaliens : le colonel Sadio Camara deuxième vice-président de l’ex CNSP trône au ministère de la Défense; le colonel Modibo Koné, troisième vice-président de la l’ex-junte, contrôle le ministère de la Sécurité tandis que le colonel Ismaël Wagué, ancien porte-parole de la junte, occupe le ministère stratégique de la Réconciliation nationale.
Comme si la mainmise sur l’exécutif ne leur suffisait pas, les militaires maliens ont pris le contrôle du Conseil national de transition (CNT), en plaçant à sa tête le colonel MalickDiaw, premier vice-président du CNSP.
Dans sa volonté d’avoir entre les mains tous les vrais leviers du pouvoir de transition, l’ex-junte a nommé comme gouverneurs des officiers de l’armée à la tête de 13 des 20 régions du pays. Au Mali, comme dans d’autres Etats africains, l’administration territoriale tient un rôle déterminant pendant les élections. En jetant leur dévolu sur les postes de gouverneurs, les militaires gardent la main sur l’organisation des prochaines élections générales prévues dans moins de 14 mois, selon le calendrier de la transition. Une volonté qui démontre à suffisance qu’ils ont un calendrier caché. Le club des colonels qui a pris le Mali en otage, a déçu.
La sécurisation du pays pour laquelle ils ont été sollicités n’est pas faite. D’ailleurs, l’insécurité gagne du terrain du jour le jour. Elle a même affecté Bamako, la capitale, où les braquages se font en pleine journée, sous le regard impuissant des forces de l’ordre et de sécurité.
Sur le plan des violations des lois, Assimi et ses éléments sont même sur le point de dépasser le régime IBK, surtout avec la mise en place du CNT. La liste de leur amateurisme est longue, trop longue.
Plus que tout cela, c’est le climat de peur entretenue par l’ex-junte qui fait dire à de nombreux observateurs qu’elle ne manque pas d’arrière-pensées. Sous le prétexte d’une tentative de déstabilisation sans preuves palpables, des honnêtes personnalités croupissent injustement depuis décembre dernier à la Maison centrale d’arrêt de Bamako(MCA).
Avec ces arrestations extrajudiciaires et arbitraires, les putschistes affichent leur ferme volonté d’instaurer la dictature au Mali.
Vu leur intention clairement affichée d’une dictature, les défenseurs des droits de l’Homme, les hommes de médias, les politiques…doivent mettre de côté leurs différences pour sauver la démocratie malienne en danger. Oui, il n’est plus question que de la liberté d’un individu ou d’un groupe d’invendus, mais il est question de la sauvegarde de la démocratie.
Pis, ils veulent appliquer en catimini l’accord d’Alger, sur le dos du peuple Mali qui a souhaité sa relecture. Toute chose qui occasionnera la partition de notre pays. Des jeunes leaders regroupés au sein d’un collectif ont appelé à un sursaut national pour leur barrer la route.
Aliou Touré
Source: Le Democrate Mali