Mentir à Choguel, c’est de lui dire que tout va bien dans le pays (à l’instar de ces visiteurs de l’autre jour à la Primature avec un registre de 4millions de signature). Trahir les Maliens, c’est de leur dire qu’on peut avoir mieux que Choguel comme chef de Gouvernement de cette transition, surtout dans le lot de ceux qui le contestent aujourd’hui.
A ses premiers jours à la Primature, Choguel Kokalla Maïga dans ses interviews, aimait rappeler ‘’ le terrorisme administratif’’ qu’il a subi pendant qu’il siégeait dans le Gouvernement Modibo Kéita, à cause des contrôles, audits, investigations poussées et cabales médiatiques sur sa gestion à la tête de l’AMRTP. En ce moment, il ne s’attendait point à ce qui l’attendait comme chef du Gouvernement. Pour être issu de la principale force du changement, il se croyait à l’abri des mêmes actes de destitution, frisant la haine. C’était sans intégrer dans ses estimations deux évidences.
D’abord, le fait qu’il est le président du seul parti politique ayant choisi de se réclamer des 23 ans du régime de GMT. Ce n’est donc pas le fait d’avoir, un moment donné, joué le second couteau derrière Soumaïla Cissé et d’avoir séjourné à la tête du comité stratégique du M5RFP qui pourront effacer ce cliché. Les pseudos-acteurs du 26 mars ne lui accorderont jamais de faveur et ne lui feront aucun cadeau, le PM Choguel lui-même, mieux que tout le monde, sait cela.
Ensuite, la 2ème raison relève du contexte. C’est à dire l’état de fait que cette transition marche sur les ruines d’un régime démocratique ayant été animé par des pontes politiques, qui n’épargneront rien pour faire tresser une couronne de feu à tout protagoniste politique qui s’attèlera à jouer les premiers rôles avec les militaires. C’est vrai qu’ils n’ont rien fait pour empêcher le régime d’IBK de tomber, mais ils vont tout faire pour refaire surface lors de cette transition avec une carapace d’opposant, pour tout simplement assurer leurs arrières. Et curieusement, l’actuel Premier ministre est en train de leur rendre la tâche facile, car il est brillant et loquace.
Il ne s’agit pas de son vocal qui fait le tour des réseaux sociaux, mais plutôt son courage à pouvoir donner la contradiction à la France, son obstination face à la CEDEAO et sa volonté à vouloir faire la justice sur certains grands dossiers de détournement des fonds publics.
Ce qui est bien de savoir est que la plupart d’entre eux sont reconnus à la fois comme des suppôts et relais de la France et de la CEDEAO. En même temps, ils ont la peur au ventre face à la redoutable machine judiciaire mise en branle par l’ancien Procureur du Pôle économique, aujourd’hui ministre de la Justice.
Au regard du fait que la pomme de discorde entre le Mali et la CEDEAO reste le respect du délai des 18 mois de la transition, mais aussi, compte tenu du fait que le Colonel Assimi veut incarner le profil du soldat du peuple comme ATT en 1991, ces hommes politiques ont décidé de jouer sur deux registres : les Assises nationales et l’organe unique de gestion des élections. Etant donné que l’un comme l’autre est d’apanage politique, ils sortiront la carte politique de refus catégorique de blocage des deux processus. De ce fait, la CEDEAO va corser ses menaces. De quoi doucher l’optimisme du Colonel sur son PM qui lui sert pourtant de bouclier politique, qu’il finira, à coup sûr, par lâcher. C’est à partir de ce moment qu’il deviendra atteignable autant sur le plan interne qu’international.
En clair, ceux qui veulent déchoir le PM Choguel cachent mal leur vrai dessein, il s’agit de fragiliser politiquement, rendre impopulaire, le président de la transition pour ensuite le destituer. Le sait-on ?
Moustapha Diawara