Les Assises nationales de la refondation tant attendues ont commencé le samedi 11 décembre partout à travers le Mali. L’heure de tracer l’avenir du Mali ! Durant des jours, les Maliens auront l’occasion de parler des maux qu’ils vivent et faire des recommandations pour une sortie de crise. Ils auront la possibilité de proposer le type de gouvernance qu’ils veulent. Ils auront l’occasion de se prononcer sur les réformes politiques et institutionnelles ; la lutte contre la corruption et l’impunité ; la sécurisation des personnes et leurs biens ; la question de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ; la question du délai de la durée de la transition. Les Maliens, à travers ces assises, ont l’occasion de donner une nouvelle orientation à ce pays fragilisé par l’insécurité et des crises politico-institutionnelles.
Ces assises que les autorités ont souhaité beaucoup inclusives sont boycottées par des groupements et partis politiques ainsi que certains mouvements de la société civile qui ne sont pas d’accord avec la manière. Mais malgré leur boycott, les travaux ont bel et bien démarré au niveau des communes, des cercles et des régions du Mali. Les attentes à ces assises sont nombreuses. Leurs recommandations, selon ce qui a été dit par les autorités, ne seront pas mises dans les tiroirs comme ce fut le cas avec les fora précédents dont la conférence d’entente nationale, le Dialogue national inclusif.
Les recommandations des ANR seront exécutoires. Une très bonne initiative si elle se matérialise. Mais les participants à ces assises ne doivent pas faire des recommandations guidées en faveur des autorités de la transition. Il faut faire des recommandations sincères, pas pour le bonheur d’un groupe d’hommes mais pour celui de tout le peuple malien. Ils doivent travailler pour prouver que ceux qui ont refusé d’y aller ont eu tort. Pour cela, il faut forcement éviter que ces assises ne soient pas seulement une rencontre pour valider la prolongation de la transition. Les participants doivent d’abord parler, en toute sincérité des maux de ce pays, surtout l’insécurité, l’injustice sociale. Ils doivent être capable de faire des recommandations sincères comment sortir de l’insécurité grandissante. Ils doivent également être à mesure de proposer des solutions par rapport à la lutte contre l’injustice sociale, la corruption, l’impunité.
Les Maliens sont divisés sur des questions comme l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ces assises permettront aux participants de dire ce que le Malien lambda pense de cet accord, qu’est-ce qu’il propose à ce sujet : sa relecture ou son abandon. Les ANR permettront aux Maliens aussi de donner leur avis sur les réformes politiques et institutionnelles, de proposer le type de constitution adaptée à nos réalités qu’ils souhaitent, le mode électoral au niveau local comme national.
Dans le domaine de la sécurité, la question du dialogue avec les djihadistes maliens, la question des milices ethniques, la présence des troupes étrangères au Mali…doivent être tranchées. Des recommandations concrètes et sincères sont attendues à ce niveau.
L’une des recommandations les plus attendues de ces assises, c’est concernant la durée de la transition. Les participants sont censés maitriser la situation actuelle du pays. Les réformes politiques et institutionnelles, la lutte contre l’insécurité, la relecture de l’accord, de la loi électorale…sont-elles possibles d’ici février ? C’est aux participants aux ANR de se prononcer. Et s’il faut prolonger la transition, à combien de mois de plus ? C’est encore aux participants de faire la proposition. Mais le plus important, c’est la sincérité des recommandations. On a besoin de cette sincérité pour le bonheur de tous les Maliens.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS