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Edito : de nouveau, l’école

26 mars 1991, « le Dictateur » est renversé. Ses 23 années de présidence sont assimilées à 23 ans de recul dans tous les domaines. Les maîtres du jour, plutôt que de tourner une page de l’histoire de notre pays, tentent de l’oblitérer, de la déchirer, et de faire du nouveau. L’un de leur slogan est : « Nous ne voulons pas l’ancien, mais le nouveau » (An tè korolen fè, fo kura).Dans cette foulée, ils organisent, du 16 au 20 septembre 1991, le Débat National sur l’Education.  Il en sort un volumineux document intitulé Rapport Général. Il ne sera jamais exploité.

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En effet, « le premier président démocratiquement élu » du Mali, investi le 8 juin 1992, l’ignore superbement et, à la veille de la rentrée scolaire 1992-1993, convoque, les 17 et 18 août, au Palais de la Culture, une « Réunion technique préparatoire de la rentrée scolaire et universitaire ». Comme si cela ne suffisait pas, il préside lui-même, le 9 septembre à Koulouba, une réunion regroupant 45 enseignants et, le 19 septembre, il inspire la tenue d’un « Comité interministériel de rentrée scolaire » qui siège de 9 h à 17 h pour trouver une solution aux problèmes posés par les syndicats d’enseignants  et d’élèves et étudiants. La rentrée est-elle bien préparée ?

Rien de moins sûr. L’année scolaire 1992-1993 sera, pour le pouvoir, une véritable année noire. Le 13 février 1993, les étudiants saccagent l’IPR de Katibougou, l’établissement est fermé. Le 24 février, ils reçoivent l’appui de leurs camarades de Bamako. Le paroxysme est atteint le 5 avril : le gouvernorat de Koulikoro, l’Assemblée Nationale, la résidence privée du chef de l’Etat, les locaux de la coopérative Jamana, le domicile du ministre d’Etat, ministre de l’Education Nationale et celui du Directeur National de l’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique, ainsi que celui du Secrétaire Général du parti au pouvoir, sont pris d’assaut, pillés et livrés aux flammes. L’échec est manifeste. Ainsi, tout ce qui avait été échafaudé durant les mois d’août et septembre 1992 s’est-il révélé château de cartes.

Pourtant, les autorités veulent trouver des solutions aux maux dont souffre l’institution scolaire et universitaire. Elles imaginent la Nouvelle Ecole Fondamentale (NEF), la NEM (Nouvelle Ecole Malienne). Elles sont inopérantes. Le PRODEC (Programme Décennal d’Education Nationale) leur est substitué avec moins de succès si l’on en juge par le bilan qu’en donne le président de la République : « Ainsi avons-nous créé un Centre National des Examens et Concours, et, dans le cadre de la réforme de la DNAFLA, un institut des langues a été intégré à l’université. Il y a eu aussi la mise en place d’un centre d’éducation non formelle avec pour la première fois un lycée sportif (Ben Oumar Sy) et le centre d’accueil de Kabala (Ousmane Traoré), deux structures de formation et d’encadrement de l’élite sportive. » (Cf. Un Africain du Mali, Cauris Editions, 2004, page 82). Rien qui touche en profondeur le système. Finalement, les deux premières décennies de la période du multipartisme s’achèvent-elles sans que des solutions soient trouvées à la déliquescence de l’Ecole.

Les deux décennies qui suivent seront pires. Certes, le TBS (Taux Brut de Scolarité) ne cesse d’augmenter. Mais, dans le même temps, le niveau des apprenants ne cesse de baisser. Or, en matière d’éducation, il est reconnu une évidence : mieux vaut ne pas former que de mal former. Du 5 au 7 août 2008, après une série de consultations régionales, le Forum sur L’Education est organisé. Il sera un coup d’épée dans l’eau ; comme le sera, par la suite, la Concertation Nationale sur l’Enseignement Supérieur des 8 et 9 avril 2014. Et voici que le Ministère de l’Education Nationale organise du 27 au 29 novembre 2017 les Assises de la Table Ronde sur l’Education avec la promesse d’une école performante résolument tournée vers l’excellence. D’avance, nous osons affirmer que ce sera, de nouveau, le cautère sur la jambe de bois. Nous reviendrons là-dessus la semaine prochaine.

LA REDACTION

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