La crise socio-politique, qui a conduit à la démission du président IBK, ne s’est pas résorbée, cet objectif capital accompli. Bien au contraire elle se ravive avec la reprise des grèves dans les secteurs traditionnels de la Santé, de l’Enseignement, de l’Administration civile. L’entrée dans le jeu de l’UNTM lui donne une nouvelle ampleur et fait craindre un plongeon dans le chaos, aux conséquences incalculables tant pour le Mali que pour l’ensemble de la partie occidentale de l’espace sahélo saharien.
La principale centrale syndicale du pays menace de recourir à la grève générale illimitée, cette arme qui, entre ses mains, s’est avérée fatale en 1991 pour la longue et médiocre dictature militaro-civile du général Moussa Traoré, si ses revendications pour un mieuxêtre des travailleurs salariés ne sont pas satisfaites. Or les autorités de la transition n’en ont pas les moyens, le Mali étant réduit, depuis plusieurs mois déjà, à emprunter chaque quinzaine sur le marché de l’UMOA pour parer aux urgences : l’onéreuse guerre contre le terrorisme (et ses sanglantes dérives communautaires) et les émargements d’une fonction publique pléthorique.
L’inéluctabilité de cette grève générale illimitée est renforcée par cet avertissement du Secrétaire général de cette centrale, Yacouba Katilé. » Partenaire clé au développement du Mali, l’UNTM ne laissera plus le champ libre à n’importe qui pour faire ce qu’il veut. Nous ne laisserons plus faire comme par le passé : laisser faire jusqu’à ce que tout se gâte. Nous arrêterons tout simplement de travailler, de produire jusqu’à ce que les mauvaises politiques, les mauvais dirigeants soient écartés « . La centrale endosse désormais le manteau politique par-dessus celui du syndicalisme.
Ce risque d’un basculement dans le chaos est aggravé par la persistance du lourd contentieux entre le CNSP et le M5-RFP autour de la gestion de la transition. Elle fait de ce dernier un adversaire à redouter nonobstant les dissensions qui se font jour en son sein et qui visent à le fragiliser voire le faire disparaitre de l’échiquier politique. Mais la tâche s’annonce ardue. Il n’est pas vain de se remémorer, en effet, que l’opposition politique et les organisations de la société civile, qui constituent l’ossature de ce mouvement, étaient des acteurs reconnus du microcosme politique malien avant leur jonction avec la CMAS de Mahmoud Dicko, au demeurant circonstancielle. On peut donc compter sur ces militants chevronnés et patriotes aguerris pour survivre à ces manœuvres si elles ne raffermissent leur volonté de sauvegarder ce qu’ils considèrent, à juste titre, comme le fruit de leur engagement sans relâche.
Dans ce contexte le salut du pays passe par un réaménagement de la transition, dans ses missions et sa durée. Les premières paraissaient déjà excessives, eu égard au délai de 18 mois consenti à contre-cœur par la CEDEAO et la communauté internationale qui estimaient que la transition devait se concentrer sur l’essentiel- les élections générales- dans un délai raisonnable de douze mois. Compte tenu de l’incertitude qui pèse sur la mise en place du Conseil National de Transition (CNT) il est illusoire de croire que les tâches consignées dans la feuille de route puissent être exécutées dans le timing restant.
Aussi conviendrait-il de redéfinir la mission de la Transition en la concentrant essentiellement sur l’organisation des élections présidentielle et législatives qui permettront le retour à une vie constitutionnelle normale. Il appartiendra aux nouvelles institutions de veiller à la mise en oeuvre des réformes nécessaires à un nouveau départ du pays dans un cadre consensuel, ne laissant personne au bord de la route.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant