Jets de gaz lacrymogènes, pneus brûlés, effervescence des jeunes contre les forces de l’ordre déployées… La liquidation d’un espace réservé pour arrêt de bus par le maire du District de Bamako, Adama Sangaré, trouble la quiétude des habitants de Daoudabougou.
Reportage. Nous sommes le Mardi 18 Octobre. La tension est vive devant la Mairie du centre secondaire d’Etat Civil de Daoudabougou, près du marché, en face de la parcelle en question. Ce jour-là, la situation était préoccupante. Les boutiques sont fermées, le marché presque vide, tous les élèves des écoles environnantes sont mis à contribution, les cours suspendus.
La veille, deux jeunes détenus en prison ont été libérés grâce aux efforts d’un avocat engagé par les plaignants, après 12 jours passés derrière les barreaux. Ils avaient été arrêtés lors de la première manifestation du 6 octobre. Transportée devant le Tribunal de la Commune V par un certain Karagnara, qui habite en face de l’espace vendu par le maire du District, l’affaire était en délibéré pour la première fois le 25 octobre, puis le 1er Novembre avant d’être reporté à une date ultérieure. Guérilla urbaine A l’origine de cette fronde se trouvent le Conseil national de la jeunesse de la Commune V, la Plateforme des jeunes contre le chômage et la migration régulière au Mali, les femmes possédant des étales dans le marché et autres.
On se rappelle que la première manifestation a eu lieu le 6 Octobre. Un dispositif sécuritaire issu de la garde nationale avait été installé pour veiller en permanence sur le site avant de déguerpir après la deuxième manifestation, le 18 du même mois. Où un renfort de la gendarmerie nationale arrive sur les lieux pour contenir les manifestants. Des gaz lacrymogènes sont jetés pour disperser la foule armée de cailloux. Ils sont poursuivis jusque dans les ruelles. La circulation est bloquée. Les usagers contournent pour se frayer de passage. C’était une véritable guérilla urbaine !
Des altercations entre le Commissaire du 4e Arrondissement, le chef du village et quelques leaders des jeunes en effervescence ont permis dans une certaine mesure de baisser la tension. Au cœur de la foule le Commissaire, téléphones en main, ne cesse de téléphoner ou de recevoir des appels. Il sensibilise les manifestants à ne pas incendier la Mairie ou encore la pharmacie juste à côté, appartenant à Dr. Diarra Mariam Daou, l’acquéreuse de la parcelle objet de l’échauffourée. Il invite à jouer au calme et rassure que les autorités sont au courant de toute la situation.
La pharmacienne, Dr. Mariam Daou, a dû acheter ladite parcelle N°30/G dans le lotissement de Daoudabougou, le 15 Avril 2011, à la Marie du District de Bamako en vue de construire une pharmacie et une clinique. La parente à Bah N’Daw, ancien président de la transition, possède effectivement un permis d’occupation depuis 2011, délivré par l’indéboulonnable maire du District Adama Sangaré.
Après le changement de vocation opérée par le Gouverneur, elle a obtenu une autorisation de construire sur son terrain en 2019. Mais les riverains reconnaissent que toutes ses tentatives de construire ont échoué au temps des régimes d’Amadou Toumani Touré et d’Ibrahim Boubacar Keita. « Elle a essayé de construire ce terrain depuis le temps d’ATT, elle n’a pas eu gain de cause. Même pendant le régime d’IBK, elle a tenté sans y parvenir », témoigne un habitant, qui estime que ces derniers temps, la bonne dame semble être soutenue au sommet de l’Etat.Le président de la Plateforme des jeunes contre le chômage et la migration régulière au Mali, Mamadou Diallo, un jeune très actif au sein du M5-RFP parmi tant d’autres, galvanise ses camarades pour empêcher toute construction sur ladite parcelle.« Le terrain est réservé pour arrêt de bus.
Nous sommes allés à la mairie pour demander la vocation de l’espace en 2018, ils nous ont dit que c’est pour arrêt de bus. Nous avons été surpris d’entendre que le gouverneur a changé la vocation du site pour être vendu à Dr. Mariam Daou », explique Mamadou Diallo.« Si on les laisse construire cet espace, ils vont venir après nous chasser d’ici pour construire le marché », soupire une manifestante avoisinant la quarantaine avec ses camarades.Rester derrière la véritéLe patron de l’entreprise mandaté par Dr. Mariam Daou pour la construction de ladite parcelle semble être prêt à tout. « L’argent et les forces de l’ordre vont s’occuper de la jeunesse. La construction sera faite qu’il pleut ou neige.
Les populations de Daoudabougou ne pourront rien », rapporte Mamadou Diallo. Munie de sa grosse de déguerpissement obtenue depuis juillet 2022, Dr Diarra Mariam Daou peine à démarrer les travaux sur le site. Elle regrette la manipulation des jeunes innocents par des individus qui veulent s’accaparer de son terrain acquis dans toutes les règles de l’art. « Je possède tous les documents qui m’autorise à construire sur mon terrain. Je veux qu’on me laisse construire. C’est ça la vérité », lance-t-elle. Selon elle, le Mali Kura doit être bâti sur la vérité et que les gens doivent rester derrière la vérité. Répondant à des plaignants qui estiment qu’elle est dans l’abus de pouvoir par la mobilisation d’un nombre important de forces de l’ordre pour mettre en œuvre sa grosse de justice par le biais de sa parenté avec Bah N’Daw, Dr Mariam Daou, 60 ans révolus, brise la glace. « Mon terrain n’a rien à voir avec Bah N’Daw. J’ai eu ce terrain et tous mes papiers, Bah N’Daw n’était pas président de la Transition, encore moins aux affaires. C’est vrai qu’il y a une parenté entre nous, c’est pourquoi, les gens pensent comme ça », indique-t-elle.
A suivre.O.A.Morba
Source le nouveau courrier