Après l’apparition d’Ebola à Mbandaka, les habitants de cette ville de l’ouest de la RDC exprimaient leur colère contre l’inaction des autorités, alors que l’Organisation mondiale de la santé doit décider vendredi si l’épidémie constitue une urgence de « portée mondiale ».
« Le directeur général de l’OMS a convoqué « un Comité d’urgence (…) le 18 mai pour fournir des conseils sur la question de savoir si l’épidémie actuelle constitue une urgence de santé publique de « portée mondiale ».
L’épidémie apparue au début du mois dans une zone rurale du nord-ouest de la RDC, totalise déjà 45 cas, dont quatorze confirmés, et a fait 25 morts, selon un nouveau bilan de l’agence de l’ONU datant de vendredi.
La décision finale sur l’état d’urgence revient au directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui doit s’exprimer devant les médias à Genève.
De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé vendredi le déploiement d’épidémiologistes et de personnel médical à Kinshasa et sur seize points d’entrée aux frontières de la RDC pour tenter d’empêcher la propagation d’Ebola.
Selon l’OMS, un premier cas confirmé d’Ebola en zone urbaine a été enregistré jeudi à Mbandaka, ville d’environ 1,5 million d’habitants sur le fleuve Congo et reliée à Kinshasa par de nombreuses liaisons fluviales. Ce cas « augmente le risque de propagation en RDC et dans les pays voisins », selon l’OMS.
Plus de trois cents personnes auraient eu des contacts directs ou indirects avec des malades d’Ebola à Mbandaka, capitale de la province de l’Equateur, a-t-on appris de source médicale.
– « les autorités n’ont rien fait » –
« Je viens de Bikoro (épicentre de la nouvelle épidémie à une centaine de km de Mbandaka), il n’y a que deux points de contrôle sur plus de 100 kilomètres de route dans les villages Kalamba et Ndenga. Ce n’est pas efficace parce que de nombreuses personnes qui voyagent par moto et à pied échappent à ce contrôle », a déclaré à l’AFP un Congolais inquiet, Abraham.
« Les autorités n’ont rien fait pour éviter qu’Ebola n’arrive à Mbandaka », a estimé de son côté Claude, un habitant de la ville.
Contactées par l’AFP, les autorités congolaises n’ont pas réagi dans l’immédiat.
« Ici au port fluvial de Mbandaka, nous avons reçu instruction des autorités pour fermer toutes les issues sauf une seule afin de contraindre tout le monde à passer au contrôle », a déclaré à l’AFP un responsable provincial de la société de transport fluvial public.
Au port de Menge, un port fluvial privé, des agents du ministère de la Santé prenaient vendredi systématiquement la température des voyageurs à l’aide de thermomètres laser.
« Mais, les thermomètres ne sont pas en nombre suffisant, d’où l’énervement et des attroupements », a regretté Joseph Dangbele, un agent du port.
Dans les ports, le dispositif de contrôle est constitué des thermomètres laser, de bassines d’eau et de savon liquide, d’un registre sur lesquels les noms et adresses des voyageurs à l’arrivée sont inscrits, a constaté un correspondant de l’AFP.
Face à l’épidémie d’Ebola, de nombreux Congolais se tournent aussi vers les Eglises.
– « Risque très élevé » –
L’épidémie avait été déclaré le 8 mai par les autorités dans une région reculé de l’Équateur, près du Congo-Brazzaville. Le pays fait face à sa neuvième épidémie depuis son apparition sur le sol congolais en 1976.
La dernière épidémie en RDC remonte à 2017. Rapidement circonscrite, elle avait fait officiellement quatre morts.
Dans l’épidémie actuelle, les cas avaient jusqu’à présent été uniquement recensés dans la région de Bikoro, zone rurale très difficile d’accès à la frontière avec le Congo-Brazzaville.
L’OMS a révisé son évaluation du risque de propagation de l’épidémie, désormais considéré « très élevé » au niveau national et « élevé » pour les pays voisins. Au niveau mondial, le risque de propagation est jusqu’à présent classé « faible ».
L’agence est en train d’envoyer 7.540 doses d’un vaccin expérimental. 4.300 doses sont déjà arrivées à Kinshasa.
L’épidémie d’Ebola la plus violente de l’histoire a frappé l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016, causant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L’OMS avait alors été vivement critiquée pour la lenteur de sa réaction.