Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Durée des 24 mois de la Transition: ‘‘le Mali n’attendra plus la CEDEAO’’

Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA interpellé par le CNT, à travers les questions d’actualité, a affirmé ce jeudi 21 avril que le dialogue n’était pas rompu avec la CEDEAO avec laquelle ils sont en discussion sur le chronogramme de la Transition. Cependant, après 3 mois écoulés sans consensus, le Mali a entamé sa Transition de 24 mois avec la mise en place du comité indépendant de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation par le président Assimi GOITA.

 

« Ce n’est aucunement un tribunal pour le gouvernement », a rappelé le président du CNT, Malick DIAW, dans son propos introductif à l’ouverture des questions d’actualité de l’organe législatif tenue ce jeudi ; en précisant qu’il s’agissait des échanges dans la grande courtoisie et dans la responsabilité avec comme objectif d’entamer une sortie de crise.

À la barre, le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a assisté des membres de son gouvernement pour défendre la mise en œuvre du PAG adopté août 2021.

Donnant le ton du ballet d’interventions des 5 heures de débat, la Commission loi du CNT dans un rapport lu par Boubacar DIALLO, dresse un bilan sombre du PAG, voire mitigé.

L’insatisfaction des membres du CNT

Sur les actions prévues par le gouvernement dans son PAG, seulement 21 sur 62 n’ont pu être exécutées, note la commission Loi du CNT. Et sur les quatre axes prioritaires, la commission estime que seul celui lié à la sécurité avait enregistré des progrès louables et palpables.

‘’ Force est de constater qu’en dehors du volet sécuritaire où nous enregistrons des résultats encourageants, les objectifs déclinés dans le chronogramme de juin 2021 à février 2022 ne sont pas atteints’’, affirme le rapport de la Commission.

Notamment les réformes politiques sur lesquelles les Maliens se fondent pour un nouveau départ vers l’atteinte du Mali Kura débarrassé des mauvaises pratiques.

« Il apparaît à ce niveau que sur les 8 actions liées à la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, seule la tenue des Assises nationales de la refondation est actée », relevons dans le rapport.

Ainsi, la Commission s’inquiète du retard du processus d’organisation des élections générales devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel dont la qualité et la crédibilité conditionneront l’avenir de la démocratie.

À cet effet, pour la commission, rien ne semble être fait notamment pour la relecture de l’ensemble des textes régissant le processus électoral, la mise en place d’un nouveau système d’établissement et de contrôle du fichier électoral, la mise à jour du fichier électoral.

Par ailleurs, le projet de loi portant loi électorale ne peut nullement être considéré par le gouvernement comme synonyme de création de l’Autorité indépendante de la gestion des élections, pour le CNT, comme l’a fait croire le Premier ministre.

Même constat funeste sur l’axe de la bonne gouvernance. Là aussi, des efforts doivent être davantage fournis pour redresser la barre.

En ce que le chronogramme de juin 2021 à février 2022 prévu pour cet axe n’est pas respecté et les résultats escomptés ne sont pas atteints, affirme le rapport.

Au regard de ces constats, le CNT évalue la mise en œuvre du PAG à seulement 30%. Elle est « une note de renvoi si nous étions à l’école », a déclaré Nouhoum SARR, l’un de ses détracteurs, qui reproche également au chef du gouvernement de faire de son discours contre la France un projet politique.

Opposé à la démarche du Premier ministre, Nouhoum SARR estime que Choguel MAIGA est mal à l’aise dans le boubou de Chef du gouvernement, mais très à l’aise dans celui d’activiste.

À ce titre, il pense que le moment venu était de s’arrêter et de jeter un regard rétrospectif.

« Le moment est venu de rectifier la rectification de la transition avant qu’on ne s’engouffre », a déclaré Nouhoum SARR.

Le Mali victime de l’indépendance des choix stratégiques

Comme lui, il était également nombreux, des membres du CNT, à exprimer leur déception dans la gestion de la transition au point qu’ils s’interrogent si le mode de gouvernance du Premier ministre est de rupture et de changement.

En répondant aux préoccupations soulevées par les membres du CNT, le chef du gouvernement a, l’entame de son intervention, tenue à rappeler le contexte dans lequel le PAG a été adopté en août 2021.

Après le quitus du CNT, pour l’exécution de son PAG, la  donne a échangé et beaucoup évolué sur le plan sécuritaire, géopolitique, politique et financier. De  même, le pays s’est retrouvé face aux crises sécuritaires, la Covid-19,  les politiques, institutionnelles, et la brouille avec les partenaires de la CEDEAO et de la France qui ont pris des dimensions qui n’étaient pas celles qu’ils avaient envisagées.

Le virage stratégique pris par le gouvernement qui va dans le sens de la souveraineté, de l’indépendance des décisions de l’État malien, de l’indépendance des choix stratégiques, militaires a poussé, selon lui, la France à tourner le dos au pays en laissant un vide à combler.

«Toutes les emprises laissées par la France devraient être occupées par notre armée. Cela a nécessité un changement total dans la stratégie de financement de nos activités. Parce qu’on s’était dit d’abord et avant tout la sécurité. Aujourd’hui, tout le monde en est fier, mais il y’en a un  prix et un prix à payer. C’est pourquoi il y a eu le sentiment que le gouvernement a délaissé les autres secteurs», a expliqué Choguel Kokalla MAIGA.    

Il a indiqué que le Mali subit également les conséquences d’une situation internationale polluée autour du pays qui a été soumis à une forme de terrorisme politique, diplomatique, médiatique.

En clair, soutient-il, le Mali est en train de payer et le coût de certaines décisions.

Abordant les discussions avec la CEDEAO sur l’élaboration du chronogramme pour un retour à l’ordre constitutionnel, le chef du gouvernement indique que le dialogue n’est pas rompu, mais, laisse-t-il entendre, qu’ils sont divergents sur certains aspects.

Il a expliqué que le débat avait été bloqué parce que la CEDEAO  est en train de ramener la Transition à la tenue des élections. Une posture soutenue par des acteurs politiques au motif que le gouvernement aurait pris des engagements et publié un agenda, a-t-il ajouté.

Pour Choguel, tout le monde savait que cet agenda rendu public par le premier gouvernement n’était pas tenable, c’était dans le but de donner des gages à la communauté internationale.

« On ne peut pas tenir les élections dans ces conditions », a déclaré le PM.

Toutefois, a-t-il affirmé, les discussions continuent avec la CEDEAO.

«Assimi est en contact avec ses homologues et les deux équipes de travail discutent entre elles.  Nous devons tirer les leçons des échecs des transitions passées », a fait savoir Choguel en ajoutant que le Mali est dans la dynamique de faire certaines réformes avant les élections ; comme cela avait été recommandé par la CEDEAO, elle-même après les élections de 2020.

Et toutes les analyses montrent qu’il est impossible de faire ces réformes en deçà des 24 mois proposés par le gouvernement à défaut de renoncer à des engagements.

Or, les réformes sont envisagées pour minimiser le risque de contestation des élections ou « l’installation d’un pouvoir faible qui va être influencé ou manipulé » comme il a été le cas par le passé.

Le nouveau chronogramme de la Transition

Déjà sans ambages, le chef du gouvernement a déclaré que depuis le mercredi 20 avril dernier, le gouvernement avait commencé à dérouler ses programmes sur les deux ans proposés avec la mise en place du Comité indépendant de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation par le président Assimi GOITA. Cette structure sera composée de 15 membres.

« Nous sommes à un point où nous avons perdu 3 mois dans les discussions. Aujourd’hui, nous avons décidé de ne plus attendre. À partir de ce l’instant, nous allons mettre tout le processus de la Transition pour les deux ans retenus », a indiqué Choguel Kokalla MAIGA.

Ainsi, il ressort de son propos qu’au cours du 1er  semestre (octobre 2022) de la nouvelle durée des 24, il est prévu l’élaboration de la nouvelle constitutionnelle ainsi que tous les textes régissant le processus électoral. En cas d’adoption de l’organe unique de gestion des élections dans les meilleurs délais, il pourrait être opérationnel à partir du 8e mois (décembre 2022). Une fois installé, l’organe unique dans les 8 mois (juillet-août 2023) suivants, il procédera à l’acquisition des matériels électoraux ainsi qu’à la formation des agents.

À la même période, il veillera à la consultation du fichier actualisé.

Au cours du 10e mois (début 2023), l’action gouvernementale sera consacrée à l’amélioration progressive de la sécurité, du DDR, du redéploiement de l’administration, le retour massif des réfugiés et des déplacés sur l’ensemble du territoire national, le parachèvement du découpage territorial pour la détermination des circonscriptions administratives et électorales.

Par ailleurs, sur le processus d’organisation des élections, il y aura des débats avec l’ensemble des acteurs en vue de le peaufiner.   

Aucune rupture à l’ordre jour avec la CEDEAO et l’UEMOA

Depuis quelque temps des soutiens de la Transition et des membres du CNT appellent la cessation de toute coopération avec la CEDEAO et l’UEMOA consécutives aux mesures injustes prises contre le Mali. La question s’est encore invitée dans le débat, à travers l’intervention de Aboubacar Sidiki FOMBA, membre du CNT, qui a préconisé la création monnaie malienne.

En répondant à ces positions radicales, le Premier ministre a déclaré à ce jour qu’l n’y a aucun projet du gouvernement allant dans le sens de la rupture avec ces organisations internationales.

« La CEDEAO et l’UEMOA sont des partenaires avec lesquels nous n’avons pas rompu », a-t-il clarifié.

Quid la MINUSMA dont le renouvellement de mandat est attendu en juin prochain. Bien qu’il ne faille pas s’attendre à un changement important de son mandat, certains pays contributeurs réfléchissent sur leur niveau de participation après la décision de retrait de Barkhane et de Takuba.

Cependant, pour le PM, il faut que les Maliens comprennent définitivement que ce ne sont pas les forces étrangères qui vont ramener la paix au Mali.

À ce jour, a-t-il expliqué, la question du mandat de la MINUSMA ne se pose en termes « de rompre ou de continuer » avec cette Mission. Il a déclaré que le pays n’a pas rompu avec la MINUSMA tout en étant persuadé que son mandat sera renouvelé.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance