Suite aux accusations qu’il vient de subir, le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily, sort de son silence pour laver son honneur en engageant des poursuites contre le président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly. Il a porté plainte pour « outrage à magistrat et menace » contre le richissime Coulibaly. Il a saisi le Tribunal de la Commune IV.
En fait, la plainte est partie des déclarations sensationnelles et explosives du président du Conseil national du patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, à la faveur d’une conférence-débat sur le rôle du secteur privé dans la lutte contre la corruption dans notre pays.
Pour la petite histoire, rappelons que dans son intervention furieuse, l’homme d’affaires s’est emporté publiquement en ces termes : « Quand j’ai été élu en 2015, j’ai décidé de lutter contre la corruption. Cette lutte, je vais la mener. Je n’ai pas peur. Je vais commencer par le premier nom des fonctionnaires les plus corrompus, le plus dangereux, un meurtrier reconnu de tous, un arnaqueur notoire. Un racketeur qui a racketté nos entreprises. Un individu infâme ; la vertu, l’honneur et la dignité, il ne sait pas ce que c’est. C’est Monsieur le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily. C’est le plus grand danger de la République. Il faut demander le point de vue des avocats, il a détruit le métier d’avocat dans ce pays. Il faut demander les magistrats leurs points de vue sur son comportement. On va lui demander de partir de lui-même. S’il ne le fait pas, on a les moyens de le faire. Vous avez obligations de m’accompagner dans cette tâche, si j’échoue : la corruption va continuer encore et il ne fera pas bon de vivre dans ce pays ».
Une dénonciation qui n’a pas manqué de soulever colère et indignation chez plus d’un observateur, surtout sur les réseaux sociaux où beaucoup d’internautes demandaient le riposte du président de la Cour suprême que d’aucuns estiment n’est plus digne d’incarner l’éthique et la morale professionnelle propres d’un chef d’une grande institution comme la Cour suprême.
Pourtant, celui-ci aurait voulu garder le silence, mais ce fut impossible. Surtout qu’en ses lieu et place les associations des magistrats étaient déjà montées au créneau à travers des communiqués et condamnations de toutes sortes et pour lui assurer de leur soutien, en tant que président de la Cour suprême. Ainsi, après quelques jours de mutisme, Nouhoum Tapily a fini par saisir le Tribunal de la Commune IV pour outrage au magistrat et menaces, contre Mamadou Sinsy Coulibaly.
Toutefois, force est de constater que la sortie brusque de l’ancien ministre de la Justice, Me Mohamed Ali Bathily, dans une vidéo, a contraint le magistrat en chef suprême à rompre le silence : « Si j’avais fait cette révélation, les gens allaient dire que Bathily avait dit beaucoup de choses. Or, ce que Mamadou Sinsy Coulibaly a dit contre Nouhoum Tapily est une vérité absolue… Nouhoum Tapily est meurtrier. Il a tué une personne qui s’appelait Tounkara à Mahina à cause de la corruption. Il est de Kita. Lorsqu’il est sorti de la prison, c’est Issa Ongoïba qui l’a emmené dans mon bureau. J’ai dit auparavant que Tapily était un assassin. J’avais dit que quelqu’un comme lui qui a tué une personne à cause d’une corruption et que s’il faut lui confier la loi ou le jugement d’une instance judiciaire, il n’y aura pas de justice. C’est pourquoi, quand je suis venu, j’avais décidé de l’enlever de son poste de président de la Cour suprême mais le président de la République m’a dit de le laisser… Mamadou Sinsy Coulibaly a raison, Tapily est un assassin, il est corrompu. La transformation de la juridiction malienne en lieu de corruption est due à Tapily », a renchérit Me Bathily.
Donc, le duel s’annonce rude entre les deux hommes. Car, le plaignant, Nouhoum Tapily, tient à défendre son image, à redorer son blason sérieusement entamé par ce feuilleton frisant une affaire scandaleuse. Alors que le richissime et puissant patron des patrons maliens, Mamadou Sinsy Coulibaly, homme très sûr de lui avec ses gros moyens, dit ne ni craindre ni avoir peur. Donc, vive une bataille juridique en passe d’être rude et sans précédent.
Amadou N’Djim
Source: lepointdumali