L’Association pour la défense des droits des aides ménagères et domestiques est présente dans les six communes du district de Bamako, Koulikoro et Ségou
« Nous ne sommes pas égales aux femmes de la ville, surtout pas à leurs filles. Nous aussi, nous avons des droits ». Ces propos prononcés dimanche dernier par la présidente de l’Association pour la défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD), Sitan Fofana, témoigne de la marginalisation dont sont victimes les « bonnes ». Il s’agit de ces Amazones sans lesquelles de nombreuses travailleuses de la ville seraient obligées d’abandonner leur fonction afin de s’occuper des tâches domestiques.
A l’occasion de la célébration du 8 mars, Journée internationale de la Femme, l’Union des associations et des coordinations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACDDDD) dont est membre l’ADDAD a tenu dimanche une conférence de presse à son siège à Niamakoro sur la promotion des droits des aide-ménagères à laquelle ont participé une dizaine d’aide- ménagères (des points focaux) portant toutes un enfant dans les bras. Par la voix de leur vice présidente, Bintou Traoré, celles-ci ont mis à profit la journée internationale de la femme pour plaider leur cause : « Nous redemandons aux autorités maliennes de ratifier et appliquer la loi C189, véritable outil pour un travail décent. Nous les exhortons à revoir notre condition de vie et de travail et faire respecter les lois et décrets qui régissent le travail de maison ».
Les aide-ménagères s’estiment lésées. Car malgré l’existence d’un décret fixant leur salaire, elles sont payées bien en dessous du taux correspondant à leur catégorie. Classées à la catégorie I, les aides ménagères doivent percevoir un salaire mensuel de 21. 936 Fcfa.
En plus de la non observation de cette disposition, Sitan Coulibaly a déploré les mauvais traitement et les mauvaises conditions de vie auxquelles elles sont soumises quotidiennement. « Dans les villes nous sommes considérées comme des choses à tout faire. Nous subissons des violences corporelles, verbales, des punitions sévères. Nous sommes victimes de viols sexuels de patrons ou des fils de patrons… Pourtant nous ne percevons mensuellement qu’entre 4 000 et 10 000 Fcfa de salaire a-t-elle souligné
Dans un passé récent, les aides domestiques pensaient que la souffrance faisait partie de leur quotidien au travail. Selon la deuxième responsable de l’ADDAD, cette situation est révolue. Les point focaux ont été formés sur les droits des aides ménagères et les droits humains. Il est également organisée des causeries débats à leur domiciles sur ces thématiques et d’autres thèmes connexes comme l’éducation, l’abstinence sexuelle, la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). Toute chose qui provoquerait une prise de conscience. L’association loge et nourrit des aide-ménagères, chassées par leurs employés, suite à des grossesses contractées souvent dans les maisons où elles travaillent.
En réponse aux interrogations des confrères sur la question, la présidente de l’ADDAD a expliqué que la gestion à l’amiable est privilégiée dans ces cas de figure. Il s’agirait d’amener le géniteur à se reconnaître responsable de la grossesse. Autrement, l’association dépose plainte en justice. Ce qui, selon elles, est nouveau dans une société où il paraissait « même étonnant qu’une « bonne » convoque sa patronne ou son patron devant la justice… »
Les deux conférencières ont alors souligné qu’elles ont envoyé le rapport du premier forum au ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant et à Moussa Mara, alors ministre de l’Urbanisme et de la Ville. En attendant le deuxième forum prévu pour le mois d’avril avril, les aide-ménagères se disent déterminées à lutter par tous les moyens pour atteindre leur but.
Cheick Moctar TRAORÉ
source : L Essor