Les Maliens doivent garder en tête qu’ils ne sont pas isolés du reste du monde, a dit Boubou Cissé, parlant des exigences de l’Union africaine et d’autres organisations qui ont sanctionné le Mali. Ce que les autorités maliennes décident ne concernera pas que le pays seul. Le choix fait par le Mali a des conséquences sur les relations des autres pays, en cette période. Pour l’ex-PM, la CEDEAO et l’UA fondées sur des principes et des valeurs étaient, lorsqu’elles prenaient leurs décisions, dans leurs rôles en condamnant le coup de force de 24 mai 2021. Ces deux institutions doivent, de son avis, être saluées pour avoir évité au Mali la prise des sanctions dures. La CEADEAO n’a pas eu d’autre choix que d’entériner une situation de fait. Parce qu’avant le sommet extraordinaire des chefs d’État tenu à Accra, au Ghana, la cour constitutionnelle du Mali avait désigné le colonel Assimi Goïta comme le président de la transition, a-t-il rappelé. Et la CEDEAO est restée sur ce principe aussi. Puisqu’après la condamnation du coup de force, elle a exigé la tenue des élections à la date indiquée. La tenue des élections dans le délai est l’engagement de l’État malien vis-à-vis de lui-même et des autres pays. Il faut que cet engagement puisse être maintenu, et qu’on puisse arriver à des élections libres et transparentes respectées de tous, exprime l’ex-PM d’Ibrahim Boubacar Keita.
Quant à la suspension des opérations militaires conjointes avec l’armée malienne par la France, Boubou Cissé estime qu’il s’agisse d’une décision souveraine de la part des autorités françaises. Il dit respecter cette décision de la France, tout en rappelant que la France et le Mali sont des partenaires dont les relations sont multiformes. Via ladite occasion, M. Cissé de faire savoir au journaliste que le Mali est même impatient de pouvoir se passer des services des partenaires ici présents depuis 2012. De nos jours, dira-t-il, l’essentiel du chemin entre le Mali et ses partenaires dont la France est la lutte implacable contre le terrorisme, la restauration de la démocratie à travers une transition apaisée débouchant sur des élections crédibles et acceptées de tous. De part et d’autre, il confie que chaque citoyen souhaite que le Mali puisse, dans un délai raisonnable, quitter de toute aide directe en matière militaire. Ce temps n’étant encore pas venu, Boubou Cissé déplore que le pays soit plongé dans une guerre et crise multidimensionnelle. Dans l’affaire dite de « tentative de déstabilisation du pouvoir », l’ex-chef de gouvernement dit tirer des enseignements. « Depuis le 2 mars, j’ai le choix entre regarder derrière moi et regarder devant moi. Une chose m’encourage à plutôt regarder devant moi », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Cette liberté a été acquise à un prix. Si je décide de regarder derrière moi, je peux voir la sollicitude ou les sacrifices, parce qu’il y en a eu comme le prix de la liberté ». Aux dires de l’interviewé, les juges au siège ont, dans ladite affaire, montré qu’ils pouvaient être à la hauteur de l’enjeu. La justice malienne a, pour Boubou, pratiquement joué sa crédibilité dans cette affaire, mais du fait des personnes, des hommes de droit et des citoyens qui se sont tenus debout pour que la vérité soit dite, la justice s’en est sortie grandie. Et d’émettre que l’État de droit au Mali a et continue de résister. D’où la lueur d’espoir qu’il avoue retenir en matière d’État de droit au Mali.
La consolidation de façon générale passera par cet État de droit au Mali, a-t-il énoncé, expliquant certains de ses succès à la primature : l’obtention de l’accord politique de gouvernance, le Dialogue national inclusif…En clair, il souligne que le coup d’État du 18 août 2020 s’explique par l’exaspération de la jeunesse malienne ; voire celle due au fait que lui et son ancien patron(IBK) n’ont pas su répondre aux préoccupations d’emploi des jeunes ; à l’impunité dans la lutte contre la corruption et à l’installation des inégalités extrêmes entre citoyens. Pour donc refonder le Mali et le sortir de cette crise, il prône la mise en place d’un système appelé « République sociale » qui répond à toutes les préoccupations des citoyens. Et de dévoiler ses ambitions politiques : « Aujourd’hui, je cherche à plutôt fédérer les personnes, à rassembler les démocrates, les citoyens pour qu’on puisse ensemble aller à l’écoute des Maliens, échanger avec eux, et définir un projet fédérateur commun ».
Mamadou Diarra