Après la découverte du charnier près du camp de Gossi, rétrocédé, seulement le 19 avril à l’Armée malienne, Aboubacar Sidick Fomba, membre du Conseil national de transition (Cnt), est monté au créneau. Ainsi, dans un document intitulé : “Analyses et propositions de l’honorable Aboubacar Sidick Fomba après la découverte du charnier à Gossi et les attaques perpétrées contre les trois camps militaires”, il livre sa part de vérité.
Selon lui, la découverte du charnier de Gossi et l’attaque simultanée contre les trois camps militaires s’inscrivent dans la logique française de la “campagne du Sahel” qu’il avait déjà dévoilée et expliquée, il y a une huitaine de jours. A ses dires, il s’agit d’une planification bien réfléchie qui rentre dans une stratégie d’occupation du Sahel en vue de s’accaparer les immenses ressources naturelles de cette zone aux enjeux hautement stratégiques pour la France et l’Union Européenne.Et d’ajouter que cette campagne s’inscrit dans la durée et interpelle les plus hautes autorités à réadapter urgemment la stratégie actuelle de sécurité nationale en conséquence. “Les tactiques de cette campagne sont articulées autour du harcèlement psychologique, politique, économique, diplomatique, médiatique et militaire afin de détruire les fondements étatiques des pays du Sahel en général et de les réoccuper voire de les recoloniser sous une nouvelle forme. Ce qui se passe sous nos yeux est une tentative de réplique de Berlin 1885 lorsque les puissances européennes se partageaient l’Afrique sans l’avis des Africains”, a-t-il fait savoir. Il dira que cette campagne franco-européenne, supportée par les États Unis et le Canada, donc par le bloc de l’Otan use et usera de tous les moyens pour atteindre ses objectifs stratégiques, à travers les assassinats, la désinformation, l’espionnage, la corruption et la cooptation des cadres locaux, la sédition et finalement la confrontation militaire.
Renoncer à la quête de souveraineté
A le croire, ceci consiste à d’abord ternir l’image des pays du champ, notamment le Mali et ses Forces de défense et sécurité, à asphyxier financièrement le Mali à travers la Cédéao, l’Uémoa, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi) dans l’unique but d’amener les Maliens à renoncer à leur quête de souveraineté, mais aussi à intervenir militairement au Mali par le biais du chapitre 7 des Nations Unies qui justifiera l’application des articles 138 et 139 de la Charte des Nations Unies (la responsabilité de protéger). Et de poursuivre que, dans cette dernière optique, la Minusma constituera un pilier important, voire essentiel.
Ainsi, face à cette situation, Aboubacar Sidick Fomba précise que des mesures suivantes doivent être envisagées, à savoir renforcer la sécurité à l’entrée du camp en élargissant le périmètre de sécurité ; réduire drastiquement l’accès du camp aux civils et évacuer les membres non essentiels des familles des éléments des forces armées et de sécurité du Mali ; créer un espace pour les spécialités militaires, surtout le génie militaire ; protéger la flotte aérienne par l’installation de systèmes de lutte contre l’incendie et autres dispositions indiquées en la matière, notamment les batteries de DCA russes comme “Pantsir” et “Buk” ; renforcer la surveillance des camps par des mini-drones de surveillance ; procéder à l’installation de bacs à sable voire de béton armé dans le périmètre de sécurité des camps et surtout devant les points d’accès.
Détruire les bacs à sable installés par la Force Barkhane
Ainsi, pour les bases libérées par la force Barkhane et Takuba, il propose d’éviter d’habiter les bases libérées par la force Barkhane et construire de nouveaux camps situés au minimum à 15 km de la base abandonnée pour éviter un possible empoisonnement chimique ou nucléaire ; détruire les bacs à sable installés par la Force Barkhane qui peuvent contenir des systèmes explosifs et des dispositifs d’espionnage ; détruire les installations de balise qui peuvent constituer des repères pour les drones et les satellites ; mettre en place une cellule pour la recherche de déchets nucléaires enfouis dans les zones d’intervention de la Force Barkhane.
Aussi, il a précisé que le cantonnement de la Minusma demeure la priorité essentielle puisqu’elle n’est pas capable d’assurer sa propre sécurité, surtout après le départ des Forces Barkhane et Takuba. «Compte tenu de la menace en cours dans ces zones, un recrutement massif s’impose ainsi que la militarisation de l’agriculture afin de booster la production des denrées de première nécessité : le blé, le riz, le mil, le maïs, la canne à sucre, sans oublier l’arachide et le coton», a martelé M. Fomba.
Sortir de l’Uémoa et de la Cédéao, une obligation et non un rêve
Dans son réquisitoire, il a laissé entendre que la souveraineté monétaire étant le moteur de la souveraineté politique, ainsi, il dira qu’il est urgent pour le Mali de sortir de cette monnaie coloniale où l’ancienne métropole impose sa volonté à nos pays. “Sortir de l’Uémoa et de la Cédéao devient une obligation et non un rêve”, a-t-il renchéri.
A l’entendre, le président de la Transition, après un accord État à État avec le Burkina, la Mauritanie et l’Algérie, doit annoncer le retrait du Mali du G5-Sahel et interdire le survol de notre territoire aérien aux forces françaises.
Pour finir, il dira que le président de la Transition doit adresser une lettre officielle au président français pour annuler le traité serval et celui de la coopération en matière de défense entre le Mali et la France.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali