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Don de sang au Mali : Parcours de combattant

Le sang constitue un élément vital pour la santé humaine. Dans plusieurs hôpitaux, les patients qui sont dans le besoin se comptent par centaines tandis que le principal centre de distribution qui est le ‘’Centre national de transfusion sanguine’’ communément appelé «banque de sang» bute à un certain nombre de difficultés notamment dans l’approvisionnement et la distribution du précieux sésame. Dans cette dynamique, l’État a engagé d’importantes réformes pour soulager les populations sans oublier les apports des associations de donneurs de sang.

 

Créé sur l’ancien site du dispensaire de Quinzambougou, le Centre national de transfusion sanguine communément appelé « banque de sang », est situé en plein cœur de Bamako, la capitale du Mali. Cependant, il se compose de plusieurs unités dont la réception, la livraison des résultats, l’unité de consultation, l’unité de prélèvement, l’unité de colla, le laboratoire et enfin l’unité de gestion des ordures. Ce centre est chargé de stoker du sang, et de le fournir selon les besoins exprimés par le personnel médical sachant que la transfusion sanguine est un maillon essentiel de la chaîne dans la prise en charge correcte des patients. Pour plus de secours aux nécessiteux, le CNTS organise des campagnes encourageant la population au don volontaire de sang et participe au mieux-être des donneurs en offrant l’accès gratuit à certaines analyses préliminaires.

La problématique du sang demeure une inquiétude majeure pour les demandeurs. En effet, lorsqu’on est confronté à un tel scénario, le lieu indiqué est la banque de sang pour se faire approvisionner. Hélas, c’est un processus dénoncé par plusieurs acquéreurs car en principe, le sang ne doit en aucun cas faire l’objet de vente.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est fixée comme objectif d’avoir 90% de dons de sang volontaires, le reste devant provenir de dons familiaux. Mais au Mali le CNTS constate le contraire. Selon son rapport, 70% des dons proviennent des familles contre 30% seulement des volontaires. Une tendance qu’il souhaite inverser, mais les faibles connaissances sur le don du sang font que cette visée reste très ardue. Il s’évertue à fidéliser ses donneurs. Car parmi les 30%, certains sont des habitués et viennent régulièrement donner leur sang pour « aider ». Les hommes sont autorisés à donner leur sang 3 fois dans l’année, en respectant un espacement de 3 mois entre chaque don. Pour les femmes, il est de 4 mois. Les donneurs réguliers reçoivent des cartes qui font qu’eux ou des membres de leurs familles sont prioritaires en cas de besoin urgent de sang.

Conditions obligatoires pour donner son sang

De ce fait, toute personne de 18 à 60 ans, et en bonne santé peut donner son sang. Avant chaque don, on vérifie que le donneur est en condition pour donner du sang. Le médecin contrôle entre autres le poids  qui doit être supérieur ou égal à 55 kilos, et la tension artérielle qui doit être dans la fourchette normale pour l’âge. Le donneur doit également remplir un questionnaire permettant au médecin de s’assurer de son bon état de santé.

La quantité de sang à donner varie en fonction du donneur sans jamais dépasser les 450 millilitres. Le sang est récolté dans une poche de conservation contenant un liquide anticoagulant.

Pénurie de sang au centre national de transfusion sanguine

Dans notre pays, le Centre national de transfusion sanguine fait face à des difficultés et n’enregistre que 30 % de donneurs bénévoles. Son Directeur Général Alhassane Ba avait lancé dans ce sens un appel afin d’augmenter la collecte de sang auprès des donneurs volontaires et bénévoles. En dépit du grand besoin de sang, force est de constater sa rareté. En effet, 75 % des dons de sang sont effectués par des donneurs par compensation. Les donneurs bénévoles ne représentent aujourd’hui que 23%, déplorent les responsables du centre national de transfusion sanguine.

Pour les responsables du centre national de transfusion sanguine, plusieurs facteurs expliquent cette baisse de don volontaire, notamment le manque d’information et de sensibilisation. « On a fait une enquête auprès de la population de Bamako. Il y a certains qui refusent de venir donner leur sang à cause de leur statut sérologique. D’autres disent qu’ils ont peur de l’aiguille. Il y a des gens qui disent aussi qu’ils ne supportent pas de voir le sang », explique Anassa Traoré, Chef du service de communication du CNTS. « Ce qu’il faut faire encore, c’est de financer la communication. Car au moment où je parle, on n’a pas de budget de communication », recommande-t-il.

En tout cas, en la matière, l’Organisation Mondiale de la Santé, par la voix de son représentant résident au Mali, Dr Itama, a rassuré les autorités de la disponibilité de son organisation à renforcer le plateau technique du centre national de transfusion sanguine(CNTS). Cette structure a enregistré 59.418 dons de sang en 2021 avec un taux de 21% de don bénévole et volontaire. Ce chiffre, selon la Ministre de la santé, est en deçà de l’objectif de l’OMS qui recommande 80 à 100% des dons volontaires pour assurer l’autosuffisance en matière de transfusion sanguine. S’agissant de la redistribution, une fois que le sang passe les tests requis, deux antennes mises en place au CNTS se chargent de redistribuer les poches dans des hôpitaux ou certaines cliniques. 13 structures de santé bénéficient actuellement du sang qui provient du CNTS.

Témoignage d’un donateur et d’une bénéficiaire

Aboubacar Dembélé, électricien et donateur volontaire exhorte ses frères maliens à faire acte de citoyenneté. « Depuis 3 ans maintenant, je donne mon sang sans rien attendre en retour. Ainsi, je bénéficie d’une carte qui me permettra à mon tour d’être servi en cas de besoin », raconte-t-il. Selon notre interlocuteur, ce qui anime son geste est l’esprit patriotique.

« Je ne fais partie d’aucune association et je n’attends pas qu’on me le dise pour faire un don. Chaque fois que la nouvelle période arrive, je donne mon sang. Par ailleurs, j’entends des gens dire que des médecins vendent parfois les sangs qu’on donne. Cela n’est pas mon problème, qu’ils en fassent aussi bon usage. C’est toujours un plaisir de savoir que mon sang coule dans les veines d’une autre personne et par la même occasion, savoir que grâce à moi, quelqu’un a pu être sauvé », conclut-il.

Outre notre donneur volontaire, madame Fatoumata Camara nous raconte son calvaire lors de la maladie de son époux. « Pendant son hospitalisation à l’hôpital du point G, les médecins nous demandaient régulièrement d’apporter  des poches de sang et cela se faisait quasiment tous les jours. Son groupe sanguin était AB, et nous devrions faire des efforts considérables pour avoir ne serait-ce qu’une poche de sang. Au début, je partais avec certains de mes enfants qui ont atteint l’âge du don pour procéder à l’échange. C’est-à-dire que lorsqu’on donnait, on en recevait en retour le lendemain. Pour finir, ce système ne marchait pas car l’intervalle de temps entre chaque don ne nous arrangeait pas. Ainsi, on a commencé à acheter avec des personnes pour être rapidement approvisionné. Franchement, après ce calvaire, je ne souhaite à personne d’être dans une situation d’anémie car le problème du sang est très compliqué chez nous ».

Nouvelle disposition en la matière

Lors de sa séance du 05 mai 2022, le conseil national de la transition a adopté et promulgué des lois réglementant la problématique du sang. De ce fait, ce présent projet de loi vise selon le communiqué à renforcer le cadre juridique national par la prise en compte des nouvelles connaissances scientifiques en matière de transfusion sanguine. Il encadre le prélèvement, la qualification biologique, la préparation, l’importation, l’exportation, la conservation, la distribution, la dispensation, la délivrance et l’utilisation du sang humain et ses dérivés. Ainsi, il permettra notamment d’améliorer la disponibilité du sang humain et ses dérivés à l’échelle nationale et de clarifier les rôles des différents acteurs.

Tentant de mieux cerner cette nouvelle disposition, notre rédaction a pris contact avec le CNTS pour expliquer le bien-fondé de ces lois au citoyen lambda. Malheureusement, en dépit des nombreux va et vient du journaliste chargé du dossier, aucun membre de cette structure n’a souhaité s’expliquer. Une réaction qui laisse perplexe !

Ahmadou Sékou Kanta

Source: L’Observatoire

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