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“Dissensions entre le Mali et ses partenaires’’: Dr Boubou Cissé très inquiet des conséquences !

L’ancien Premier Ministre, Dr Boubou Cissé s’est encore prononcé sur l’actualité de son pays dans les colonnes de l’hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique du mercredi 16 juin 2021. Il est revenu sur l’affaire de complot contre le gouvernement dont il était l’un des accusés, le double coup d’État, le départ des partenaires du Mali, ses relations avec les nouvelles autorités et ses ambitions pour le Mali Kura.

Dans cette interview, il est brièvement revenu sur son accusation au sujet du « complot contre le gouvernement » qui l’avait obligé à se faire discret pendant plusieurs mois. “Néanmoins j’ai toujours eu confiance en la justice de mon pays. Elle a prouvé qu’elle pouvait être indépendante et crédible le 19 avril, quand la Cour Suprême a invalidé tout ce qui nous était reproché, à savoir la tentative de déstabilisation, de complot et de coup d’État’’, a-t-il fait savoir.

Sur le coup d’État du 24 mai dernier, l’ancien Premier Ministre a fait savoir qu’ “une Transition est une situation d’exception au cours de laquelle il n’est pas rare de voir apparaître une fragilité des équilibres’’. Pour lui, ce n’est pas un fait nouveau dans la mesure où le même scénario s’était produit en 2012.

« Il serait néanmoins prématuré de tenter de dévaluer ce qui s’est passé ces dernières semaines parce que la séquence n’est, à mon sens, pas terminée. Il va falloir rester attentif et être prêt à aider pour faire en sorte que tous ensemble, nous puissions apporter les solutions qu’il faut là où il faut », a-t-il conseillé.

Parlant des inquiétudes, Boubou Cissé souligne l’importance de voir la Transition respecter la date fixée en organisant “les élections présidentielles en février prochain comme prévu’’. Mais faudrait-il que le scrutin puisse être libre, transparent et crédible et que ses résultats soient acceptés de tous. Toutefois, l’ancien fonctionnaire international dit être prêt à apporter sa pierre à la construction du Mali Kura, bien qu’il n’a pas été à ce jour sollicité. “Si je peux apporter mon aide en tant que citoyen, je le ferai’’, dit-il.
Sur ses ambitions politiques, Boubou Cissé a réitéré sa volonté de trouver “le moyen de fédérer les Maliens’’ pour qu’ensemble, ils réfléchissent aux solutions qui permettront de sortir le pays des difficultés. “Toute autre intention est dépourvue de sens’’, a-t-il clarifié.
Il déplore le fait que les condamnations et sanctions pleuvent de toute part et il ne faudrait pas que la situation se complique davantage.
Crainte des conséquences des dissensions
L’ancien ministre de l’Économie et des Finances s’est inquiété des conséquences du coup de force du 24 mai ayant conduit les États-Unis et la France à suspendre leur coopération militaire avec le Mali.
Boubou Cissé estime que la situation est “évidemment préoccupante’’ ; car elle pourrait conduire à un affaiblissement de nos capacités militaires et avoir un impact sur le moral de nos troupes qui étaient parfois plus en confiance avec les forces de l’opération de Barkhane. “Il ne faut pas que nos ennemis parviennent à exploiter ces dissensions entre le Mali et ses partenaires’’, s’est inquiété l’ancien Premier Ministre ajoutant que le retrait de la Banque Mondiale qui dispose d’une trentaine de projets en cours, dans tous les domaines (santé, éducation, infrastructures, énergie, assainissement…), met temporairement en pause les décaissements, pour un montant estimé à 900 milliards de francs CFA.
Toutefois, il fait comprendre que pour rassurer les bailleurs de fonds, les nouvelles autorités doivent s’engager à suivre les recommandations issues du Sommet d’Accra, en respectant le chronogramme initial fixé en février 2022 pour la fin de la Transition.
Se concentrer sur le scrutin présidentiel
À huit mois de la fin de la Transition, le chronogramme des élections est tenable si seulement si l’on se concentre uniquement sur l’organisation du scrutin présidentiel, a déclaré l’ancien
Premier Ministre, Boubou Cissé. “Je pense que c’est faisable dans le temps qui nous est imparti, mais à condition que nous puissions nous mettre d’accord sur quelques préalables…nous devons nous concentrer sur le scrutin présidentiel’’, a-t-il conseillé.

Faut-il le rappeler le chronogramme initial qui prévoit la tenue d’un référendum en octobre, puis des élections locales en décembre et enfin le couplage des scrutins présidentiel et législatif en février. Pour lui, “ce n’est pas tenable’’.

Sur la mise en place d’un organe unique pour organiser les scrutins, rejetée par le gouvernement Moctar Ouane, Boubou Cissé estime que c’est la volonté manifeste des forces vives, mais au regard du temps qu’il reste, “sa mise en place va être compliquée’’. Il préconise le renforcement des pouvoirs de la commission électorale avec plus de prérogatives.
Quant à l’Accord d’Alger, il a permis de trouver un compromis en 2014 et 2015 face à la situation, dit l’ancien Premier Ministre qui ajoute qu’il faut d’arrêter les affrontements entre les mouvements signataires et l’État. Cependant, il est favorable qu’on révise cet Accord, comme l’avait proposé le Dialogue national de 2019 “si cela permet d’être plus efficace’’.
K. Kevin

Source: LE COMBAT

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