Ayant lutté avec les armes de l’intelligence, de la finesse diplomatique, de la patience, de la probité pour réconcilier les frères Angolais, Me Alioune Blondin BEYE aura payé de sa vie cette mission «suicidaire». 18 ans après sa disparition, le Club qui, porte son nom, a rendu, hier, un vibrant hommage au messager de la paix en Angola. C’était à l’Ecole de maintien de la paix qui porte son nom.
Le 26 juin 1998, Maître Alioune Blondin BEYE, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le processus de paix en Angola et 7 de ses collègues ont trouvé la mort dans un accident d’avion, près d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Hier dimanche 26 juin, anciens collègues, famille et amis et surtout les membres du Club et Promotions qui portent son nom se sont réunis, à l’Ecole de maintien de la paix, pour célébrer le 18è anniversaire de cette disparition tragique.
L’événement était placé sous le haut patronage du ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine, Abdoulaye DIOP.
Des discours et des témoignages sur la vie et le parcours de cet homme au destin exceptionnel ont marqué cet événement dont l’éclat a été rehaussé par la présence d’un parterre de personnalités parmi lesquelles : l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoun DIALLO ; l’ancien Premier ministre Soumana SAKO, des anciens Ambassadeurs et collègues du disparu ainsi que sa veuve et sa fille, les représentants des promotions (ENA et EMIA) qui portent son nom.
En tout cas, cette commémoration du 18è anniversaire a été sentie pour les uns et les autres non pas comme un jour de tristesse, mais celui du souvenir, du devoir de mémoire envers tous ceux qui ont été associés à « la grande aventure angolaise ».
Pour le Guide du Club, Alassane DIARRA, maître BEYE est un grand homme d’Etat historique, un homme de décision qui a réalisé des grands œuvres d’une élévation égale à la noblesse de sa vision.
Aussi, était-il un personnage qui a lutté avec les armes de l’intelligence, de la finesse diplomatique, de la patience, de la probité pour défendre avec conviction une cause juste.
Pour M. DIARRA, le parcours de leur idole a forte marque l’histoire et continuera longtemps à fasciner la jeunesse pour qui le nom de Maître Alioune Blondin BEYE est un symbole de générosité, de dialogue et d’espoir. Homme de foi pour qui le sens de l’honneur et l’exigence du devoir bien accompli avaient valeur de serment, Me BEYE, d’après plusieurs témoignages poignants de ses anciens élèves, parmi lesquels: l’ancien Premier ministre Soumana SAKO et l’Ambassadeur Sékouba CISSE, était un fervent avocat de la cause de la paix, homme de principe et de conviction profondément attaché aux valeurs de justice sociale, un homme d’action qui n’a jamais baissé les bras devant l’adversité, voire les situations jugées les plus critiques. Voilà pourquoi malgré la complexité et les difficultés de la mission à lui confiée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, mission qu’il a lui-même reconnu comme « Suicidaire », il accepta et sauta dans l’avion pour réussir le pari de la réconciliation entre les frères ennemis angolais.
En parlant de la vie et du parcours de l’illustre disparu, le ministre DIOP a retenu de l’homme comme un professeur émérite, un avocat hors pair et un homme politique qui a été ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture puis ministre des Affaires étrangères de la République du Mali. Il a été également membre de la Commission africaine des droits de l’Homme.
Dans le cadre de la guerre civile qui frappe l’Angola depuis 1975, Maître Alioune Blondin BEYE y est nommé en juin 1993 Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU (RSSG). Dans ce pays, il a été successivement chef de la Mission de Vérification de l’ONU (UNAVEM II et UNAVEM III) de juin 1993 à juin 1997, puis chef de la Mission d’observation de l’ONU (MONUA) de juillet 1997 à juin 1998.
Alioune Blondin BEYE réussit grâce à son sens de la médiation et de la diplomatie, à sa forte personnalité et son profond engagement à réunir autour de la table de négociations les protagonistes de la guerre civile angolaise. C’est sous son impulsion que le gouvernement de Luanda et les représentants de l’UNITA signent un accord de cessez-le-feu à Lusaka, le 20 novembre 1994, mettant ainsi fin à plus de 20 ans de guerre civile ayant fait plus de 500 000 morts.
Malheureusement, il décède dans un accident d’avion, au large de la Côte d’Ivoire, le 26 juin 1998. Il se trouvait alors en mission commandée de l’ONU. Sa disparition est durement ressentie par toute une nation, le Mali, mais aussi par toute la Communauté internationale qui loue, encore aujourd’hui, la persistance de son action en faveur de la paix.
Aujourd’hui plus de 50 enfants portent son nom en Angola, en signe d’hommage à son action.
La promotion de tout processus de paix est une tache difficile. Elle demande de l’intelligence, de la persévérance et une grande habilité à la tache. Et Maître BEYE, selon le ministre des Affaires étrangères, avait toutes ces trois qualités en abondance. Car son intelligence était assortie d’humilité ; son dévouement pour un monde apaisé était en harmonie avec ses actions.
Par Mohamed D. DIAWARA