Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement,
Monsieur le Président du Panel des Hautes Personnalités,
Monsieur le Président de la Commission d’Organisation
Mesdames, Messieurs les membres du Panel des Hautes Personnalités,
Mesdames, Messieurs les membres de la Commission d’Organisation,
Mesdames, Messieurs les cadres de la Haute Administration d’Etat,
J’ai tenu à vous rencontrer en cette fin de matinée pour des précisions susceptibles de vous aider dans l’accomplissement des missions qui vous sont confiées ; plus précisément sur la Transition : ce qu’elle n’est pas, ce qu’elle est, comment nous entendons la conduire, quelle doit être votre contribution à sa conduite.
La transition n’est pas à concevoir comme une politique fondée sur la simple substitution d’une équipe d’hommes et de femmes à une autre équipe. Pour se convaincre de cela, il suffit de rappeler les circonstances de son instauration. Tout est parti d’une élection présidentielle qui, par sa mauvaise organisation a dérouté plus d’un de nos compatriotes. Je ne reviendrai ni sur l’organisation, ni sur le déroulement. Je ferai seulement retenir qu’à terme, les forces patriotiques se sont mobilisées pour que prennent fin des pratiques qui jurent avec l’exercice de la démocratie.
Le 18 août 2020, un changement de régime s’est opéré. L’espoir suscité par l’événement a été de courte durée. Une rectification s’est révélée nécessaire. Elle est intervenue à la suite des événements du 24 mai 2021. Le colonel Assimi Goïta est reconnu Président de la transition, Chef de l’Etat, nomme un Premier et, au gouvernement formé par ce Premier ministre, expose, en ces termes, sa vision politique, vision qu’il rappelle aux légitimités traditionnelles lors de la rencontre qu’il a eue avec elles, à Koulouba, le 12 novembre 2021. Je le cite :
« Nous sommes un régime de transition. Aussi, et pour cette raison, notre mission revêt une double dimension. En effet, il nous incombe d’œuvrer pour faire sauter des verrous, lever des entraves, surmonter des handicaps afin de recréer, de refonder et transmettre à nos successeurs un Etat fort et des institutions stabilisées.
Dans la plus grande collégialité, il vous revient de capitaliser des acquis, de rompre avec des pratiques ayant provoqué la défiance des populations vis-à-vis de l’Etat, de fédérer l’ensemble des forces patriotiques et susciter leur adhésion ; le tout, pour fonder l’Etat sur des institutions adaptées à nos réalités ». Fin de citation.
Si j’ai repris ce passage, c’est qu’il est suffisamment explicite sur le contenu à donner à la Transition. Vous aurez retenu, avec moi, un certain nombre de mots et d’expression. Ils peuvent être classés et faire distinguer que la tâche assignée par la première Institution de la Transition comporte, dans son exécution, quatre étapes.
La première étape consiste à « sauter des verrous », « lever des entraves », « surmonter des handicaps ». En d’autres termes, il est question pour nous, de mettre fin à une série de pratiques, de comportements qui jusque-là empêchent de mobiliser pour produire et répartir, de manière équitable, les fruits de la production. Nul ne peut, en ces instants-ci, nier la nécessité de rompre avec ces pratiques et comportements que vous me permettrez de ne pas énumérer, tant ils sont connus de tous.
La seconde étape conduit, « à recréer », à « refonder ». Une fois rejetées les pratiques décriées, il s’agit de maintenir constant l’effort et d’œuvrer pour instaurer le renouveau. Sur ce point, le Programme d’Action du Gouvernement, inspiré par la vision du Président de la Transition délimite clairement le champ d’action.
Tous les chantiers seront revisités dans le sens de leur remise à niveau. Toutefois, avec le souci de ne pas disperser les efforts et de se fixer des indicateurs vérifiables à l’heure du bilan, quatre chantiers ont été identifiés comme prioritaires. Ils sont ceux énumérés comme il suit :
▪ renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ;
▪ réformes politiques et institutionnelles ;
▪ organisation des élections générales ;
▪ promotion de la bonne gouvernance.
L’exécution du Programme d’Action du Gouvernement autorisera l’accès au résultat escompté, troisième étape à atteindre et qui consiste à « transmettre à nos successeurs un Etat fort et des institutions stabilisées, fonder l’Etat sur des institutions adaptées à nos réalités ». Ici se traduit, dans toute sa plénitude, notre ambition : instaurer le Nouveau-Mali, le Malikoura et cela, pour nous, certes, mais également, pour notre postérité.
La quatrième étape renvoie à la manière dont nous devrions nous y prendre pour réussir notre action de reconstruction. Il est impérieux pour nous tous d’agir dans « la plus grande collégialité». En d’autres termes, le mot d’ordre qui s’impose est « unité d’action pour le sursaut national ».
Que cette unité soit prônée, recommandée, justifie les différentes entreprises allant dans le sens de rassembler toutes les forces acquises au changement. A ce propos, le Président de la Transition a insisté sur le mot « Inclusivité ».
Plus d’une action a été menée pour rendre effective cette inclusivité : mes rencontres avec les partis politiques et les acteurs de la société civile, mes prises de contact avec mes prédécesseurs et les légitimités traditionnelles, les récentes rencontres, d’une part entre le Président de la Transition et, d’autre part, les légitimités traditionnelles et les regroupements de partis politiques.
C’est également dans le but de rassembler le plus largement possible que s’inscrivent les activités du ministre chargé de la Refondation dans ses prises de contact avec des partis politiques.
Mesdames, Messieurs,
Vous l’aurez perçu, la Transition est un passage : passage d’un état des choses ne donnant nullement satisfaction à un état des choses conçu pour autoriser l’épanouissement des hommes et des femmes dans une société réconciliée avec elle-même. Les quatre étapes que comporte l’exécution des tâches à mener pour la réaliser font songer au travail de la terre : il nous faut commencer par dessoucher, sarcler et biner ; puis, sur le terreau amendé, planter et, après avoir planté, récolter et engranger ; le tout dans un élan de solidarité nationale.
Je vous ai parlé du Programme d’Action du Gouvernement. Il donne des indications pour orienter l’action de l’exécutif. Sa mise en œuvre resterait incomplète si ne se tenaient les Assises Nationales de la Refondations (ANR).
D’avance, je donne l’assurance qu’elles ne seront ni des assises de trop, ni des assises susceptibles d’opposer une catégorie de Maliens à d’autres Maliens. Les Assises Nationales de la Refondation sont conçues pour restituer la parole au peuple souverain, qu’il se prononce sur son destin, qu’il soit l’artisan du projet politique national, et qu’il procède aux indispensables réformes politiques et institutionnelles.
Le Programme d’Action du Gouvernement a retenu, parmi ses quatre axes, l’organisation des élections générales. Pour les réussir, il a été retenu, demande forte de l’ensemble de la classe politique, tout comme du reste, les Assises Nationales de la Refondation, la création d’un organe unique de gestion des élections (OUGE).
Qu’il s’agisse des Assises nationales ou de l’Organe Unique, des avancées significatives ont été réalisées. Un chronogramme a été élaboré, des termes de références validés, deux organes, le Panel des Hautes Personnalités et la Commission d’organisation, installés. Des indications précises ont été formulées à leur intention lors de leur installation solennelle.
Mesdames, Messieurs de la Haute Administration d’Etat,
Mes derniers mots concernant la Transition, sa signification, son contenu, vous sont adressés, sous forme d’une INSTRUCTION. Vous aurez à collaborer avec les membres des deux organes ci-dessus nommés. Des demandes pourraient vous être adressées. Je vous exhorte à les satisfaire avec diligence, esprit de responsabilité et de collégialité.
Vous n’ignorez nullement le rôle qui est le vôtre dans la bonne marche des affaires de l’Etat. Vous êtes, avec les chefs des départements ministériels desquels vous relevez, mes principaux collaborateurs pour la mise en œuvre de la politique définie par le Président de la transition. Aussi, comme seconde INSTRUCTION, je vous exhorte à faire de l’amélioration constante du service de l’Etat une préoccupation.
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai terminer sans quelques considérations sur nos rapports avec nos partenaires.
La Cedeao a décidé de nous sanctionner. Nous en prenons acte tout en déplorant la décision. Pourtant, la concertation fondée sur la bonne foi aurait permis l’instauration d’une fructueuse collaboration. Elle nous a opposé la réalité des textes. Nous lui avons opposé le principe de réalité (la réalité du terrain).
Nous sommes prêts à aller aux élections, mais en ayant auparavant, comme du reste elle a eu à nous le recommander, dans un passé récent, procédé à un amendement des textes afin d’éviter les crises politiques et les contestations postélectorales répétitives.
D’aucuns ont parlé de bras de fer entre nous et l’organisation subrégionale. Il n’en est rien. D’autres ont parlé d’étouffement. Nous nous posons la question : quel intérêt des pays que nous considérons tous comme des pays frères ont-ils à nous étouffer ?
On a parlé de nuages, de froid, à propos de nos relations avec la France. Pourtant, nulle n’est mieux placé que la France pour comprendre nos aspirations profondes.
N’est-ce pas elle qui, mettant fin à l’absolutisme royal a inspiré aux peuples le droit de penser et d’agir par eux-mêmes et pour eux-mêmes contre les puissants et les tortionnaires ?
La patrie des droits de l’Homme et du Citoyen peut-elle vouer aux gémonies des hommes aspirant à se prendre en charge hors de toute tutelle étrangère ?
Entre nous et la France, les liens sont si solides qu’ils résisteront aux humeurs passagères.
L’on a essayé de nous dissuader de nouer un partenariat avec la Russie. C’est vite oublier les données de notre histoire contemporaine. Peu de pays dépassent l’ex-URSS dans la mobilisation de l’aide au développement en faveur du Mali.
Enfin, certains ont parlé d’isolement. A cela, je réponds, le Mali n’a jamais été isolé, le Mali ne sera jamais isolé. Il suffit d’en juger par le nombre de pays, et pas des moindres, qui ne cessent de lui apporter leur appui multiforme comme récemment, lors de la 76è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et du vote au Conseil de sécurité pour décider de l’augmentation de l’effectif de la MINUSMA.
Ce qui doit être clair pour tous, est que les Maliennes et les Maliens, dans leur écrasante majorité, ont opté pour une Transition de rupture. C’est une donnée non négociable car il en va de notre renaissance pour cesser d’être le vieil homme malade de l’Afrique de l’Ouest et reprendre notre place dans le concert des nations en jouant de nouveau le rôle de pays-phare que nous avons été trois décennies durant.
Mesdames, Messieurs,
J’estime vous avoir suffisamment édifié sur ce que représentent, pour les forces patriotiques, la Transition, les Assises nationales, l’Organe Unique de gestion des élections. Je vous ai également entretenu de l’indispensable collaboration qui doit s’instaurer entre cadres de la Haute Administration d’Etat et les membres des organes chargés de la conduite des Assises nationales. Je sais compter sur le dévouement patriotique de chacun, de chacune d’entre vous et, je voudrais terminer en formulant le vœu : qu’Allah bénisse le Mali !
Je vous remercie.