Le top départ de la dernière phase a été donné samedi par le président de la République. L’évènement a regroupé plus de 3.000 Maliens, toutes sensibilités confondues, au Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ. Ibrahim Boubacar Keïta a appelé les participants à des débats sans concession, civilisés et courtois
Ce samedi 14 décembre 2019 restera gravé à jamais dans les annales des grands événements de la République du Mali. Sur la berge du fleuve Djoliba dont les eaux coulent tout doucement vers les régions septentrionales, le Palais de la culture Amadou Hampâté Ba accueillait plus de 3.000 Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur. Ils s’étaient donné rendez-vous pour le top départ de la dernière phase du Dialogue national inclusif (DNI).
Les représentants des partis politiques et groupements de partis politiques, ceux des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CMA et Plate-forme), des organisations socioprofessionnelles et syndicales, des autorités coutumières, des confessions religieuses ont tous répondu à l’invitation du Comité d’organisation du Dialogue national inclusif. Tous étaient là pour dialoguer, se parler afin de sortir notre pays de l’impasse.
À 10h10, le président de la République, tout de blanc vêtu, symbole de la paix et de l’espoir, a fait son entrée dans la grande salle du Palais de la culture déjà noire de monde. Au présidium, Ibrahim Boubacar Keïta a pris place aux côtés des membres du Triumvirat (le Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, l’ancien Premier Ousmane Issouffi Maïga, l’ancienne ministre de la Culture et du Tourisme, Aminata Dramane Traoré) et du président du Comité d’organisation, Cheick Sidi Diarra.
SUR LES CHAPEAUX DE ROUES- Après l’exécution de l’hymne national et le mot de bienvenue du maire de la Commune V, Amadou Ouattara, le président du Comité d’organisation a résumé le chemin déjà parcouru. Cheick Sidi Diarra a relevé que depuis le 14 septembre 2019, date du début de l’atelier de validation des termes de référence, tout est allé sur les chapeaux de roues. À ce propos, il a affirmé que les concertations au niveau des communes, des régions, du district de Bamako et de la diaspora, qui ont mobilisé des milliers de nos compatriotes de tous bords, ont été très fructueuses d’un point de vue aussi bien quantitatif que qualitatif.
En effet, les concertations dans les 605 communes ont donné lieu à l’adoption d’environ 32.451 recommandations et résolutions dont 6.382, rien que pour la première thématique consacrée à la paix, la sécurité et au vivre ensemble. La deuxième thématique consacrée aux questions institutionnelles et politiques a suscité 5.061 recommandations et résolutions. En outre, la synthèse des rapports de vingt ambassades et consulats a également permis d’extraire 282 recommandations et résolutions sur l’ensemble des six thématiques.
«Nous considérons ce résultat comme positif. Il exprime les craintes et les aspirations des Maliens en ce moment précis de notre Histoire», a déclaré le président du Comité d’organisation, ajoutant que c’est une chance inégalée que le peuple accepte de s’exprimer sur ses préoccupations majeures de l’heure et d’offrir des pistes de solution dans la courtoisie et dans le respect de l’État de droit. «C’est tout à l’honneur de nos concitoyens. C’est l’illustration de la maturité de notre Nation. Cette chance, nous devons la saisir de toutes nos forces pour la traduire en avancées irréversibles pour notre démocratie, en faveur de la consolidation de l’État de droit et de la bonne gouvernance. Nous nous devons de la transformer en une action salvatrice pour la Nation tout entière», a-t-il souhaité.
Pour l’ambassadeur Diarra, la dernière ligne droite du processus sera l’occasion de faire la synthèse de ce qui a été dit à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de consolider les recommandations et résolutions, de les enrichir en y apportant la perspective nationale à travers un débat franc et orienté vers l’action.
5 MILLIONS DE CONTRIBUTIONS- Prenant la parole, le porte-parole du Triumvirat, Ousmane Issoufi Maïga, a tenu à dire que depuis son installation le 25 juin dernier par le président de la République, le trio a travaillé en toute indépendance. Les facilitateurs comme on les appelle ont, en effet, consulté les anciens présidents de la République, les anciens Premiers ministres, les présidents des institutions de la République et les Autorités administratives indépendantes. Ils ont également écouté toutes les forces politiques et sociales de la Nation, à savoir les partis politiques, les groupements de partis, les acteurs de la société civile, le secteur économique, les légitimités traditionnelles, les leaders religieux, les syndicats, les associations des jeunes et des femmes, les Chambres consulaires, les organisations de presse, les mouvements et groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et ceux ayant adhéré à l’esprit de l’accord.
L’ancien Premier ministre a relevé que l’engouement était tel que le site Internet créé à cet effet, a reçu plus d’un million de visites. Les visiteurs ont laissé plus de cinq millions de contributions. Il a salué le président de la République et le gouvernement pour leur soutien, ainsi que l’ensemble de nos compatriotes pour leurs contributions pertinentes au processus du DNI.
Dans son intervention, le président de la République a souligné la nécessité du Dialogue national inclusif pour sortir notre pays de la crise qu’il traverse depuis des années. «Acceptez tout d’abord que je rende grâce au Tout-Puissant d’avoir rendu possible qu’en cette heure et en ces lieux, nous nous retrouvions pour parler Mali, réfléchir Mali, respirer Mali !», a-t-il déclaré.
Le chef de l’État notera que le Mali divers mais uni, était dans la salle Bazoumana Sissoko. « Il est venu de toutes les régions, de toutes les ethnies, de toutes les confessions, de tous les âges, de toutes les opinions. Je me réjouis de la mosaïque ici recréée pour que les uns et les autres échangent, pour que les uns puissent changer les autres, et que tous conviennent que la diversité est notre plus grande richesse et l’unité notre plus grand souci », a-t-il soutenu.
SOUCI DE LA PAIX- Le président Ibrahim Boubacar Keïta a particulièrement salué la présence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). «Nous avons eu nos désaccords. Nous les avons encore. Mais parce que nous avons tous souci de la paix, de la convivialité, nous avons fait en sorte qu’ils soient là ! Bienvenue parmi nous, à tous les représentants des ex-mouvements armés ici présents pour prendre part à la construction et à la consolidation de la paix et du bien-être au profit de chacune de nos communautés, mais aussi au profit de l’ensemble national. Tel est le Mali : de Kayes à Ménaka, de Sikasso à Kidal, de Ségou à Mopti…», a-t-il dit.
Par ailleurs, le président Keïta a indiqué que les axes qui seront débattus lors de ces assises sont d’une pertinence avérée. Il s’agit, selon lui, de faire des propositions pour renforcer la légitimité des autorités politiques et les institutions de la République, de corriger notre gouvernance, d’instaurer la paix et la sécurité dans notre pays de façon pérenne. À ce propos, le chef de l’État a appelé à des débats sans concession, civilisés et courtois, en droite ligne avec les valeurs qui sont celles de ce terroir : vérité, sincérité, convivialité. Il a salué le Triumvirat, le Comité d’organisation et tous ceux qui ont travaillé pour qu’on arrive à la phase finale du Dialogue national inclusif.
Le président de la République a aussi exprimé ses profonds respects à ses devanciers. Il a vivement salué la mémoire du père de l’indépendance, le président Modibo Keïta. Il a aussi salué les présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Dioncounda Traoré pour avoir apporté leurs contributions intelligentes et précieuses au processus du DNI.
Madiba KEITA
Source: Journal l’Essor-Mali