Ce dialogue qui est tout, sauf inclusif, ne saurait être que celui d’une seule vision. Ses conclusions seront celles du pouvoir et ses alliés. Au finish, toutes les vérités ne seront pas dites, le pouvoir imposera les instructions reçues du jeune Macron depuis l’Élysée.
Le dialogue a peut-être été ouvert à toute la nation, mais cela ne saurait en faire un dialogue inclusif si les organisateurs n’arrivent pas à convaincre toutes les parties concernées à y prendre part activement. Comment tenir aujourd’hui de telles assises sans les mouvances Soumaïla Cissé et Mme Sy KadiatouSow ? Ces hommes et ces femmes sont des valeurs sûres de la classe politique et de la société civile de notre pays. De Kayes à Ménaka, ils sont représentatifs et à l’écoute de toutes les couches sociales et circonscriptions politiques de notre pays. Ils ne pouvaient qu’enrichir le dialogue qui apparait, sans eux, comme un monologue qui ne dit pas son nom. Et d’ailleurs, si le pouvoir en place avait la solution, pourquoi un dialogue national inclusif dont les frais serviraient à d’autres dépenses, notamment en faveur des forces armées de défense et de sécurité ?
Comment peut-on échouer à faire venir dans les débats un Soumaïla Cissé si humble, si intelligent et si imbu des réalités maliennes alors qu’au même moment on accepte dans ce dialogue les détracteurs du Mali que sont les mouvements armés contre notre pays. Ce jeu fait-il partie des instructions de Macron ?
Et d’ailleurs, l’on constate que dans son discours d’ouverture le Président procède par des accusations à l’endroit des Maliens :
” Mais il importe que nos compatriotes mesurent que s’en prendre à la Minusma, c’est s’en prendre surtout aux forces sénégalaises, burkinabé, togolaises, ghanéennes, tchadiennes. Cela est si inconfortable pour notre honneur de Malien, d’Africain !
Pareillement, nous devons dépasser le complexe colonial, vis-à-vis de la France. Nos parents étaient engagés par elle sur les fronts des deux grandes guerres mondiales. Aujourd’hui, elle est notre alliée et ses soldats tombent sur notre sol comme les nôtres. Sachons raison garder ! “
Monsieur le Président, il faut faire la part de choses entre ” critiquer ” et ” s’en prendre ” à la Minusma qui du reste, si vous l’oubliez, renferme également des Maliens (civils et militaires). La Minusma doit répondre d’abord aux aspirations des Maliens et alors ne saurait être exemptés de nos critiques, tout comme vous IBK, tout comme l’allié Macron. Allez savoir ce qu’en pensent les Burkinabés, les Nigériens, les Tchadiens, les Français et d’autres qui sont véritablement aux côtés des Maliens. Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous Maliens avons le droit et le devoir d’informer, de sensibiliser les populations et de critiquer des faits et gestes de l’ensemble des acteurs maliens et étrangers de tout processus vital visant notre pays.
Monsieur le Président, tout le monde a applaudi quand Serval est venu. Mais tous les Maliens ont déchanté par la suite donnée à cette affaire. Nous avons tout compris, nous aimons notre pays, nous le défendrons à tout prix.
Mais concernant le dialogue national dit – par défaut – inclusif, le vin est tiré, il faut le boire. Le pouvoir en place démontre une fois de plus son incapacité à relever le défi de la cohésion et de l’expression plurielle. La démocratie malienne a encore du chemin à faire.
Mamadou DABO
Source: Zénith Balé