Finalement, les groupes armés signataires de l’accord d’Alger, notamment la CMA et la GATIA, participeront au dialogue national inclusif initié par le gouvernement malien. Et, c’est une bonne chose. Toutefois, il ne s’agit pas de dialoguer pour dialoguer. Il faut qu’à l’issue du processus, on puisse trouver des solutions qui permettront d’avancer ensemble dans la résolution de la crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis 2012.
Le dialogue national inclusif initié par le gouvernement malien dans le cadre du processus de réconciliation entre Maliens, s’est ouvert en début du week-end sous la présidence du président de la République, chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita et de nombreux Maliens venus écrire une page de l’histoire du Mali. Cette seconde phase qui réunit tous les acteurs, couronne celle qui a consisté à rédiger des termes de référence inclusifs et des concertations communales et régionales.
C’est finalement un grand jour pour le peuple malien qui s’est réuni pour discuter de la meilleure façon de cheminer ensemble dans la paix, la concorde et le développement du pays. Un grand rendez-vous pourtant boycotté par d’autres Maliens qui ne partagent pas la même vision. Mais, le plus important, c’est qu’il y ait des Maliens qui décident d’amorcer ce dialogue si nécessaire à chaque fois que la paix et la cohésion nationale sont en péril. Et c’est le cas actuellement.
Depuis 2012, une rébellion armée soulevée par des combattants touareg au nord du Mali, menace la stabilité de tout le pays. Cette rébellion armée a fait déplacer de nombreuses populations de leur lieu de résidence pour en faire des réfugiés et/ou déplacés de guerre ; a occasionné également de nombreux morts et blessés sans compter les dégâts matériels. Le tissu économique, culturel, social s’est retrouvé durement touché affectant la survie de la population. Le Mali qui, hier, cité comme havre de paix et modèle de cohabitation pacifique, est le théâtre d’une guerre communautaire et intercommunautaire sans compter le terrorisme armé qui détruit tout. Bref ! Au Mali, tout est relit en cause. Et la seule solution, selon de nombreux observateurs, c’est le dialogue entre Maliens. D’où l’organisation de ce dialogue national inclusif par le gouvernement du Mali.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Une chose c’est d’organiser le cadre du dialogue ; Une deuxième chose, c’est de faciliter ce dialogue. Mais la troisième chose qui parait la plus importante, c’est l’aboutissement réussi du dialogue par un consensus autour de quelque chose qui permet de quitter le statuquo. Et cela n’est pas gagné d’avance pour ce dialogue national inclusif pour lequel quatre personnalités connues du grand public malien, ont été sollicitées pour l’organisation. Il s’agit de Baba Akhib Haïdara, Médiateur de la République ; Ousmane Issoufi, ex premier ministre ; Aminata Dramane Traoré, ex ministre et de l’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra.
Un dialogue qui a été déjà contesté dans sa forme par certaines organisations civiles et politiques et qui justifie leur absence dans le processus. Dès lors, il est à craindre que les participants à ce dialogue ne puissent parvenir à un consensus même sur le minimum qui permet d’avancer.
Tout consensus repose sur des sacrifices, des concessions. Ceux qui participent au dialogue, sont-ils prêts à faire des concessions ? Sont-ils prêts à quitter leurs positions radicales pour aller à la recherche des intérêts communs qui amèneront vers le consensus ? C’est le principal défi du dialogue national inclusif.
El Hadj Tièmoko Traoré
Source: Le Pouce