La chaleur représente un stress pour l’organisme, ce qui peut engendrer une augmentation du taux de sucre dans le sang. La canicule est une période difficile pour les diabétiques. Dr Ibrahim Niantao, endocrinologue et diabétologue, exerçant au Centre de lutte contre le diabète, définit le diabète comme une hyper glycémie chronique, c’est-à-dire une concentration excessive et chronique de sucre dans le sang. On n’en guérit pas.
Cependant, le praticien explique qu’on peut prendre des mesures pour le stabiliser ou réduire son impact. Pour lui, le diabète peut concerner tout âge. Essentiellement, il existe deux grandes formes de diabète. Le diabète de type 1, celui du sujet jeune de moins de 30 ans, représente environ 10%. Le type 2 concerne les personnes âgées de plus de 40 ans. C’est la forme la plus répandue (environ 85 à 90%) des diabètes.
La grande chaleur est une période difficile qui coïncide avec l’apparition des infections intercurrentes (celles-ci interviennent au cours de la maladie sans qu’il y ait une relation directe entre les deux), notamment, les infections cutanées. Selon les explications du spécialiste, ces infections vont entrainer un déséquilibre du diabète. Or, lorsque le taux de sucre monte, cela entraîne une fuite urinaire avec perte d’eau.
Selon lui, lorsque la chaleur entraîne une perte hydrique par la peau et une envie fréquente d’uriner cela peut provoquer un état de déshydratation.
Dr Ibrahim Niantao souligne que cet état de déshydratation peut être sévère surtout chez les sujets âgés qui perçoivent peu la sensation de soif.
Le diabétologue ajoute que ces personnes qui se déshydratent énormément vont développer une des complications majeures du diabète, appelé hyperosmolarité. Il s’agit d’une concentration excessive de sucre; qui souvent, n’est pas facile à détecter.
L’endocrinologue signale que l’hyperosmolarité a comme conséquence, une grande perte d’eau et la fragilisation du corps des personnes âgées pouvant conduire à un coma.
À en croire le spécialiste, il y’a en cette période de chaleur l’explosion de la plupart des maladies intercurrentes, vu que la canicule correspond également à une réduction de la défense du corps. Le médecin diabétologue indique que le diabète est responsable, d’une part, de l’affaiblissement de la défense du corps. Si on ajoute l’affaiblissement dû à la canicule, cela expose la personne diabétique à toute sorte d’infections, notamment celles de la peau. Ces infections contribuent également à déséquilibrer le diabète. C’est pourquoi, dit-il, on remarque une forte mortalité diabétique en cette période ainsi que la découverte de nouveaux cas de diabète.
Dr Niantao précise notamment que le jeûne en période de chaleur n’est pas du tout conseillé pour les diabétiques. Il révèle que cela peut fortement contribuer à dégrader leur état de santé et dans le pire des cas conduire à un coma.
Le toubib précise qu’en plus de l’hyperosmolarité, il peut avoir le coma par acidocétose qui est un empoissonnement du sang dû à l’excès de sucre et à une pénurie de sécrétion de l’insuline.
L’hyperosmolariité et l’acidocétose sont deux complications redoutables qui sont aiguës et irréversibles et peuvent conduire à une mort certaine si la prise en charge n’est pas adéquate. « Ces complications rentrent dans un cercle vicieux et sont responsables souvent de la décompensation des facteurs sous-jacents, notamment, la détérioration de la fonction des reins et peut provoquer des anomalies au niveau du cœur », déclare-t-il.
Selon notre diabétologue, ces problèmes supplémentaires sont entretenus par le déséquilibre du diabète, ce qui peut augmenter de manière significative la mortalité. Tout ceci revient à dire que la chaleur peut être à l’origine d’une décompensation du diabète, qui peut conduire à la mort.
C’est pourquoi, il conseille aux patients surtout aux personnes âgées de boire régulièrement même s’ils n’ont pas l’impression d’avoir soif afin d’éviter la déshydratation. Il insiste sur le fait que ces personnes vulnérables soient encouragées à boire suffisamment. Se prononçant sur les signes de la déshydratation, le médecin du Centre de lutte contre le diabète explique que l’un des signes de la déshydratation, est, par exemple que, lorsque la personne fait ses ablutions pour la prière, elle sent une bonne sensation sous l’eau où ne souhaite même pas cesser de faire ses ablutions, parce que la fraicheur ressentie lui fait énormément plaisir. Mais aussi la sécheresse de la bouche, de la peau et des yeux qui s’enfoncent avec une grosse fatigabilité sont aussi des signes de la déshydratation. Dans les formes extrêmes de déshydratation, les patients sont mis en hospitalisation pour la corriger.
Il fait remarquer aussi que la déshydratation peut être accompagnée par d’autres facteurs, otamment un foyer infectieux qui peut être au niveau urinaire, bucco-dentaire voire pulmonaire, et peuvent décompenser le diabète. Il peut être question des complications mécaniques. « Donc, il faut corriger et prendre en charge ces foyers infectieux », prévient-il. De ce fait, il recommande aux malades surtout quand ils ont un signe d’hyper glycémie, ou une réapparition d’une abondance des urines, une fatigue, la bouche sèche et la langue sèche de consulter immédiatement un médecin pour prendre en charge ces problèmes.
Le diabétologue conseille, pendant cette période particulière de coronavirus, de ramadan et de grande chaleur, de ne jamais observer le jeûne sans avis médical. Il précise que chaque diabète est un cas, et chaque diabétique est unique et que toute personne diabétique qui souhaite en cette période difficile de chaleur et de Covid-19 observer le jeûne doit impérativement prendre conseil auprès d’un médecin spécialiste.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR