Dans certaines religions monothéismes, l’Islam et le Christianisme notamment, le jeûne est obligatoire. Les fidèles chrétiens et musulmans peuvent aussi le pratiquer de façon volontaire pour ainsi implorer le pardon du Seigneur ou lui demander d’autres faveurs. En dehors du cadre religieux, le fait de jeûner pour interpeller les autorités par rapport au développement d’une localité est un acte qu’on rencontre rarement sous nos cieux. C’est pourtant à cet exercice que se livre un professeur de philosophie depuis le 15 avril 2018 à 5h. Bakabigny Keïta, puisque c’est de lui qu’il s’agit, espère, à travers son action, voir enfin une mobilisation des pouvoirs publics autour du désenclavement de son Bafoulabé natal.
Si en Suisse le jeûne fédéral est une fête religieuse consacrée à l’amour de la patrie, l’action que mène Bakabigny Keïta depuis cinq (5) jours est d’autant plus inédite au Mali qu’elle ne devrait pas passer inaperçue. Ce jeune professeur de philosophie a en effet choisi d’observer le jeun, sa façon à lui de lancer un cri de cœur au gouvernement malien au sujet du désenclavement de Bafoulabé.
Le professeur d’enseignement supérieur explique son geste par le fait que ce cercle, le tout premier du Mali, reste malheureusement, plus de 100 ans après sa création en 1875, l’un des derniers sur le plan du développement.
Bafoulabé, situé dans la région de Kayes est resté totalement enclavé, sans routes dignes de ce nom et sans ponts pouvant le relier aux autres grandes villes de la région, déplore-t-il. Le souhait de M. Keïta, c’est donc de voir aujourd’hui son cercle doté des infrastructures routières dignes de ce nom. «Pour donner un nouveau souffle à Bafoulabé, il faut y construire un pont, goudronner le tronçon Kita-Kéniéba, via Toucoto, Oualia, Babaroto, Bafoulabé Mahina-Gounfa, Forokoto, et l’axe Tambaga-Manantali-Koundian-Khassama», interpelle le Professeur Keïta. Un projet que le gouvernement devrait, à défaut de tout entreprendre dans l’immédiat, initier et exécuter de façon, dit-il, planifiée. Il ne manque toutefois pas de reconnaitre les efforts que le gouvernement a déjà consentis en faveur de sa localité. Il faut, estime-t-il, faire mieux.
A la question de savoir en quoi son action est légitime, le professeur de philo dit accomplir un devoir de citoyen et exercer un droit constitutionnel, donc démocratique.
Il se dit par ailleurs opposé au régionalisme, au racisme et au fanatisme parce que, dit-il, « ce sont des bêtises ».
Sa conviction, c’est qu’en plaidant pour le désenclavement du cercle de Bafoulabé, il se bat par le même geste pour le développement du Mali de façon générale et partant, celui du monde tout court. La route, affirme-t-il, fait la vie.
Dans cette lutte pour le développement, Bakabigny Keïta réaffirme sa disponibilité à cheminer ensemble avec n’importe quelle personne, qu’elle soit physique ou morale ou qu’elle exerce des charges publiques ou privées, porteuse de bonnes initiatives dans le cadre du développement du cercle de Bafoulabé.
«Les efforts et les initiatives, loin de s’exclure, sont plutôt complémentaires. Il faut tout simplement placer son action dans le cadre de la citoyenneté et de la démocratie», soutient-il.
Faut-il rappeler que Bakabigny Keïta a déjà posé de nombreuses autres actions pour interpeller les autorités maliennes dans le cadre du désenclavement de sa localité d’origine. Il a déjà parcouru la moitié du cercle, notamment les communes de Tambaga, Kobri, Gnantansou dans le cercle de Kita et dans celles de Bamafélé, Diokéli, Mahina et Bafoulabé pour informer et sensibiliser les populations riveraines. A travers ses interventions sur les radios rurales Khaasso, Dambè, radio Bafoulabé, Guimbaya, Mali Sadio et la radio Solo sans oublier son intervention dans le JT d’Africable Télévision et ses publications sur les réseaux sociaux, il espère que le gouvernement prêtera un jour une oreille attentive à sa doléance.
Il convient de rappeler par ailleurs que Bakabigny Keïta, alors enseignant au lycée Dougoukolo Konaré de Kayes, avait rallié à pied une distance d’environ 500 km, soit de Bakouroufata à Bamako, successivement en 2004, 2005 et 2006, pour obtenir du régime ATT la création, la construction et l’équipement d’une école fondamentale et d’une maternité rurale.
Après 12 ans de discrétion, le professeur de philosophie, non moins président de la Convergence d’Energies et d’Initiatives Citoyennes pour Bafoulabé (Ceicb Mali Sadio), revient au devant de la scène, cette fois-ci pour un dossier qui concerne tout son cercle et, au-delà, le Mali voire le monde.
Situé au centre de la région de Kayes, le cercle de Bafoulabé est limité au Sud par le cercle de Kéniéba, au Nord par les cercles de Nioro, Diéma et Yélimané, à l’Est par le cercle de Kita et à l’Ouest par celui de Kayes.
La Rédaction
Source: Le Pays