Dans le village de Karma, situé dans la province du Yatenga, « une soixantaine de personnes auraient été tuées par des personnes arborant des tenues des forces armées [burkinabè] », a annoncé le 23 avril le procureur du tribunal de grande instance de Ouahigouya, Lamine Kaboré. Il écrit dans un communiqué en avoir été informé par la gendarmerie de la ville.
« Des blessés ont été évacués et sont actuellement pris en charge au sein de nos structures de santé », a-t-il ajouté, précisant que « les auteurs de ces faits auraient emporté divers biens ». Le procureur indique que, « saisi de ces faits dont la gravité est avérée », il a « donné les instructions nécessaires […] en vue de les élucider et d’interpeller toutes les personnes qui y sont impliquées ». Il a lancé « un appel à toutes les personnes qui disposeraient d’informations sur ces faits » à « en faire la dénonciation ».
Des rescapés ont affirmé que « plus d’une centaine de personnes à bord de motocyclettes et de pick-up ont fait une descente à Karma. Des dizaines d’hommes et de jeunes ont été exécutés par ces hommes vêtus de tenues militaires ». Ces survivants ont évoqué un bilan « avoisinant les 80 morts ».
LE PRÉCÉDENT D’UNE « EXPÉDITION PUNITIVE »
Le village de Karma se trouve à une quarantaine de km de celui d’Aorema, proche de la frontière malienne, et attire de nombreux orpailleurs illégaux. C’est proche de ce dernier village que six soldats et 34 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) ont été tués la semaine dernière au cours d’une attaque de jihadistes présumés.
Au début d’avril déjà, la justice militaire du Burkina Faso avait annoncé qu’elle allait mener une enquête pour faire « toute la lumière » sur la mort de plusieurs civils lors de « graves altercations » avec des soldats à Dori, dans le nord du pays. Selon le préfet de la ville, Abrahamane Mande, des militaires avaient tiré à l’arme automatique et frappé des citoyens, « occasionnant des pertes en vie humaines et des blessés au sein de la population ». Des habitants de Dori avaient précisé qu’il s’agissait d’une « expédition punitive » menée par des soldats après l’assassinat d’un militaire, ce qu’avait confirmé le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP).
Face à la multiplication des attaques jihadistes, le président de transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a signé le 19 avril un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus »
(avec AFP)
Source: jeuneafrique