Créée pour défendre l’intérêt des élèves et des étudiants auprès de l’État, l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) a perdu ses repères au fil des ans. En raison des nombreuses rentrées d’argent du mouvement qui contrôle presque tout sur la « Colline du Savoir », l’AEEM est instrumentalisée par les politiques. Dans ce lot, certains de ses anciens membres qui sont devenus des hommes politiques en sont pour quelque chose.
En effet, les élections des différents secrétaires généraux des comités AEEM (l’Association des Élèves et Étudiants du Mali) au niveau des Facultés de l’Université de Bamako se sont déroulés à chaque fois et ce, depuis vingt (20) ans dans des violences. Pour apporter des solutions idoines à cette désolation en milieu scolaire et universitaire, plusieurs rencontres ont été tenues à Bamako et dans les capitales régionales à l’initiative de l’État. La récente plus grande rencontre est le Forum National sur la Violence Scolaire et Universitaire tenue, en 2018, afin de diagnostiquer le problème en profondeur. Cependant, la donne ne change toujours pas car sur la « colline du Savoir », les dirigeants de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) s’adonnent à tout sauf aux études. La mode à l’AEEM c’est le salut militaire, l’appellation du Secrétaire général du Comité par « Général » comme dans l’armée, une sécurité rapprochée, et des chargés de récolte des fonds auprès des parkings motos entre autres.
La mode à l’Université de Bamako, c’est aussi le libertinage, la consommation de la drogue, la circulation et l’usage des armes à feu. Certains membres de l’AEEM gagnent tellement bien leur vie dans ces actions malsaines au point où ils restent sur la colline même après la fin de leur cursus. Le pire dans cette histoire est que l’AEEM semble être instrumentalisée par des anciens membres de l’Association qui sont devenus des politiciens. L’on se rappelle d’ailleurs les manifestations de l’AEEM à travers Bamako lors de la victoire de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné aux élections législatives. Tout acte qui a été mal accueilli par les populations et qui a relancé le débat sur la politisation de l’école.
À noter qu’il nous revient que plusieurs anciens membres de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) qui ont des ambitions politiques sollicitent leur ancienne organisation pour réussir une mobilisation lors des meetings de campagnes mais aussi pour que l’AEEM s’occupe de la sécurité de la rencontre. L’AEEM est finalement devenue une entreprise lucrative en lieu et place d’un organe de veille ou d’association d’utilité politique. Aujourd’hui, c’est la dissolution de l’Association qui est réclamée à cause de nombreuses pertes de vies que les violences entre étudiants ont entrainées.
« En guise de solution à la donne actuelle, je pense que les autorités doivent profiter de cette période de transition pour remettre l’Association sur les rails, en faisant en sorte qu’elle soit exclusivement ouverte aux meilleurs élèves et étudiants des établissements d’accueil des comités AEEM. Ailleurs, c’est bien aux apprenants qui ont fait leurs preuves en classe qu’on confie la lourde responsabilité de présider aux destinées des futurs cadres du pays.Quant à la gestion des parkings, elle doit revenir, non au Centre National des Œuvres universitaires (CENOU) comme le suggèrent d’aucuns, mais aux différentes structures d’accueil des élèves et étudiants concernés. Cet argent devrait aider à l’entretien et au bon fonctionnement des établissements abritant ces parkings. L’AEEM peut donc bel et bien redevenir un vecteur de promotion de l’excellence et de la compétitivité au sein de nos structures éducatives. À l’État de s’assumer pour y faire régner l’ordre et lui donner la bonne orientation ».
Dr Aboubacar Abdoul Wahidou MAIGA, Enseignant-chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences de Bamako (ULSHB).
Mahamane TOURÉ
NOUVEL HORIZON